Changer de vie.
Il y a quelques semaines, je lançais un carnaval inter-blogueurs autour du thème “comment devenir riche, bla, bla, ba”. Magie des rencontres de la blogosphère, voici que l’un des participants à cet événement m’informe qu’une autre rencontre inter-blogueurs a vu le jour dans le même temps. Cette initiative fut lancée par Virginie Loy du blog une-chose-par-jour.com. Le sujet qu’elle propose de traiter concerne “le déclic qui a changé ma vie”. Voici donc ma contribution à cet événement… et à fortiori un peu de mon intimité dévoilée (en tout bien tout honneur bien sûr 🙂 )
Quand on parle de déclic pour changer de vie, on imagine une sorte de bouton ON/OFF qui, sous l’effet d’une prise de conscience majeure, nous fait prendre LA décision qui change tout. Pour ma part, ce ne fut pas un déclic d’une fraction de seconde, mais un déclic d’un mois qui a véritablement changé ma vie.
D’ailleurs, et pour être honnête, depuis que j’accompagne des clients en tant que coach ou des patients en tant que soignant psy, j’ai rarement vu des personnes changer radicalement de vie du jour au lendemain après un déclic. Il peut y avoir en revanche des belles prises de conscience (des “insights” comme disent les coachs) conduisant la personne sur la voie du changement (de vie, de comportement, de profession, de relation, etc.); un peu comme des aiguillages changeant la direction d’un train.
Vu de ma fenêtre, changer de vie est comme vouloir faire un feu de bois. Si vous préparez bien tous les éléments, il suffit d’une étincelle pour que le feu prenne; si vous ne les préparez pas assez ou pas de la bonne façon, vous pourrez jeter toutes les allumettes que vous voulez, vous n’obtiendrez rien.
Pour changer de vie c’est pareil. Si vous n’êtes pas préparé au changement, tous les déclics du monde n’y pourront rien. J’irais même plus loin. Par expérience (personnelle et professionnelle), la majorité des gens vivent longtemps au dessus de leur seuil de souffrance (ou à minima de tolérance) avant d’ouvrir leur porte au changement. Tout ceci est lié à pléthore d’éléments hors du sujet du jour (peur de l’inconnu, bénéfice secondaire, manque de confiance, manque de ressources, etc.). Il y a une disposition mystérieuse chez beaucoup d’entre-nous à supporter l’insupportable et accepter l’inacceptable. Et cette disposition va tellement loin chez certains, qu’ils finissent par en mourir.
Bon, j’arrête de plomber l’ambiance. Revenons à ce fameux déclic qui a changé ma vie.
C’était en 2015 lorsque je partais sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Une aventure que je vous partage ici.
Avant de partir pour changer de vie
Quand il s’agit de changement profond dans la vie d’une personne, il y a très souvent un contexte qui conduit cette personne à emprunter cette voie de l’inconnue.
Pour ma part, le contexte était le suivant :
- Une création d’entreprise avec associés qui partait en sucette après quelques mois d’activités.
- Une vie perso stable et rangée depuis de nombreuses années, mais qui avait la même dynamique qu’un encéphalogramme plat.
- Une sensation de tourner en rond, de pédaler dans la semoule (ou la choucroute selon vos préférences culinaires)
- Une conscience de plus en plus claire que le chemin sur lequel j’avançais depuis plusieurs années n’était pas complètement mon chemin. J’avais bien aménagé quelques trucs pour compenser, mais globalement, je n’étais pas là où mes besoins me disaient d’être.
Dans ce contexte et après une énième réunion tendue avec mes ex-associés (et une bonne nuit blanche qui suivit), je décidai de quitter cet environnement toxique qui me rongeait.
Donc, pour résumer cette période, j’avais du temps disponible devant moi (plus de boulot), un peu d’argent (les parts de la société que j’avais revendues), et une question qui tournait en arrière plan dans ma tête qui disait
Pendant combien de temps encore comptes-tu poursuivre ce chemin qui n’est pas le tien ?
J’éprouvais alors un farouche désir de donner du sens à tout ça. De “faire un truc” qui pourrait être significatif dans ma vie. A ce moment-là, changer de vie n’était pas forcément à l’ordre du jour.
Ayant expérimenté une petite portion du chemin de Compostelle l’année d’avant, l’Appel du chemin m’est venu comme une évidence. Je m’engageais alors dans la préparation de mon voyage.
Le premier pas
Du moment où ma décision a été prise, j’ai vécu mille et un sentiments contradictoires. De l’enthousiasme, je passais à la crainte; de la confiance, je passais au doute; de ma détermination, je passais à la remise en question. Bref, c’était le yoyo émotionnel et décisionnel et j’étais bien loin de l’ambition de changer de vie.
C’est là que j’ai pu remarquer les bénéfices du travail de développement personnel commencé quelques années plus tôt alors que je commençais l’activité de coaching. En effet, j’ai appris à accueillir et observer tout ce brouhaha interne sans m’y attacher de trop. Je continuais donc l’avancée dans mes préparatifs malgré les éléments (internes pour la plupart) venant se mettre en travers de mon chemin.
Au-delà de ces ressources que je mobilisais pendant ce temps de préparation, il y avait un autre élément qui maintenait ma motivation au plus haut; le sens que je donnais à mon objectif.
Donner du sens à un objectif, revient à répondre à la question “Pour Quoi” je veux réaliser cet objectif ? Les réponses ne sont pas toujours très claires et structurées, mais toutes conduisent à la finalité du projet, au “pourquoi-du-comment-du-but-ultime”. Le fait d’être connecté au sens de votre objectif vous permettra d’alimenter cette flamme au fond de vous, allumée lors de cette prise de conscience qu’il devient vital de changer quelque chose dans votre vie.
C’est donc chargé de sens (et d’un sac à dos avec juste l’essentiel) que je faisais mon premier pas sur le chemin de Compostelle.
La quête
Représentation en 3 actes pour changer de vie.
Acte 1 : je sors de ma zone de confort (et pas qu’un peu…)
Les dix premiers jours furent pour moi synonyme d’adaptation. Même si je m’étais préparé à marcher sur des distances d’environ 25 kilomètres, le fait de répéter cela tous les jours ne fut pas sans quelques inconvénients. Du coup, cette première phase mêlait l’attrait de la découverte, l’admiration des paysages, la joie du départ mais aussi les douleurs diverses et variées qui s’invitaient peu à peu dans la partie. Le manque de confort se faisait aussi ressentir et pesait lourd sur les épaules (à tous les sens du terme).
Bref j’avais cette sensation d’être entraîné vers l’avant avec enthousiasme en même temps qu’avoir un élastique nommé Ego qui me retenait et dont l’attache était fixée dans ma vie d’avant le départ.
Acte 2 : je vis mon aventure intérieure (et j’ai un max de temps pour ça…)
Le cœur de l’aventure se déroulait dans une région où la monotonie était le fil rouge de ce que je vivais. Du coup, sur des portions de chemin de plusieurs kilomètres, en ligne droite sans rien aux alentours, la seule chose qui me restait fut mes douleurs, mes pensées, mes émotions, bref toute ma vie intérieure.
C’est là que j’ai pu expérimenter une profonde introspection sur les sujets avec lesquels j’étais parti (je vous renvoie au contexte cité plus haut). Il n’y avait pas vraiment de réponse précise qui émergeait alors, mais une vague sensation de laisser derrière moi, à chaque pas, quelques lourdeurs, quelques cailloux symboliques qui me gênaient dans la chaussure.
Ce fut aussi la partie où je rencontrais quelques dragons intérieurs dont l’objectif sournois était de me faire renoncer. Dix fois par jour ces dragons me poussaient à arrêter l’aventure et dix fois par jour je cherchais au fond de moi de quoi les affronter. Peu à peu, kilomètre après kilomètre, ces dragons intérieurs se sont laissés dompter et m’accompagnèrent jusqu’à la troisième phase de ce périple.
Acte 3 : je prends du recul sur pas mal de choses (et notamment sur ma petite personne…)
Dans la dernière partie de cette aventure, je m’aperçus que ce que je lâchais le plus volontiers était mon Ego. Autrement dit, tout ce qui venait titiller chez moi le sentiment d’inconfort, de manque, de fatigue, d’impatience, d’attachement futile, s’évaporait pour laisser la place à d’autres sentiments plus en lien avec d’autres besoins, plus profonds et d’après moi plus essentiels. Parmi eux, je (re)découvrais la satisfaction du besoin d’autonomie (pour lire l’article sur “Liberté, Indépendance ou Autonomie”, cliquez ici). Cette autonomie était peut-être ce que j’étais venu chercher (sans trop en être conscient) sur ce Chemin; qui sait ?
Autre élément significatif de cette fin d’aventure : avoir cette prise de conscience profonde et puissante que
le bonheur n’est pas une destination mais une façon de voyager
Le retour dans le village et comment j’ai pu changer de vie
Pour conclure rapidement ce billet (trop long), voici en quelques points ce que cette période a changé dans ma vie :
- Un équilibre professionnel atteint (avec du sens pour moi) en accompagnant mes clients ou patients sur cette passerelle entre la psy et le coaching
- Un chemin de vie personnelle différent, rempli de bonheurs, de richesses et de partages.
- Une ouverture à un champ que je n’avais pas encore exploré : la spiritualité
- Des rencontres toutes plus magiques les unes que les autres, faites sur ce nouveau chemin de vie
- Enfin un sentiment d’être “à ma place” où que j’aille, quoi que je fasse et avec qui que je sois (tiens, ça me rappelle une chanson…)
Bon allez, je redescends sur terre. Je remercie encore une fois Virginie d’avoir permis cette rencontre inter-blogueurs et ainsi m’avoir donné l’opportunité de vous dévoiler un peu de mon parcours perso de ces dernières années .
Parcours qui, si je me retourne, me montre que changer de vie est possible.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Quel article merveilleux! Merci Christophe pour ta contribution au carnaval d’article du blog une-chose-par-jour.
Le passage : « Vu de ma fenêtre, changer de vie est comme vouloir faire un feu de bois. Si vous préparez bien tous les éléments, il suffit d’une étincelle pour que le feu prenne; si vous ne les préparez pas assez ou pas de la bonne façon, vous pourrez jeter toutes les allumettes que vous voulez, vous n’obtiendrez rien. » est très éloquent.
Nombreuses sont les victimes de relations abusives qui quittent leur conjoint… puis reviennent, à la profonde stupéfaction de leur entourage. Et en général, la principale raison n’est pas un manque de raisons de partir, ni un manque de motivation, MAIS BIEN UN MANQUE DE PRÉPARATION.
Bravo pour cette aventure de Compostelle! La lecture de ton billet m’a rappelé le livre de Jean-Christophe Rufin: « Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi ». Il y aborde ce détachement dont tu parles, une fois que l’on a assez ruminé les problèmes que l’on a quitté. Un retour à l’essentiel, qui pour toi a donné source à ce blog: c’est tout simplement magnifique!
Merci Virginie.
Je suis ravi de participer à ton événement.
Je connais en effet le livre de Rufin sans toutefois m’être donné le temps de le lire. C’est intéressant qu’il aborde aussi cette notion de détachement. Je crois de toutes façons que pour changer de vie et donc avancer vers le futur, il est nécessaire de se détacher de certaines choses qui nous retiennent au passé.
A bientôt, ici ou ailleurs…
Merci pour cet article qui me parle énormément.
J’ai moi-même mis quelques semaines… euh… je pourrais plutôt dire « mois » pour changer de vie. Une suite d’évènements douloureux ont fait que je me suis « réveillée », mais la préparation a été le fondement du cheminement que j’ai entamé. Je sais qu’il ne fait que commencer et je constate avec bonheur que ce chemin croise le vôtre, à travers vos articles inspirant.
Merci pour cette belle énergie que vous partagez !
Merci Milli pour votre commentaire.
Ravi aussi de croiser la votre. Les changements de vie ont cela de magique qu’ils nous conduisent tous les jours vers des découvertes
Bonjour Christophe,
Je me souviens d’avoir visionné les vidéos que tu avais réalisées pendant ce périple. Tu nous faisais partager tes rencontres du chemin. Les participants que tu avais croisés évoquaient tous cette sensation de vivre hors du temps, de découvrir ce que c’est que l’essentiel. Faire Compostelle change un homme (ou une femme). J’avais apprécié le parallèle que tu faisais entre le chemin et la vie. Lorsque nous avons l’impression que rien ne bouge dans notre vie, que ce sera toujours ainsi, une sorte de fatalisme nous saisit, c’est un peu comme une longue, très longue ligne droite s’étire devant nous. Autant, sur le chemin, même si nous trouvons cela monotone, nous savons qu’il arrivera quelque part où nous pourrons nous poser pour manger, dormir. Nous oublions souvent que la vie est sur le même modèle que le chemin, elle nous conduit quelque part, à nous d’être attentif pour trouver où nous devons aller pour devenir ce que nous sommes vraiment !
Pfiou que c’est beau ce que j’ai écrit 🙂
Faire le chemin de Compostelle c’est bien un truc qui me tenterait ça… Un jour viendra…
Merci pour cet article !
Isabelle.
Merci de ton retour Isabelle.
Tu as parfaitement décrit la métaphore du Chemin.
A bientôt