Partager la publication "Les trois piliers du management (Partie 1/3) : savoir dire bonjour"
Il y a quelque temps, je partageais avec vous une vidéo d’une intervention du philosophe André Comte Sponville dans une école de management. La conclusion de son discours tournait autour de trois éléments de communication qu’un manager se devait de maîtriser avec ses collaborateurs et subordonnés : savoir dire bonjour, merci et comment ça va. Aujourd’hui je vous propose d’aller explorer les tenants et aboutissants de ces trois formules magiques des rapports humains en commençant ici par : savoir dire bonjour
Créer le lien
Savoir dire bonjour est l’une des premières marques de politesse que les parents enseignent à leurs enfants quand ils sont en période de socialisation.
“Allez Kevin, dis bonjour à tata Fifine…”
Bon, on ne va pas se mentir, les gamins n’en ont rien à cirer de savoir dire bonjour à qui que ce soit. Ce qui les intéresse chez tata Fifine, c’est la dernière tablette numérique qu’elle a achetée et avec laquelle ils pourront s’exploser les yeux pendant des heures.
Pour autant, en grandissant, nous nous apercevons que savoir dire bonjour possède un avantage non négligeable en terme de relation humaine; celui de créer le lien.
Ce simple mot permet en effet de passer d’un état de présence physique déconnectée d’autrui à un état de connexion instantanée permettant, si besoin est, de poursuivre l’échange. C’est un peu comme quand on se connecte à un réseau WiFi. Pour aller chercher de l’info sur le web, il faut d’abord s’y connecter.
Quelques situations où le « bonjour » sort spontanément avec des personnes que nous n’avions jamais vues auparavant.
- En rentrant dans un ascenseur où il y a déjà une personne
- En croisant quelqu’un sur le palier de son appartement
- En entrant dans une boulangerie
- En croisant quelqu’un dans la rue à qui nous voulons demander un renseignement
- etc.
Pourquoi savoir dire bonjour ?
Comte-Sponville exposait dans sa conférence que dire bonjour est ce qui permet à l’Autre d’être reconnu dans sa qualité d’être humain.
En effet, pour reprendre l’exemple de l’ascenseur, s’il n’y a personne dedans, il ne vous viendrait pas à l’esprit de dire bonjour à l’ascenseur lui-même. Il n’est qu’une machine qui vous monte ou vous descend d’un point A à un point B après avoir appuyé sur un bouton.
Si, en tant que manager, vous omettez de dire bonjour à vos collaborateurs ou subordonnés, cela revient potentiellement à les traiter comme des machines. Or, s’il suffit pour un ascenseur d’appuyer sur un bouton pour qu’il s’exécute, un être humain requiert, lui, tout un tas d’autres paramètres pour se mettre en mouvement. Et le premier d’entre eux est la motivation. Celle-ci sera inscrite aux abonnés absents si la reconnaissance qui vient habituellement la nourrir lui fait défaut.
Comment savoir dire bonjour ?
Non, je ne vous prends pas pour des débiles chers lecteurs. Laissez-moi vous raconter une expérience qui m’a marqué.
Je participais il y a quelques années à des rencontres régulières au sein d’une association dont le sujet tournait précisément autour de la communication orale. Un comble quand vous allez lire la suite.
De façon on ne peut plus classique, à chaque début de séance, les participants se disaient bonjour de manière aléatoire en se serrant la main pour les messieurs ou en faisant la bise pour les dames.
Ce soir là, parmi eux, se trouvait l’un des habitués. En l’observant de manière distraite, je constatais qu’aucun de ses “bonjours” n’était dirigé vers la personne à qui il s’adressait. En fait, il serrait la main de quelqu’un tout en regardant déjà quelqu’un d’autre et ne s’attardant donc pas un millième de seconde sur la personne avec laquelle il était physiquement en contact.
Je n’échappais pas à la règle et, cerise sur le gâteau, me rendis compte en lui serrant la main qu’il avait ce que j’appelle le syndrome de la “main qui coule”. Autrement dit, il avait la poignée de main aussi flasque qu’un loukoum oublié dans une voiture garée en plein soleil un jour d’été.
Bref, ce que j’ai perçu comme une négation de l’Autre dans sa présence même, m’a fait comprendre que savoir dire bonjour n’est pas une évidence absolue pour tout le monde.
Donc, pour conclure de manière simple, mais non simpliste, voici ce qui me semble cohérent quant au fait de savoir dire bonjour à quelqu’un :
- Regarder la personne dans les yeux
- Lui serrer la main de manière ferme, mais sans lui broyer les doigts non plus
- Dire « bonjour » avec un ton de voix clair et audible
- Agrémenter le tout d’un sourire. ( Ça ne mange pas de pain 🙂 )
Le prochain billet traitera de ce qui vient logiquement après le bonjour quand nous rencontrons quelqu’un : “Comment ça va ?”
Bonjour Christophe,
Voilà un excellent article qui a pour mérite de rappeler combien les règles de politesse sont avant tout des rites de savoir vivre ensemble.
Oui les relations humaines peuvent être « simples comme bonjour », une expression symbolique certes, pas si simples à appliquer pour tout le monde manifestement !
Merci et à bientôt 😉
Michèle
C’est toujours un plaisir de vous lire. Il se dégage tellement de douceur et de bienveillance dans vos écrits ! Merci pour cet article qui nous rappelle que les choses les plus simples sont aussi les plus importantes.
Merci à vous pour vos retours très encourageants 🙂
Ce billet sur comment savoir dire bonjour a eu en effet une belle reconnaissance sur les réseaux sociaux.
A bientôt
Christophe,
Interpellant qu’il faille enseigner le BA BA de la politesse aux « managers ». Dont beaucoup ne savent même pas se manager eux-mêmes. C’est surtout de leur vision d’eux-mêmes et d’autrui dont il s’agit. Parce qu’ils sont « managers » beaucoup se croyent supérieurs, arrivés. Leur titre = leur identité. Pas de titre ? « Bête, simple » secrétaire ? alors pourquoi dire bonjour, merci.. Ces petites mains ne sont quant même que de la catégorie inférieure… Sauf que par les temps qui courrent, un cadre est, lui aussi et tout « supérieur » qu’il soit, vite décroché du wall of fame. Un peu de retombée sur terre SVP : cadre, tu n’es qu’un humain sur 2 pieds, un pion dans le théâtre de l’entreprise. Cesse de te prendre pour Dieu.
Merci pour ce partage patricia. Partage qui, me semble-t-il, sent le vécu 🙂
A bientôt.
Un psychiatre américain a écris un livre
Qu’est-ce que vous dites après avoir dit bonjour ? Et explique sa théorie sur la formation d’un être humain
Comment se forge notre personnalité à partir de quoi dans notre enfance et comment nous donnons les clés de notre fonctionnement
Bonjour Annie
Oui, il s’agit du Dr Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle. Ce courant fait partie de mes approches préférées concernant les relations humaines.