Quel est, selon vous, le meilleur moyen de vivre une vie remplie de déceptions et/ou de frustrations ? Bon, en lisant le titre de ce billet, je pense que la réponse sera vite trouvée. Voici l’un des principaux pièges dans les rapports humains : les attentes impossibles. Qu’il s’agisse d’attendre que l’autre change, qu’il devine ce que vous pensez, qu’il s’intéresse à vous ou qu’il comprenne ce que vous voulez dire, il y a tout un tas de situations où les doux rêves de chacun sont pris pour une réalité… qui n’en est pas une. La seule issue possible se situera alors quelque part entre la frustration légère et la grosse déception. Je vous propose aujourd’hui de faire un zoom sur sept des attentes impossibles les plus courantes.
Attente impossible #1 : Attendre que l’autre change
Autant commencer par la plus répandue des attentes impossibles, celle qui consiste à s’attendre à ce que l’Autre change… parce que vous y croyez très fort… parce que “s’il ou elle vous aime, alors il ou elle changera”… parce que vous êtes patient et voulez l’aider, bref parce que vous le valez bien (comme on dit chez L’Oréal). Combien de relations sont parasitées par cet espoir déçu ? D’autant plus quand viennent s’ajouter les sentiments amoureux, les engagements réciproques et/ou, plus préoccupant, la dépendance affective.
L’être humain n’est pas fait en pâte à modeler. La complexité qui le caractérise le rend plus résistant au changement que ce que nous voudrions bien croire. De toute façon, le changement chez une personne est comme une porte qui s’ouvre de l’intérieur (ce n’est pas de moi, mais de Jacques Salomé). Si cette personne n’ouvre pas cette porte, ne serait-ce que pour entrevoir ce qui existe derrière, vous n’aurez aucune chance de la faire changer. Vous pourrez y aller de toutes vos forces, dépenser une énergie considérable à la convaincre de vous ouvrir ou attendre des années sur le palier, si elle n’ouvre pas sa porte du changement, elle restera telle quelle.
Bien sûr, des ajustements sont toujours possibles. Dans ce cas, il serait alors plus juste de parler d’adaptation que de changement. Le hic avec l’adaptation, c’est que parfois ça fonctionne, parfois ça ne fonctionne pas. Ou alors, ça marche un temps et puis au bout d’un moment, tout revient au point de départ (homéostasie, quand tu nous tiens !!). C’est assez aléatoire, au fond.
Conclusion (qui sonne un peu comme une croyance) : Un individu change quand il a décidé de changer.
Attente impossible #2 : Attendre que l’autre devine ce que vous pensez
Voici une autre attente impossible digne des plus grands films de science-fiction que nous pourrions rebaptiser ici, “la lecture de pensée inversée”.
Au départ, la lecture de pensée “classique” est un mécanisme de distorsion cognitive qui, de manière complètement automatique, nous pousse à interpréter ce que nous croyons que l’autre pense ou ressent en fonction de quelques éléments comportementaux observables. Par exemple, vous croisez votre voisin dans l’ascenseur, vous lui dites bonjour et lui ne vous répond pas. Conclusion : c’est un gros con !! “Pour qui il se prend ? Il me snobe, il pense que je vaux moins que lui, c’est bien la dernière fois que je lui dis bonjour à ce *!?$%*, etc.”
Vous êtes en plein dans la lecture de pensée. En effet, peut-être que ce même voisin ne vous a tout simplement pas entendu ou qu’il est très préoccupé par son travail, par l’accrochage qu’il vient de subir avec son scooter, par sa mère malade ou par la soirée qu’il doit organiser prochainement pour quarante personnes ?
Après, ça peut aussi être un gros con, mais c’est pas forcément lié 😀
Concernant l’attente impossible qui nous intéresse ici, c’est un peu l’inverse.
Attendre que l’autre devine ce que vous pensez ou ce que vous attendez de lui ou ce qui vous ferait plaisir est d’emblée voué à l’échec. Et même le jeu (risqué) de laisser des signes à moitié cachés, des indices subtils pour soi-disant lui faciliter la tâche, peut se révéler contre-productif. La déception en sera d’autant plus grande si rien ne vient.
Conclusion : si vous voulez obtenir quelque chose de quelqu’un, il n’y a pas trente-six solutions : DEMANDEZ-LUI aussi clairement et explicitement que possible. Au mieux, il vous le donnera. Au pire, il refusera et pourra éventuellement motiver son refus.
Attente impossible #3 : Attendre que l’autre s’intéresse à vous
Nous voici à présent avec une attente un peu plus subtile, bien que toute aussi impossible à satisfaire car fortement en lien avec certains fantômes encore présents dans votre placard et dont vous ne vous êtes pas encore débarrassés.
Au fait, pour les nouveaux lecteurs du blog des Rapports Humains, ce que je nomme les fantômes du placard sont toutes ces petites failles non comblées, ces casseroles psychologiques que nous traînons derrière nous depuis des années et qui, parfois, se manifestent avec pertes et fracas, suivant les circonstances où elles sont (ré)activées.
Donc, attendre que l’autre s’intéresse à vous peut être très compliqué pour la simple raison que cette attente impossible sent à plein nez l’injonction paradoxale. Pour avoir une idée de ce qu’est une injonction paradoxale, je vous invite à lire ce billet : « la double contrainte de l’infirmière« . Pour faire court et imagée, l’injonction paradoxale c’est ça :
Quoi que vous choisissiez comme option, chacune viendra en contradiction avec l’autre et vous fera “bugger” le cerveau qui se mettra en mode stress instantanément.
Démonstration avec le sujet qui nous intéresse :
Si quelqu’un s’intéresse à vous suite à une attente de votre part, l’intérêt qu’il vous porte est alors « faussé » à la base. Il n’est conditionné que par votre attente et vous en ressentirez bien vite les effets négatifs.
Et s’il ne s’intéresse pas à vous, le sentiment de frustration sera, de fait, là et bien là.
Au final, dans ce contexte, que cet Autre s’intéresse à vous ou pas, l’issue sera la même : vous serez frustré
Conclusion : si quelqu’un doit s’intéresser à vous, ce n’est pas parce que vous l’attendez, mais parce qu’il le décide en toute autonomie.
Et cet intérêt qu’il vous portera sera d’ailleurs proportionnel à l’intérêt que vous vous portez en premier. Plus vous serez aligné avec vos valeurs (sans en être prisonnier, nous le verrons la prochaine fois), engagé dans votre propre vie, bref bien dans vos baskets, plus vous serez attractif et susciterez de l’intérêt (sain) des autres.
Ça paraît un peu “space” dit comme ça, mais ça vaut vraiment le coup de tester.
Bon, je me rends compte ici que l’inspiration me gagne et que vous n’aurez pas fini de lire ce billet avant la saint Glinglin (j’aimerais quand même bien que quelqu’un me présente un jour le gars ou la fille qui s’appelle Glinglin).
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« Le monde extérieur est le reflet de ton monde intérieur »
« Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde ».
Gandhi
Glinglin n’est pas une personne : L’origine de l’expression Saint Glinglin vient de la déformation de seing (le signe) et glin, le son des cloches : cela voudrait donc dire, à l’origine, quand les cloches sonneront. « Avoir lieu à la saint-glinglin » est synonyme de « remettre aux calendes grecques », « à la semaine des quatre jeudis », « à Pâques ou à la Trinité » ou « quand les poules auront des dents ».