Continuons ce dossier sur les 3 piliers pour sortir d’une dépression. La semaine dernière, nous avions vu que le premier pilier concernait la prise et surtout le suivi assidu d’un traitement antidépresseur. J’évoquais alors quelques mythes ayant la vie dure et empêchant parfois le soulagement de personnes en souffrance psychique. Penchons-nous cette semaine sur le second pilier pour sortir d’une dépression : la psychothérapie.

Le traitement par antidépresseur est une condition souvent nécessaire pour sortir d’une dépression. J’en parlais la dernière fois. Mais cette condition nécessaire est loin d’être suffisante.

Si ce même traitement vous permet de retrouver assurément des ressources perdues ou mises sous cloche par la dépression, il aura un effet très limité, voire inexistant, sur tous les mécanismes inconscients, schémas comportementaux, casseroles traumatiques et autres dysfonctionnements psychiques ayant fait le lit de la dépression (sans parler de certains facteurs externes). De fait, au bout d’un moment, la “pression” de tous ces éléments internes et externes risque fort de reprendre le dessus sur l’effet antidépresseur. Du coup, la dénommée Rechute ne tardera pas à pointer son nez à l’horizon et la « pression » devient « dépression ».

Sortir d’une dépression. Second pilier : la psychothérapie

L’objectif d’un suivi en psychothérapie est de vous permettre de comprendre les mécanismes psychologiques qui vous ont amené à sombrer dans la dépression. Certaines approches vous aident aussi à mettre en place des nouvelles habitudes comportementales ou proposent des changements cognitifs (de nouvelles façons de penser dans certains contextes).

Il existe pléthore d’approches psychothérapeutiques. Je ne vais pas les citer ici; une recherche rapide chez notre ami Google vous renseignera mieux que moi.

En revanche, je vais argumenter mon propos concernant l’importance de ce second pilier pour sortir d’une dépression et vous donner quelques tuyaux pour entamer la démarche de psychothérapie dans de bonnes conditions.

Pourquoi suivre une psychothérapie ?

En temps “normal” (hors dépression j’entends), je considère déjà qu’aller faire un peu de ménage dans le placard à fantômes peut vous éviter bien des tracas dans votre quotidien, voir même (allez soyons fous) vous donner ce sentiment d’être en paix avec qui vous êtes au fond. Se sentir à SA place quelle que soit LA place où l’on se trouve est l’un des nombreux bénéfices d’un travail sur soi. Pour ce type d’objectifs, d’autres approches plus orientées “développement personnel” remplissent parfaitement le job.

Du moment où il y a souffrance psychique, voire rupture avec le fonctionnement quotidien habituel, je considère qu’un travail psychothérapeutique est nécessaire. Et d’autant plus en période de rémission d’une dépression.

Même si la dépression est une pathologie avec ses symptômes caractéristiques, ses perturbations chimiques et ses facteurs génétiques (comme beaucoup d’autres pathologies), elle n’en reste pas moins liée à d’autres facteurs tels que certains environnements stressants, des casseroles traumatiques, des relations toxiques ainsi que toutes les réjouissances des injonctions parentales plus ou moins adaptées durant l’enfance. Bref, si vous vous posiez la question du “matériau” à mettre sur la table en séances de psychothérapie, je vous dirais qu’il y a de quoi faire.

Une dépression n’arrive jamais par hasard. Même si certaines personnes reconnaissent “avoir tout pour eux” (et malheureusement, ils se l’entendent dire plus d’une fois par un entourage par toujours très compatissant), il suffit de creuser un peu pour se rendre compte que ce n’est pas aussi simple que ça; le “tout” du “tout pour eux” se situe très souvent à l’extérieur de leur vie psychique et émotionnelle. Toute cette vie intérieure, faite de doutes, de questionnements existentiels, de peurs, de remise en question, de pensées dysfonctionnelles est souvent mise en sourdine, voire carrément ignorée. Et pourtant elle existe et s’exprime malgré tout; et ce qui pouvait être un chuchotement au début (à quand remonte ce début ?), devient une cacophonie assourdissante à la fin. Cette fin marquant le début de la décompensation dépressive.

Pour rester sur la métaphore musicale, disons que le traitement sert dans un premier temps à faire baisser le volume sonore qui vous assourdit de l’intérieur et la psychothérapie intervient ensuite pour remettre un peu d’harmonie dans les partitions qui se jouent au fond de vous.

Quelques tuyaux pour commencer une psychothérapie dans de bonnes conditions

  • Le choix du thérapeute

Il me paraît essentiel de choisir son thérapeute en fonction du critère le plus subjectif qui soit : le feeling que vous avez avec lui. En effet, c’est sur cette base relationnelle que va se construire votre alliance thérapeutique. Après, quelques critères objectifs ne sont pas à négliger pour autant : formations à la psychothérapie (c’est un peu la base), certifications, spécialisations, déclaration auprès d’associations professionnelles, expériences, travaux et publications sont autant d’éléments venant vous donner un peu de confiance vis-à-vis de cette personne auprès de laquelle vous allez ouvrir les portes de votre intimité psychique. Je reviens sur ça un peu plus bas.

  • Le choix de la méthode de psychothérapie

Après le choix du thérapeute, il vous faudra aussi voir si son approche et cadre de référence vous conviennent. Comme je le disais tout à l’heure, les écoles de pensées et courants méthodologiques sont légion. A vous de voir celui ou celle qui répond au plus près de votre besoin du moment. Certaines approches sont d’ordre analytique (psychanalyse, …), d’autres sont plus orientées cognitives et comportementales (TCC, …), d’autres encore dites humanistes ou existentielles (Gestalt, …) ou celles utilisant la systémique et les interactions (thérapie familiale, …).

Il n’y en a pas une meilleure ou moins bien que l’autre. L’idée est de tester plusieurs approches et voir celle qui fonctionne bien pour vous (à feeling égal avec le thérapeute, je le rappelle). Il est aussi possible de se renseigner en amont en lisant des articles sur les différentes approches et voir celles qui vous « parlent » le plus.

  • Le coût de la psychothérapie

Ce point fait partie des freins principaux à la démarche de psychothérapie; il s’entend et se comprend. Les psychologues et psychothérapeutes ne sont pas conventionnés auprès de la sécurité sociale; du coup, la démarche n’est pas remboursée. La dépression et le mal de vivre ne sont pas réservés à une population aisée, ayant les moyens d’investir une cinquantaine d’euros en moyenne chaque semaine pour explorer leur zone d’ombre et dénouer les noeuds psychiques. Pour autant, il existe d’autres options pour se lancer dans le processus.

  • Les mutuelles : certaines remboursent quelques séances de psy. Ce n’est pas non plus en quantité astronomique, mais c’est toujours ça. Pour démarrer l’exploration des quelques approches dont je parlais ainsi que rencontrer le thérapeute qui vous va bien, ça peut être une idée.
  • Les psychiatres : si certains se contentent de faire des ordonnances de médocs, d’autres proposent aussi des prises en charge psychothérapeutiques. Et comme ce sont des médecins conventionnés, leurs consultations sont remboursées. Éthiquement parlant, l’idéal de l’idéal serait même de séparer le bon grain de l’ivraie en consultant un psychiatre pour les médocs et un autre pour la psychothérapie (mais le cas est plutôt rare).
  • Les CMP : ou autrement appelés les Centres Médicaux Psychologiques. Ce sont des unités détachées de services hospitaliers dans lesquels il y a des psys en tout genre (…chiatres, …logues, …chothérapeutes). Les délais sont longs, mais les prises en charge sont remboursées.

Toujours concernant le coût, on pourrait aussi voir les choses sous un autre angle; celui de l’investissement.

A combien évaluez-vous une sortie de dépression ?

Certains psys avancent même l’argument de la motivation qui serait différente selon qu’une personne “paye” de sa poche ou pas. Je l’entends et y adhère… en partie (vous me connaissez un peu, je n’aime pas les dogmes et les vérités établies 😉 ).

  • Ce à quoi vous attendre avec une psychothérapie

Ce n’est pas évident d’aller voir un ou une inconnue et de lui déballer votre vie (et vos souffrances) dans les minutes qui suivent la première poignée de main. L’action en elle-même est source de stress voire d’anxiété. Du coup, j’aurais presque envie de m’inspirer d’une pensée de Pythagore en disant que “le commencement est la moitié de tout”. Autrement dit, si vous avez poussé la porte du psy, vous avez parcouru la moitié du chemin. Félicitez-vous déjà de ça !

Ensuite, l’idée est de voir l’aventure de la psychothérapie comme un chemin de vie. Avec ses hauts, ses bas, ses moments de doutes, ses moments d’émotions (en général, toutes y passent; pas de jalouses 🙂 ), sa petite routine. Bref, c’est un peu un concentré de vie où précisément tout ce que vous vivez et expérimentez en séance et en dehors sert de matériau à l’exploration de vous-même et des changements que vous pourrez alors opérer dans votre vie.

Et tout ceci m’amène naturellement à la transition vers le dernier pilier de ce dossier pour sortir d’une dépression : les changements… que je vous présenterai la prochaine fois.


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