Continuons cette semaine notre exploration des besoins humains. Nous avons vu la semaine dernière les 14 besoins de Virginia Henderson qui associent les besoins physiologiques, psychologiques et sociaux de l’ être humain. Découvrons cette semaine un grand classique, si ce n’est LA référence dans l’exploration des besoins de l’Homme, la pyramide de Maslow. Je continuerai aussi par l’inventaire des besoins relationnels d’après l’auteur et formateur Jacques Salomé.
La pyramide des besoins de Maslow
Enfin… des besoins de tout le monde, pas uniquement ceux de Maslow 🙂
Abraham Maslow (1908-1970) était psychologue et fut à l’origine de la psychologie humaniste en même temps qu’ un autre grand nom de ce courant thérapeutique, Carl Rogers. Ses principaux travaux ont ciblé la motivation, la satisfaction et bien entendu les besoins de l’être humain. Concernant ces derniers, il a établi une échelle situant de façon hiérarchique cinq niveaux où le passage d’un niveau inférieur à un niveau supérieur dépend de la satisfaction des besoins le concernant.
Une image valant mille mots, voici ladite pyramide:
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Les besoins physiologiques
Nous voyons donc que la base de la pyramide concerne tous les besoins d’ordre vital et correspondent en majeure partie avec les huit premiers besoins de Virginia Henderson. Pour mémo, il s’agit des besoins de respirer, de s’alimenter, d’éliminer, de dormir, de se couvrir, etc.. Il parait donc logique que tant que ces besoins là ne sont pas satisfaits, le niveau suivant est difficilement accessible. Nous verrons plus tard quelques objections à cette conclusion.
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Les besoins de sécurité
Il s’agit ici de prendre en compte la préservation de l’intégrité physique, psychologique, sociale et relationnelle d’un individu. Par exemple nous retrouvons la satisfaction de ce besoin dans la possibilité de se loger, d’avoir un travail, d’obtenir une rémunération “décente”, de se sentir stable au niveau professionnel ou familial.
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Les besoins sociaux
Il est aussi de coutume de définir ce niveau comme les besoins affectifs et d’appartenance. Faire partie d’un groupe d’amis, se sentir aimé et apprécié et pouvoir donner de l’affection à son entourage, faire partie d’un réseau professionnel ou sportif. Voici quelques exemples qui déterminent la satisfaction de ce besoin. La solitude, le repli sur soi sont des facteurs marquant la difficulté à combler ce besoin.
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Les besoins d’estime
Entendons estime de soi. Ce besoin est satisfait lorsque nous nous sentons utile à quelque chose, que nous prenons conscience de notre propre valeur voire que nous obtenons de la reconnaissance d’autrui (trop peu utilisé en entreprise). Le sentiment d’être autonome et indépendant fait aussi partie de ce besoin tout comme celui de posséder un certain statut et jouir d’une “bonne” réputation auprès de nos semblables.
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Les besoins de réalisation de soi
Nous arrivons au sommet de la pyramide avec ce besoin que nous pouvons rapprocher le plus du développement personnel et du coaching. La recherche de l’épanouissement personnel pourrait en être un synonyme. Nous retrouvons ici des intentions telles que le développement ou l’actualisation des connaissances et compétences, la recherche d’un équilibre intérieur, la création de choses nouvelles, l’exploitation des dons et potentiels que nous a légués Dame Nature, l’accomplissement de notre vie en fonction de nos valeurs, bref tout ce qui pourrait nous faire lever le matin à l’aube avec la banane 🙂
La critique de ce modèle
Depuis sa création, la pyramide de Maslow a été remise en question plus d’une fois notamment par le fait de son manque de validité scientifique. Je ne m’étends pas sur cet argument qui commence à me fatiguer sérieusement depuis que j’exerce dans les domaines du coaching et du développement personnel. Je suis moi-même de nature plutôt cartésienne et j’aime bien avoir les pieds sur terre; mais l’argumentation du “tout-scientifique” me semble paradoxalement d’une stérilité intellectuelle majeure et d’une rigidité qui ferait passer un dirigeant nord coréen pour un prix Nobel de la paix . Bon, ça c’est pour mon coup de gueule 😉
Pour en revenir aux limites de la pyramide de Maslow, elles se trouvent plutôt au niveau de sa construction hiérarchique et dynamique. En effet, d’après ce modèle, le passage d’un niveau inférieur à un niveau supérieur ne peut se réaliser qu’à condition que les besoins du premier soient satisfaits. Or, par exemple il est tout à fait possible qu’une personne trouve un sens à sa vie avec la présence d’un handicap physique ou mental ou malgré une situation socio-économique difficile.
Deux exemples en vidéo:
Celui d’un américain vétéran de la guerre du Golfe qui ne pouvait plus marcher.
Et celui de Nick Vujicic qui est né sans bras ni jambe. (Pas de blague avec du chocolat SVP… 😉 )
Enfin, il n’est pas rare de voir des personnes en situation de précarité apporter leur aide à d’autres dont la situation est aussi difficile voire plus. Ce sentiment d’être utile à quelque chose, d’être reconnues pour leurs actions de bienfaisance satisfait leurs besoins d’estime, malgré des besoins de sécurité non comblés ou partiellement.
Il serait donc plus judicieux d’envisager ces besoins comme inter-connectés les uns aux autres avec une dynamique de préférence circulaire, plutôt que sur un modèle hiérarchique et prioritaire.
Les besoins de Maslow ont le mérite d’exister et d’expliquer de façon claire les besoins humains. Ceci étant, le modèle ne tient pas compte d’autres facteurs qui, à mes yeux, sont déterminants pour la satisfaction des besoins humains dont le premier est l’environnement dans lequel évolue un individu.
Les besoins relationnels
Jacques Salomé, auteur et formateur en relations humaines, notamment à l’origine de la méthode E.S.P.E.R.E, a répertorié cinq besoins relationnels.
Plutôt que de répéter par écrit ce qu’il explique très bien de vive voix, je vous propose de visionner sa brève intervention.
Voilà pour cette semaine chers lecteurs. La semaine prochaine je vous proposerai les besoins humains selon Will Schutz à l’origine du modèle de “l’élément humain” ainsi que ceux identifiés par Eric Berne le fondateur de l’analyse transactionnelle.
A la semaine prochaine
Hello,
merci pour ces vidéos passionnantes !! Wow. On est vraiment capable de beaucoup. Si seulement on pouvait plus croire en soi.
Concernant la pyramide de Maaslow. Je la trouve très utile en tant qu’outil analytique.
Grossièrement, c’est une théorie qui fonctionne. Evidemment que nous n’avons pas besoin de satisfaire entièrement un niveau de besoin pour passer à un autre.
L’exemple le plus simple serait celui d’une mère pauvre qui donnerait sa vie pour son enfant. 🙂
Merci pour cet article
🙂
Ling-en
Merci pour ton commentaire Ling-en 🙂
Bonjour Christophe,
J’ai lu ce guide avec intérêt et il me vient quelques remarques.
Concernant la pyramide de Maslow selon le point de vue que l’on adopte elle n’est pas forcément bancale dans sa construction. Je m’explique : pour reprendre votre exemple « il est tout à fait possible qu’une personne
trouve un sens à sa vie avec la présence d’un handicap physique ou mental ou malgré une situation socio-économique difficile », ce qui revient à dire que cette personne aurait semble-t-il satisfait son niveau « besoin de réalisation de soi » avant d’avoir satisfait son niveau « besoin de sécurité » si nous parlons de la situations socio-économique. Or il me semble que cette perception est uniquement celle de l’observateur extérieur qui voit cette personne mais qui ne vit pas la vie de cette personne. Il se peut tout simplement que la situation socio-économique que nous jugerions perfectible soit satisfaisante pour la personne concernée et que de ce fait son besoin de sécurité soit satisfait. Elle est ainsi en mesure de passer au niveau supérieur, elle n’est pas bloquée psychologiquement sur le niveau inférieur puisque selon sa propre échelle de notation les besoins sont satisfait suffisamment.
Nick Vujicic a son besoin de sécurité comblé, même si son intégrité physique nous semble à nous incomplète elle est ce qu’elle est et s’il a pu passer à un niveau supérieur c’est peut-être simplement qu’il a accepté son corps tel qu’il était en considérant que c’était son intégrité physique à lui.
Je trouve que la soif de structure identifiée par Eric Berne est très facilement identifiée chez les enfants jeunes, ils apprécient beaucoup les rituels, notamment pour le coucher, ça les rassure parce que c’est un cadre, une structure qui leur sert de repère. D’ailleurs en parlant d’enfants connaissez-vous le site « Apprendre à éduquer » ? Je l’apprécie beaucoup.
Merci pour ce partage sur les besoins humains,
Cordialement,
Isabelle.
Merci Isabelle pour ce commentaire très pertinent auquel j’adhère entièrement. Votre point de vue a enrichi le mien et donne une autre perspective au présent billet.
A bientôt
Bonjour et merci pour ces informations,
je me permet juste un rectificatif…la démarche de Jacques salomé à évoluée dans le temps et aujourd’hui les besoins relationnels se comptent au nombre de 7…les 2 manquants sont le besoin d’intimité et le besoin de créer …
belle journée à tous
Bonjour Noukou
Merci pour ce partage qui rend dynamique ce dossier construit il y a déjà quelques années.
A bientôt.