J’ai assisté il y a peu à un séminaire sur le coaching génératif, dont les intervenants sont Robert Dilts et Stephen Gilligan. Un des processus abordé lors de leurs interventions était le centrage ou comment être à 100% dans l’ici et maintenant. Se centrer pour exceller, voilà un beau challenge!
Cet état à la fois physique et psychologique est à la base de tous types de situations dans lesquelles nous souhaitons être au meilleur de nous-mêmes. Que ce soit lors d’une compétition sportive, d’un entretien important, d’une négociation délicate, d’un examen à passer ou d’un article de blog à rédiger ;-), se centrer réunit plusieurs caractéristiques qui, combinées les unes aux autres, génèrent une disponibilité immédiate de toutes les ressources dont nous avons besoin suivant le contexte.
Quelles sont les éléments nécessaires pour se centrer?
- L’Ouverture : être ouvert, c’est avoir ses sens tournés vers l’extérieur. Souvenez-vous d’une interview culte où un certain Jean-Claude Vandamme évoquait le fait d’être « aware » ; c’était drôle dans le contexte de l’acteur, mais ce qu’il disait était juste. Focaliser ses sens sur l’extérieur entraîne de fait un retour d’informations extrêmement riches et chargées de sens pour nos objectifs.
- La Connexion : Se connecter à chaque chose ou être qui nous entoure. Établir un lien entre notre être intérieur (conscient et inconscient) et notre environnement. Cette connexion facilite l’interaction, les échanges, les dons et retours d’informations, de ressentis. Et plus que d’ÊTRE connecté, il s’agit de se SENTIR connecté.
- L’Analyse Consciente : C’est être pleinement conscient de notre état à l’instant présent, éveillé, alerte et clair.
- L’Accueil : C’est l’idée d’accueillir de façon inconditionnelle tout ce qui se passe en moi ou à l’extérieur de moi (les autres), en terme d’émotions, de sentiments, de ressentis, de comportements, sans juger, critiquer, combattre ou fuir.
Toutes ces caractéristiques, lorsqu’elles sont réunies génèrent un état de présence à soi et au monde pouvant nous faire largement dépasser nos limites.
Voici des expressions courantes qui traduisent l’action de se centrer :
- Être à fond dedans 🙂
- Être au sommet de son art.
- Être ici et maintenant (connu des moines zen)
- Son attention est à son paroxysme
Quelques exemples qui illustrent en partie cet état :
- Les athlètes de toutes disciplines lors d’une compétition importante. Souvent, les vainqueurs témoignent de ressources qui vont bien au-delà de l’aspect purement technique.
- La cérémonie du thé au Japon
- Certains chefs d’orchestres qui sont en symbiose parfaite avec leurs musiciens, la musique, les différents instruments etc.
- Les pratiquants de la médiation zen. Cet état de centrage est même un objectif en soi.
Si vous avez d’autres exemples illustrant comment se centrer, partagez-les dans les commentaires.
Je finirai avec un petit conte zen qui montre comment l’état de centrage peut rendre bien des services à celui qui le pratique :
Le moine et le Samouraï
Un jeune moine se rendait en ville, porteur d’un pli important à remettre en mains propres à son destinataire. Il arrive aux abords de la ville et, pour y pénétrer, doit traverser un pont. Sur ce pont se tenait un Samouraï expert dans l’art du sabre et qui, pour prouver sa force et son invincibilité, avait fait le voeu de provoquer en duel les 100 premiers hommes qui traverseraient ce pont. Il en avait déjà tué 99. Le petit moine était le centième. Le Samouraï lui lança donc un défi. Le moine le supplia de le laisser passer car le pli qu’il portait était d’une grande importance.
« Je vous promets de revenir me battre avec vous une fois ma mission accomplie. »
Le Samouraï accepta, et le jeune moine alla porter sa lettre. Mais avant de retourner sur le pont, il se rendit chez son Maître pour lui faire ses adieux, certain qu’il était perdu.
» Je dois aller me battre avec un grand Samouraï, lui dit-il, c’est un champion de sabre et moi je n’ai jamais touché une arme de ma vie. Je vais donc être tué… »
« En effet, lui répondit son Maître, tu vas mourir car il n’y a pour toi aucune chance de victoire, tu n’as donc plus besoin d’avoir peur de la mort. Mais je vais t’enseigner la meilleure façon de mourir : tu brandiras ton sabre au dessus de ta tête, les yeux fermés, et tu attendras. Lorsque tu sentiras un froid sur le sommet de ton crâne, ce sera la mort. A ce moment seulement, tu abattras les bras. C’est tout… »
Le petit moine salua son Maître et se dirigea vers le pont où l’attendait le Samouraï. Ce dernier le remercia d’avoir tenu parole et le pria de se mettre en garde. Le duel commença. Le moine fit ce que son Maître lui avait recommandé. Tenant son sabre à deux mains, il le leva au dessus de sa tête et attendit sans bouger. Cette attitude surprit le Samouraï car la posture qu’avait prise son adversaire ne reflétait ni la peur ni la crainte. Méfiant, il avança prudemment. Impassible, le petit moine était concentré uniquement sur le sommet de son crâne.
Le Samouraï se dit : « Cet homme est sûrement très fort, il a eu le courage de revenir se battre avec moi, ce n’est certainement pas un amateur. »
Le moine toujours absorbé, ne prêtait aucune attention aux mouvements de va-et-vient de son adversaire. Ce dernier commença à avoir peur : « C’est sans aucun doute un très grand guerrier, pensa-t-il, seuls les maîtres de sabre prennent dès le début d’un combat une position d’attaque. Et en plus, lui, il ferme les yeux. »
Et le jeune moine attendait toujours le moment où il ressentirait ce fameux froid au sommet de sa tête. Pendant ce temps le Samouraï était complètement désemparé, il n’osait plus attaquer, certain au moindre geste de sa part d’être coupé en deux. Et le jeune moine avait complètement oublié le Samouraï, attentif uniquement à bien appliquer les conseils de son Maître, à mourir dignement.
Ce furent les cris et les pleurs du Samouraï qui le ramenèrent à la réalité : « Ne me tuez pas, ayez pitié de moi, je croyais être le roi du sabre, mais je n’avais jamais rencontré un Maître tel que vous. S’il vous plaît, s’il vous plaît, acceptez moi comme disciple, enseignez moi vraiment la Voie du sabre… »
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Très intéressant, bravo pour cet article!
Cela me fait penser aux travaux de Michael Hall et à l’état de « génie personnel » de focalisation à 100% (être « dans la zone »)…
On y trouve alors d’autres caractéristiques qui permettent la focalisation : l’intention, l’engagement, la capacité à entrer et sortir proprement de cet état émotionnel particulier (transitions propres), prendre conscience de la physiologie de l’état (comment il se manifeste dans le corps : sensations, posture, respiration, tension musculaire, etc. et dans l’esprit : pensées, images mentales, dialogue interne, etc.)
A voir sur ce sujet passionnant l’article « Le pouvoir de la Focalisation » écrit par Michael Hall (créateur de la Neuro-Sémantique) : http://tinyurl.com/5wmn2jv
Aussi le livre « In the Zone » de Tim Goodenough, sur l’état de focalisation en Coaching d’athlètes de très haut niveau (équipe de rugby d’afrique du sud, champions d’athlétisme, etc.)
A+
Florent
Bonjour Karine,
Oui, j’assiste à sa formation sur le coaching génératif depuis Janvier. J’aime bien.
L’approche est en effet emprunte de philosophie zen et j’ai eu confirmation que les parallèles avec la méditation de pleine conscience sont nombreux.
Le prochain séminaire se tiendra en Octobre avec Steven Ghilligan. Lui est plus orienté hypnose ericksonienne.
J’étais hier à la conférence-débat de Robert Dilts sur le Coaching génératif, donc sans doute la même que celle que tu as vue en janvier !
Très intéressant en effet, de voir l’évolution de son travail et comment il se rapproche du Zen.
Soyons génératifs 🙂
Si vous avez d’autres exemples de cet état, partagez-les dans les commentaires.
Dont acte !
Mon jeune fils fait du basket et je me suis fait la réfléxion suivante sur le « panier ». Les professionnels du basket s’entraînent à réussir leurs paniers. Dans le même temps, quand ils lancent le ballon lors d’une compétition l’enjeu peut les paralyser.
Il leur faut alors tout oublier (sans rien oublier). Laisser en quelque sorte, leurs mains faire le travail (même si c’est tout le corps et le cerveau qui font le boulot !).
En d’autres termes, plus on se focalise sur : il faut que je réussisse mon panier, moins on a de chance de le réussir.
Difficile d’expliquer cela, ou plutôt de le mettre en pratique.
Les tennismen, les joueurs de golf, font la même expérience.
Lorsque j’avais l’âge de mon fils, en sortant du métro nous jouions avec d’autres camarades à lancer notre ticket de métro plié en quatre dans un haut-parleur fixé au plafond d’un couloir.
Nous nous arrêtions, visions, comptions les points, etc…
Un jour, seul et en retard, j’ai lancé mon ticket dans réfléchir, sans m’arrêter, sans calculer, comme pour m’en débarasser. Une sorte de réflexe.
Et je me souviens encore de mon étonnement de voir ma petite boulette de papier s’envoler droit vers le « panier » et tomber pile dedans, alors que je bougeais, ne visais pas, ne calculais pas, ne cherchais même pas à atteindre la cible.
Ma main, mon cerveau (sûrement l’hémisphère droit) avaient tout calculer (le poids du projectile, ma vitesse, l’angle, les frôtements de l’air, etc… sans que mon cortex ne porte de jugement et ne vienne tout fausser).
Evidemment, le lendemain, en tentant de reproduire l’expérience, une partie de mon cerveau à voulu reprenre le contrôle. Et le geste n’a pas été aussi « juste ». Quelquechose retenait ma main. La peur de lancer trop fort, ou pas assez fort.
Bref, j’ai raté la cible.
Alors, pour revenir à de fameux « état » évoqué plus haut, je crois qu’il s’agit d’un total lacher prise allié à une forte concentration pour atteindre ce lacher prise.
Se concentrer pour ne pas être concentré.
Y’a du boulot !
Merci Gérard pour ton commentaire.
Ton témoignage m’a rappelé un article fort intéressant lu il y a quelques temps dont voici le lien: http://soyonsport.com/2012/03/20/sport-stress-chokes/
A bientôt
D’abord bravo pour votre blog que je découvre …et je sens que j’en ai pour un moment !. Je relie cette centration pour exceller à l’expérience autotélique dont parle Csikszentmihalyi avec le « flow », lorsque l’on est à 100% « dedans ». voir : alaconqueteduflow.blogspot.com/2009/05/autotelique.html
alain
Bonsoir Alain
Merci pour votre commentaire.
Et oui, c’est tout à fait ça que Dilts nous a communiqué comme référence : le « flow » est cet état où le temps semble être suspendu et où notre alignement entre nos pensées/émotions/actions est à son apogée.
Je vais de ce pas visiter le lien que vous avez fourni. Merci pour cet enrichissement de l’article 😉
A bientôt
Je voudrais vous dire: Bravo ! Vous parvenez à captiver votre lecteur par le biais de mots qui font mouche. Je pense alors que concernant Comment être à 100% dans l’ici et maintenant. | Le blog des Rapports Humains les félicitations sont incontournable.
Merci pour vos encouragements.
Merci pour de blog avec beaucoup de pistes de réflexion et de partages. Cela m aidera dans ma réflexion et mon ré positionnement.
Merci pour votre agréable retour Sandrine.
Vous avez parfaitement résumé les objectifs de ce blog
A bientôt