Partager la publication "Prendre du temps pour soi… et en être satisfait"
Je connais un nombre conséquent de personnes (moi le premier parfois) qui associent la non-activité à tout un panel de qualificatifs tous plus péjoratifs les uns que les autres: perte de temps, paresse, oisiveté, non-productivité, fainéantise, laisser-aller et j’en passe. Cet état peut même devenir dans certaines circonstances, une souffrance tant le vide qu’il génère peut être perçu comme anxiogène. Et pourtant, prendre du temps pour soi peut s’avérer être un excellent moyen d’être plus présent et conscient de notre environnement.
La tête dans le guidon
Qui ne connaît pas cette expression classique que nombre de professionnels emploient parfois, soit avec difficulté ou douleur (le burn out n’est alors pas loin), soit avec fierté et un chouia d’orgueil (petite caresse à l’égo qui tenterait de combler un sentiment de vide)?
Cet état qui touche particulièrement les managers, les cadres dirigeants, les chefs d’entreprises, les professions libérales ou encore les artisans-commerçants est plus fréquent qu’il n’y parait et se manifeste généralement par une préoccupation quasi-permanente vis à vis de tout ce qui fait un lien avec leur activité professionnelle. Préoccupation consciente lorsqu’ils sont en éveil la journée et inconsciente lorsqu’ils sont dans les bras de Morphée la nuit. Autant dire que la cafetière aura tendance à entrer en surchauffe au bout d’un moment.
Pour le coup, il ne s’agit même pas d’essayer d’évoquer l’hypothèse d’envisager éventuellement une possibilité de peut-être prendre un peu de temps pour eux (notez les maxi précautions employées 🙂 ), la réaction ne se fait pas attendre et c’est un peu comme si je leur proposais de sauter en parachute … sans parachute; Impossible et inconcevable. En même temps, je ne me vois pas proposer ce genre d’ânerie!
Soit! Cela signifierait-il qu’il n’y ait rien à faire? Pas forcément.
L’idée serait plutôt de voir à quoi peut bien servir d’avoir la tête dans le guidon. En quoi cet état est-il moteur pour l’individu, pour son entreprise, pour son business? Appelons cela une intention positive. De là, nous obtenons quelques grands thèmes de réponses:
- Être plus efficace
- Pouvoir gérer plus rapidement un problème
- Se sentir maître(sse) de son environnement professionnel
- Être informé en permanence de ce qu’il s’y passe
- Et en creusant un peu sous la carapace, se sentir essentiel, indispensable, incontournable, irremplaçable dans sa sphère professionnelle
Ce comportement me rappelle un peu la difficulté qu’ont certains adeptes sur le web de jeux de rôles massivement multijoueurs (MMORPG pour les intimes) pour décrocher de leur partie. En effet, la caractéristique principale de ce type de jeu est qu’il fait partie de ce que l’on appelle “les mondes persistants”. C’est à dire que l’environnement, les autres personnages et tous les éléments de ce monde virtuel continuent à se développer et à vivre même en l’absence du joueur. Certains éprouvent donc un sentiment de culpabilité à se “déconnecter”. Pour mémo, je rappelle que certains de ces “hardcore gamers” en sont morts pour avoir “oublié” de se nourrir de boire et de dormir dans la vraie vie. Certes, ce sont des cas extrêmes, mais le parallèle avec le burn-out professionnel est possible.
Prendre du temps pour soi
Quoi, qu’est ce que c’est que ce truc?
J’avais déjà exploré cette notion dans l’un de mes tout premier billet sous le nom d’écologie de soi. Je propose ici de nouvelles pistes de réflexions sur ce sujet essentiel au bien-être et aux relations humaines.
Si nous reprenons les intentions positives citées plus haut, il peut y avoir quelques alternatives intéressantes à explorer grâce à cette option de prendre du temps pour soi.
- Prendre du temps pour soi permet de retrouver un état ou nous sommes pleinement conscient de nous-mêmes dans l’instant, de se concentrer sur l’essentiel et supprimer le superflu (super flux 😉 ). Comme nous l’avons vu dans le précédent billet, cet état de centrage est le point de départ d’un meilleur accomplissement de ce que nous souhaitons faire. Il est alors possible d’être plus efficace lorsque nous retrouvons l’environnement professionnel.
- Prendre du temps pour soi c’est, de fait, prendre aussi du recul sur les situations perçues ou vécues comme problématiques. Les actions mises en place pour gérer ledit problème seront d’autant plus adaptées qu’elles seront débarrassées de tous les parasites liés à la tête dans le guidon (réactivité négative, impulsivité, subjectivité, tentatives de solutions, etc). Donc, le temps pris pour soi n’est pas du temps perdu pour gérer un problème; il en est au contraire une ressource des plus puissante.
- Prendre du temps pour soi c’est aussi se connecter à soi et à l’environnement qui nous entoure. Cela génère une meilleure disposition à capter les opportunités, les signes subtils de changements ou encore tout ce qui n’est pas visible au premier coup d’oeil. C’est une des ressources que possède de nombreux entrepreneurs à succès.
- Prendre du temps pour soi c’est un peu comme la métaphore de l’aquarium. De temps en temps, il est nécessaire de changer l’eau de l’aquarium afin de le débarrasser de tous les déchets produits par les poissons eux-mêmes. Si cette action d’hygiène n’est pas réalisé, les poissons risquent rapidement de nager sur le dos, ils s’intoxiquent au sein même de leur environnement. Il existe des filtres me direz-vous, mais leur effet est limité dans le temps et de toutes façons, il faudra aussi changer les filtres quand ils seront saturés. Bref, changer l’eau de l’aquarium pour en mettre une plus saine et plus propre revient à prendre soin de la vie qui est à l’intérieur.
- Prendre du temps pour soi peut aussi avoir un effet secondaire hallucinant. Si, si, je vous jure, un peu comme le deuxième effet kiss cool ! Il peut arriver qu’en l’absence de veille permanente et de présence de l’oeil de Moscou, les choses se passent… bien! C’est un peu comme si les personnes impliquées dans l’environnement professionnel étaient capables de se débrouiller seules. C’est très étrange, mais c’est à tester.
- Enfin, prendre du temps pour soi, c’est aussi et surtout se montrer indispensable à soi-même afin d’être un peu plus disponible pour les autres.
Et si ne rien faire était justement un bon moyen de se retrouver avec soi-même? A moins que …
Sur ces belles paroles, je vous laisse, je retourne bosser… 🙂
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La question que vous posez sans les poser est :: Pourquoi faut-il attendre d’être à l’article de la mort pour se justifier à soi-même un besoin de prendre du temps pour soi ? Et vous répondez très bien à cette question.
J’aime beaucoup ce texte Christophe car, je le confesse, comme la majorité des personnes qui aiment leur travail, j’ai des tendances au workoolisme du style Tête dans le guidon. Cette attitude au travail est d’ailleurs « attendue » par les organisations qui nous emploient. Il faut bien souscrire aux règles de la rentabilité-productivité, n’est-ce pas ?
Mais, il se présente des moments (Non ! pas des moments !), … il y a des époques dans la vie où « prendre du temps pour soi » devient une question de vie ou de mort. Lorsque le burnout guette, par exemple. Ou, plus dramatiquement, lorsque le manque de SENS (et non de temps) nous y oblige. Ce qui fut mon cas à plusieurs reprises au cours de ma vie.
Je viens de traverser une de ces époques. Paradoxalement, mon inactivité apparente a produit beaucoup. Non seulement j’ai changé l’eau de l’aquarium mais j’y ai fait le grand ménage, notamment en me débarrassant de certains poissons (poisons).
Mais pourquoi faut-il attendre d’en arriver à l’épuisement existentiel pour se croire autorisé à prendre du temps pour soi ? … ce qui revient à prendre du recul sur la manière dont on conduit (ne conduit pas) sa vie.
Je me permets de suggérer à vos lecteurs une méditation sur la question suivante :: Quelle différence y a-t-il entre « être occupé utilement » et « s’agiter inutilement » ?
Suzanne,
Vos réflexions sont toujours intéressantes et apportent une qualité que je ne peux qu’ approuver.
Merci pour ça et pour votre commentaire.
Votre dernière question est très recadrante. Elle sera répétée et amplifiée 🙂
Bonjour Christophe,
En 2010, j’ai pris une année sabbatique car mon « agitation » n’avait pas le sens profond que j’en attendais.
Grand nettoyage matériel, émotionnel. Je trouve mes nouveaux repères avec joie. L’essentiel se produit.
C’est un retour aux sources de soi-même.
En tant que coach, c’est indispensable et cela vaut bien toutes les supervisions du monde.
car là c’est la vie elle-même qui supervise.
Merci et à bientôt
Elisandre
Merci Chris pour cet article. Je n’ai pas grand chose à rajouter sauf que ça me rappelle un peu le concept de « mini »-retraite développé dans la semaine de 4 heures de Tim Ferris. Et le commentaire d’Elisandre va dans ce sens là 🙂
Bref, faire une BREAK dans ce monde ou tout va un peu trop vite est sans aucun doute une nécessité pour mieux se focaliser sur l’important.
Amicalement,
Mathieu
Merci Mathieu pour ce commentaire. Et pour rebondir sur le sujet de la vitesse, je ne saurais trop te conseiller le dossier du magazine Sciences Humaines sur cette épineuse question. Passionnant!
Très important en effet ! On néglige trop facilement l’apport du temps que l’on conserve pour soi et pour se faire plaisir. Ma méthode, faire en permanence ce qui me fait plaisir. Il faut des années pour trouver un job qui vous passionne et réussir à équilibrer avec le reste de votre vie, mais une fois que c’est fait, quel bonheur !
Je valide 🙂
Je suis actuellement en train de lire un numéro spécial de « cerveau et psycho » consacré au bonheur.
Ils traitent entre autre du sujet du plaisir.
A voir