Beaucoup d’entre vous savent faire du vélo. En général, on apprend ça au cours de notre petite enfance. Comme tous les apprentissages, celui-ci nécessite un certain nombre de répétitions sur un mode essai – erreur – essai – erreur -, etc. Une fois trouvé l’équilibre dans le mouvement, il est reconnu que faire du vélo, “ça ne s’oublie pas”. De nouvelles connexions neuronales se sont créées et renforcées au fur et à mesure que l’expérience se renouvelait. Dès lors, la question à mille points est : avez-vous déjà essayé de “désapprendre” à faire du vélo ? Jusqu’à hier, je ne connaissais personne ayant relevé ce défi, mais je suis tombé sur cette vidéo montrant LE gars qui a désappris à faire du vélo. Je partagerai avec vous ensuite quel est le lien que je fais entre le coaching et comment apprendre à désapprendre.
Alors, surprenant n’est-ce pas ?
Apprendre à désapprendre : quel lien avec le coaching ?
L’ensemble de nos comportements, compétences et croyances ne sont ni plus ni moins que des apprentissages acquis depuis notre plus tendre enfance. La société dans laquelle nous vivons, la culture qui nous a bercée, la famille qui nous a vue naître et éduquée, les relations que nous avons développées avec les autres, les environnements dans lesquels nous avons évolué, les expériences que nous avons vécues, tous ont contribué à notre apprentissage.
Parfois, ces apprentissages sont utiles ( traverser la route en regardant à droite et à gauche pour éviter de se retrouver à l’hôpital ou au cimetière), parfois ils le sont moins (se liquéfier avant de passer un examen ou un entretien est ni plus ni moins qu’un apprentissage défaillant de la notion de réussite, d’échec, d’enjeux, d’évaluation, de jugement, d’autorité, etc.).
Je propose souvent la métaphore suivante à mes clients pour illustrer cette notion d’apprentissage.
Apprendre à désapprendre… dans un champ de blé
Imaginez vous tenir à l’entrée d’un champ de blé. Ce dont vous avez besoin se trouve de l’autre côté et pour l’obtenir vous devez traverser ce champ. Depuis tout petit, les personnes de votre entourage (ou assimilé) vous ont “appris” à prendre une seule direction, emprunter une seule voie, celle que vous avez peu à peu tracée sur leurs conseils. Du coup, plus le temps passe, plus volontiers vous empruntez cette voie; elle est en effet plus facile d’accès, plus rapidement parcourue et vous en connaissez tous les détails. De plus, elle se trouve très souvent en ligne droite, ce qui vous fait arriver plus vite à la satisfaction du besoin recherché.
Là où le bât blesse, c’est quand cette voie toute tracée vient à vous créer des problèmes. Vous vous apercevez qu’en l’empruntant, vos émotions deviennent désagréables, vos pensées s’assombrissent et vos comportements deviennent inadaptés. Vous êtes pourtant conscient de la chose mais ne pouvez vous empêcher de prendre toujours cette voie archiconnue, mille fois empruntée par vous-même.
Exemples :
- Julie croit que pour obtenir l’amour des autres elle se doit de toujours leur faire plaisir en répondant à tous leurs désirs. Ceci en faisant passer ses propres besoins au second plan. Cet apprentissage qu’elle a effectué il y a bien longtemps génère souvent en elle un sentiment de frustration, d’insatisfaction voire d’injustice. En effet, ses attentes en matière de “retour sur investissement” sont disproportionnées. Cela entraîne soit une dévalorisation d’elle-même (“je ne suis pas assez gentille pour que les autres m’aiment »), soit une agressivité tournée vers autrui (“après tout ce que j’ai fait pour eux, voilà comment ils me remercient”). Dans les deux cas, vous conviendrez que l’issue n’est pas franchement sexy.
Ici, le besoin à satisfaire est la reconnaissance et la voie apprise et empruntée à longueur de temps pour y parvenir est celle de la satisfaction du besoin de l’autre avant les siens.
- Fabien, quant à lui, est persuadé que s’il donne sa confiance aux autres, il va le regretter tôt ou tard. Il a besoin de se sentir en sécurité maximum dans la relation. Cette vision d’un monde potentiellement hostile est héritée de sa culture familiale où l’Autre est considéré à priori comme un ennemi potentiel (voilà un type d’apprentissage). Du coup, il a plutôt tendance à s’isoler. Et même si parfois il fait des connaissances, il devient tellement exigeant dans la relation, qu’elles finissent par se sentir étouffées et s’éloignent. Ce qui vient renforcer un peu plus sa croyance de base et le mal-être qui l’accompagne.
Ici, le besoin à satisfaire est la sécurité et la voie couramment empruntée est la méfiance vis-à-vis des autres et du monde qui l’entoure.
Comment le “travail sur soi” peut-il vous aider à apprendre à désapprendre ?
Travailler sur soi revient à vous rendre au même point d’arrivée, là où votre besoin est satisfait, mais en empruntant une ou plusieurs autres voies, plus agréables, mieux vécues par vous ou votre entourage. Comme vous pouvez l’imaginer dans un champ de blé, tracer une nouvelle route n’est pas forcément facile. Cela demande du temps, de la patience, de la répétition et une certaine motivation. Il y aura bien sûr des “ratés”, car lorsque la satisfaction d’un besoin prend un caractère urgent, vous retournerez naturellement vers votre ancienne route toute tracée, celle qui vous conduira plus rapidement à votre destination… quitte à vous faire du mal en l’empruntant.
Pour autant, lorsque votre état le permet, c’est là qu’apprendre à désapprendre est le plus opportun et pertinent. Au fur et à mesure que vous construirez et emprunterez votre nouvelle voie (celle qui vous paraîtra plus agréable), vous délaisserez peu à peu l’ancienne. Comme la nature est bien faite, cette ancienne voie sera tôt ou tard tellement difficile à arpenter que vous n’aurez même plus envie de vous y engager. C’est comme cela que vous constaterez que le changement aura opéré; quand il sera plus facile de satisfaire un besoin sans tiraillement, conflit interne ou externe, en bref, sans se prendre la tête.
Je le répète, tout ceci peut parfois prendre du temps, et pas qu’un peu. Vous comprenez maintenant pourquoi je me suis toujours insurgé devant les marchands de rêves qui promettent des “changements durables” à grands coups de baguettes magiques et autres recettes express.
Si vous reprenez l’exemple de la vidéo, le gars a mis huit mois, à raison de cinq minutes d’exercices quotidiens pour arriver au résultat souhaité; et ce n’était “que” celui de rouler sur un vélo à la direction inversée. Je vous laisse le soin d’extrapoler sur certains schémas dysfonctionnels, certaines croyances limitantes ou certains comportements non adaptés, ancrés depuis de nombreuses années.
Bon, je ne dis pas ça pour plomber l’ambiance mais c’est juste pour recentrer un peu les choses sur ce que peut être un travail d’accompagnement avec un humain. Apprendre à désapprendre est une noble quête demandant un peu d’investissement et d’engagement pour la mener à bien.
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Bonjour Christophe,
L’exemple de la vidéo est très concret pour moi et illustre bien ton propos. Apprendre à désapprendre, on se dit que ce n’est pas possible ! L’exemple est bien choisi pour démontrer que ça l’est. Par expérience personnelle, je considère qu’il faut que je sois bienveillante avec moi-même lorsque j’entreprends de changer une façon de me comporter. Par exemple, prendre soin de ma parole (selon le premier accord toltèque), ça n’a l’air de rien comme ça de se dire que je vais faire attention à ce que je dis, à comment je le dis pour me respecter et respecter les autres, pour ne pas me blesser, et pour en tirer tout un tas de bénéfices par forcément visibles au premier abord. Mais c’est un véritable entraînement. Je retombe parfois dans mes vieux travers, mais alors je me dis que c’est un accident, que je fais de mon mieux pour tenir l’objectif fixé et que c’est normal que cela ne se mette pas en place d’un simple claquement de doigts. En fait, je me donne le temps de l’apprentissage. Je pense que c’est ce qu’il faut faire, ne surtout pas se flageller parce qu’on a failli ou faibli sur un point. Être plein de bienveillance envers soi-même. Il faut que j’accepte de tomber plusieurs fois avant de tenir enfin en équilibre puis de pouvoir avancer. L’adage populaire ne dit-il pas qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs ? Ne pas aller plus vite que la musique ?
Merci pour cet article que j’ai trouvé très intéressant et qui fait écho en moi !
Merci Isabelle pour ton retour et témoignage.
Je suis en plein accord avec toi concernant la bienveillance vis-à-vis de soi. Bienveillance = veiller au bien.
A bientôt
Décidément… vos articles m’inspirent…
L’importance d’accueillir sans analyse et sans jugement, comme si c’etait la Première fois. Se permettre d’exister autrement pour permettre à l’autre la même chose…
j’aime aussi le fait que vous souligniez que c’est un apprentissage (apprendre à désapprendre) qui demande de l’investissement.
Comme lorsque nous commençons, par exemple… l’apprentissage d’un instrument de musique. Accepter de débuter, et d’avancer pas a pas, dans le respect et la bienveillance.
Merci, pour cet article ☺️
Merci Fiona pour votre commentaire et votre partage.
Votre parallèle avec l’apprentissage d’un instrument de musique est très à propos.
Au plaisir d’un prochain échange