Voici la dernière partie du billet consacré aux 11 bugs du cerveau qui vous empêchent de reprendre votre vie en main. Plus communément appelés biais cognitifs ou distorsions cognitives, ils ont la fâcheuse tendance à saboter nos prises de décisions ou nos évaluations des situations. Gérald Bronner, un sociologue contemporain dont j’admire les travaux sur les croyances collectives (entre autre), compare ces biais cognitifs à des pentes savonneuses sur lesquelles nous nous engageons sans nous en apercevoir. Et je vous laisse imaginer ce qu’il advient de nous quand on s’engage sur une pente savonneuse.

Distorsion cognitive #9 – L’étiquetage

Il s’agit d’un biais cognitif classique consistant à réduire l’autre ou soi-même à un élément péjoratif de son comportement ou de sa personnalité. Une étiquette est donc posée sur soi ou sur l’autre sans prendre le temps de repérer les faits observables ayant conduit à ce raccourci de jugement. Ce biais est un lointain cousin de biais de surgénéralisation que nous avions vu dans la première partie de ce dossier.

Exemple : Une personne de votre entourage a parfois des agissements que vous avez du mal à comprendre et qui viennent heurter vos valeurs. Cela pourrait activer chez vous le biais d’étiquetage et vous ne tarderez pas à qualifier cette personne en fonction de vos interprétations et conclusions : »C’est un psycho-rigide », « elle est lunatique », « c’est un caractériel ».

De la même manière, si vous échouez sur un sujet précis dans un certain contexte, ce bug va vous faire prendre un raccourci en vous qualifiant de « je suis un perdant ». Avec nos enfants aussi, il convient de faire preuve de prudence avec les « c’est UN littéraire », « c’est UNE timide », « c’est UN fainéant », « c’est UN bagarreur », « c’est UNE angoissée », etc. Sans nous en apercevoir, nous leur servons sur un plateau une « belle » étiquette à laquelle ils vont adhérer inconditionnellement car venant de leur figure d’autorité.

Conséquences : En vous laissant (mal)mener par ce bug du cerveau, vous aurez tendance à catégoriser les gens, voire à les stigmatiser. Vous-même vous plaçant dans telle ou telle catégorie vous serez limité dans vos possibilités d’évolutions et d’explorations d’autres domaines. Et pour vos enfants, l’étiquette qui leur est attribuée (par vous ou d’autres figures d’autorité) va initier une partie du scénario de vie qu’ils vont se construire et suivre tout au long de leur vie d’adulte.

Une piste pour corriger le bug : L’idée pour limiter les méfaits de ce bug serait de se concentrer de préférence sur les faits observables d’un comportement ou d’une situation et éviter d’en tirer des conclusions sur la personne dans son ensemble. De là, il devient plus approprié de corriger le « FAIRE », plutôt que stigmatiser l’ÊTRE. Par exemple, « il a parfois des difficultés à lâcher-prise » plutôt « c’est UN psycho-rigide« 

Distorsion cognitive #10 – La disqualification du positif

Le nom de ce biais cognitif est assez parlant pour en comprendre le sens. Il s’agit là de la tendance à transformer une expérience positive ou neutre en une expérience négative. On retrouve ce bug très actif chez les personnes souffrant du fameux « Syndrôme de l’imposteur ». Tout ce qui pourrait prouver à une personne parasitée par ce bug que ce qu’elle réalise est de qualité et qu’elle en est à l’origine, sera discrédité ou minimisé.

Exemple : Vous avez réussi votre présentation et avez reçu les compliments de vos pairs et supérieurs hiérarchiques. Plutôt que d’accueillir ces marques de reconnaissance à leur juste valeur, vous ne tarderez pas à penser qu’ils font ça juste pour vous faire plaisir, mais qu’ils se trompent car ils ne connaissent pas votre « vraie » nature. Ou alors, qu’au fond, vous ne méritez pas ces compliments, car vous avez juste eu de la chance de réussir cette présentation.

Conséquences : En transformant vos expériences positives ou neutres en expériences négatives vous fermez la porte à la satisfaction d’un des besoins fondamentaux selon Eric Berne (fondateur de l’analyse transactionnelle), le besoin de reconnaissance. Du coup, c’est un peu comme si vous vous priviez de certains nutriments essentiels à votre bien-être; tôt ou tard vous allez être en carence et le retour de bâton peut se révéler douloureux (auto-dévalorisation, perte de confiance, mésestime de soi, etc.)

Une piste pour corriger le bug : La prochaine fois que vous vivez une expérience positive, si vous ne parvenez pas d’emblée à reconnaître que vous y êtes pour quelque chose, laissez juste un peu de place au sentiment de gratitude. Éprouver de la gratitude pour ce qui vous arrive de positif dans la vie est une première étape avant de laisser entrer la reconnaissance dans votre espace intérieur. De là, vous verrez se transformer l’image et la valeur que vous vous accordez à vous-même. Comment éprouver ce sentiment de gratitude ? Dites simplement « MERCI » à la situation que vous vivez.

Distorsion cognitive #11 – La catastrophisation

Là encore, intuitivement vous comprenez de quoi il s’agit. Le biais de catastrophisation consiste à rechercher les pires conséquences possible à une situation réelle ou imaginée. Il agit en parfait scénariste de films catastrophes. A cause de ce bug, imaginer le pire revient aussi à se considérer comme incapable de surmonter la situation.

Exemple : Vous venez de vous séparer d’avec votre conjoint et commencez à vous projeter dans une vie en solo. Le scénario catastrophe commence alors : « Je ne vais jamais pouvoir m’en sortir tout(e) seul(e). Je ne sais pas comment gérer les choses qui étaient gérées avant par l’autre. Ca va être un enfer de devoir supporter les soirées sans lui ou elle. Ma vie est complètement foutue et je ne retrouverai jamais quelqu’un comme ça. Je vais finir ma vie tout(e) seul(e) et ne connaîtrai plus jamais le bonheur. Et comme nous avions des amis en commun, c’est sûr qu’ils vont garder contact avec lui ou elle et m’oublier rapidement. Du coup, je n’ose même plus les contacter pour sortir avec eux. etc. etc. »

Conséquences : J’en vois deux principalement. Au niveau émotionnel d’abord, c’est la porte ouverte à l’anxiété majeure voire à l’angoisse. Le scénario catastrophe que vous élaborez peut être criant de vérité tellement nous autres êtres humains sommes doués pour nous raconter des histoires.  Au niveau comportemental ensuite, car à l’issue du scénario, il serait logique que pour vous préserver de cette catastrophe annoncée (par votre cerveau) vous optiez pour la stratégie de l’évitement. Le truc, c’est que l’évitement ça ne marche que sur le très court terme, mais à long terme ça renforce le côté « réaliste » du biais de catastrophisation. Et ainsi, votre scénario suivant sera encore plus criant de vérité; Spielberg et Cameron n’ont qu’à bien se tenir. 

Une piste pour corriger le bug : Si vous êtes touché par ce biais de catastrophisation, sachez qu’il est difficile voire impossible de le « prendre en frontal »; c’est à dire de le faire disparaître par un effort de volonté ou je ne sais quoi à la sauce de la culpabilisation. Il existe en revanche une stratégie de vieux roublard pour « hacker » votre cerveau (reprendre le contrôle sans qu’il s’en aperçoive). Après avoir monté le scénario catastrophe de votre situation, reprenez ce scénario au début et créez une alternative à l’exact opposé. Allez-y franchement sur le côté « comédie à l’eau de rose » de ce nouveau récit. Lâchez-vous sur les paillettes, le rose bonbon et les happy-ending. Bien entendu, vous n’y croirez pas une seule seconde, mais là où se situe la ruse de Sioux, c’est que votre cerveau, lui, va faire un amalgame des deux scenarii. Du coup, il vous fera beaucoup moins croire au côté véridique du scénario catastrophe qu’il vous a construit précédemment. Finalement, vous vivrez la situation juste dans un inconfort gérable plutôt que dans une angoisse absolue.


Si vous aussi pensez subir ces bugs vous empêchant d’avancer et aimeriez bien reprendre les rennes de votre vie, contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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