Voici la suite du billet consacré aux sept attentes impossibles qui, malheureusement, viennent parfois polluer nos relations et générer des trucs pas très glamour comme la frustration ou la déception. Prendre conscience de quelques-unes de ces attentes impossibles vous permettra peut-être dans un premier temps de prendre un peu de recul et de voir par quel autre chemin passer pour, au final, vous sentir un peu mieux.

La dernière fois, nous avons vu ces trois types d’attentes impossibles :

Cette semaine, attardons-nous sur quatre autres attentes impossibles.

  • Attendre que l’autre vous comprenne
  • Attendre que l’autre soit votre moitié
  • Attendre que l’autre corresponde à l’image que vous vous faites de lui
  • Attendre que votre système de valeurs soit universel

Attente impossible #4 : Attendre que l’autre vous comprenne

Cela fait un bon moment que je n’ai plus écrit d’articles sur la communication. J’étais plus productif sur le sujet il y a quelques années. Pour autant, les articles existent toujours et s’il y a bien un fil rouge dédié à cette catégorie, c’est que la communication est loin d’être un long fleuve tranquille.

Attendre de l’autre qu’il vous comprenne revient à vouloir résoudre une équation à dix inconnues, le matin au saut du lit avec un bon syndrome céphalorectal carabiné; c’est pas gagné d’avance. Pour résumer le fonctionnement de la communication entre deux personnes, je partage ici une réflexion inspirante du célèbre auteur Bernard Werber :

“Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous entendez, ce que vous comprenez… il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même…”

Donc, pour essayer quand même, je vous propose ici quelques paramètres indispensables pour maximiser vos chances d’être compris :

  • Celui qui est à l’initiative de la communication est le responsable (garant) de la communication (grosse claque quand j’ai appris ça)
  • Créer un rapport privilégié avec votre interlocuteur (pas de sexe ici SVP)
  • Préférer un discours détaillé plutôt que flou (n’en déplaise aux adeptes de la langue de bois)
  • Garder en tête que 93% d’un message se situe en dehors du contenu du message. Vos attitudes corporelles, votre ton de voix, son rythme et son volume font partie de ces 93%. (attention, gesticuler et hurler comme un clown ne vous aidera pas non plus)
  • Demander régulièrement s’il a compris votre message en l’invitant à partager avec vous ce qu’il a effectivement compris (vous pourriez être souvent surpris du décalage)
  • Observer l’ensemble des signaux non verbaux de votre interlocuteur qui pourraient signifier quelque chose du genre “Mais qu’est-ce qu’il me raconte là ???”. Souvent, c’est dans le regard que l’incompréhension peut être perçue. (un peu comme le regard d’un basset sous substance illicite)

Attente impossible #5 : Attendre que l’autre soit votre moitié

Aïe ! Je risque là de titiller la fibre romantique de certains d’entre vous. Soit, je prends le risque; mais avant de crier au scandale et partir du site, laissez-moi juste quelques lignes pour argumenter ma proposition.

Commençons par une question :

Si vous attendez que l’autre soit votre moitié, cela signifierait-il qu’il vous manque la moitié de vous-même ?

Il se peut que vous ressentiez cela.

En fonction de vos failles, de vos fantômes du placard, vous pouvez en effet ressentir comme un manque, un vide qui ne demande qu’à être rempli. Pour autant, je ne suis pas sûr que celui ou celle qui partage (ou partagera) votre vie soit le ou la plus à même de remplir cette fonction. Ce serait une (trop) lourde responsabilité à lui mettre sur les épaules. De plus, étant donné que cette même personne possède très probablement elle aussi quelques fantômes cachés dans son placard, vous vous apercevrez tôt ou tard que le rôle que vous lui avez confié ne pourra pas être tenu. D’où, à terme, des déceptions, des frustrations pour tout le monde avec peut-être aussi une dose de culpabilité pour votre “moitié”.

Dans l’arithmétique relationnelle, 1+1 ne fait pas 2, mais 3. Il y a en effet deux individualités à part entière qui entrent en relation et qui, par cette interaction, créent une troisième entité, la relation elle-même. Toutes les autres configurations entraînent un déséquilibre qui viendra faire capoter la relation à un moment donné (½ + 1 ou 1 + ½ ou ½ + ½ )

Conclusion : d’où, à mon sens, la nécessité de se sentir 1 dans toute relation. Et se sentir 1, entier, unique, autonome, c’est avant tout faire un peu de ménage dans son placard 😉

Attente impossible #6 : Attendre que l’autre corresponde à l’image que vous vous faites de lui

Bon, si vous êtes arrivé jusque là, c’est que je ne vous ai pas perdu. Merci de votre patience.

Nous voici avec une attente dont vous n’imaginez même pas le pouvoir de déception qu’elle contient. Rappelons tout d’abord que nous percevons le monde extérieur uniquement au travers de lunettes déformantes comprenant plusieurs filtres (socioculturels, éducatifs, physiologiques, omissions, généralisations, distorsions). Après avoir traversé tous ces filtres, l’image qui nous apparaît dans la tête n’est, au final, qu’une représentation très partielle (et donc partiale) de ce monde extérieur.

Concernant l’Autre qui fait aussi partie de ce monde extérieur, la règle s’applique de la même manière. L’image que vous avez de cette personne n’est que le résultat de la perception que vous en avez. Elle n’est pas QUI elle est au fond, comme elle seule pourrait le savoir.
Bien entendu, plus vous êtes intime avec cette personne, mieux vous la connaîtrez et votre représentation sera un peu plus précise et fidèle. Pour autant, cela ne restera qu’une représentation.

Pour corser un peu le truc et pour revenir à notre attente impossible, nous avons tous une sorte de désir qui nous pousse à voir l’Autre comme nous aimerions qu’il soit. Un peu comme s’il était un mannequin en bois sur lequel nous accrocherions nos propres vêtements pour les admirer (ou les critiquer) en fonction de nos envies. Or, ce n’est pas un scoop, l’Autre n’est pas fait de bois (comme il n’est pas fait de pâte à modeler non plus. Cf le précédent billet).

Conclusion : si on combine les deux approches (notre perception biaisée et la projection de nos désirs), il me semble super compliqué de s’attendre à ce que l’Autre corresponde à l’image préconçue que vous pourriez vous faire de lui ou d’elle.

Une piste : préférez partir à la découverte de l’Autre comme vous partiriez explorer une terre inconnue remplie de richesses et de beautés exceptionnelles.

Attente impossible #7 : Attendre que votre système de valeur soit universel (et donc adopté par tous)

Et voici la dernière des attentes impossibles. Je l’ai plus ou moins abordé sous différentes formes depuis la création du blog des rapports humains, mais un éclairage supplémentaire tout frais sera, j’espère, le bienvenu.

Connaître votre système de valeurs est un avantage indéniable si vous souhaitez avancer dans la vie en étant en accord avec vous-même. Cela vous permet d’agir en limitant vos conflits internes et en ayant un peu plus de confiance en vous.

Pour autant, le revers de la médaille, si vous n’y faites pas attention, est de vous laissez aveugler par votre propre système de valeurs. Du coup et sans forcément vous en rendre compte, vous aurez tendance à vouloir imposer ce système à votre entourage. Et là où c’est traître, c’est que plus l’entourage est proche, plus la tentation est forte. C’est logique; étant donné que vos proches partagent quand même quelques-unes de leurs valeurs avec vous, la conclusion est vite arrivée de croire qu’ils les partagent toutes.

Erreur absolue, chers lecteurs !!!

Comme je l’évoquais dans la partie sur l’attente impossible concernant votre “moitié”, chaque personne est d’une unicité absolue. Et parmi les composantes de ce tout unique, il y a aussi son propre système de valeurs. Certaines seront en accord avec les vôtres (surtout si vous décidez d’entrer dans une relation d’intimité), mais d’autres, beaucoup d’autres, s’en éloigneront plus ou moins.

Conclusion : avoir son propre système de valeurs, c’est super. Avoir la flexibilité suffisante pour le questionner en fonction des contextes, c’est l’assurance de pouvoir développer des relations de qualité et dans la pérennité.

J’ai conscience que ce n’est pas évident pour tout le monde. Surtout que c’est sur ce système de valeurs que repose une bonne partie de votre identité. Le questionner pourrait remettre en question certaines parties de vous-mêmes auxquelles vous vous identifiez et êtes forcément attachés. C’est on ne peut plus naturel.

Mais bon, ceci est une autre histoire; celle de votre développement personnel 😉


Si vous pensez être freiné dans vos projets par l’une ou l’autre de ses attentes impossibles, contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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