Partager la publication "8 causes de résistances au changement (partie 2/2)"
Retour au pays des résistances au changement et plus précisément sur les huit causes possibles à leur apparition. Nous en avions vu quatre dans le premier billet; l’absence d’intention, les croyances limitantes, les habitudes et les bénéfices secondaires. Cette semaine, je vous propose d’en explorer quatre autres que sont, l’intention positive, la focalisation à outrance, le recherche de plaisir et l’intolérance à la patience.
Résistances au changement #5 – L’intention positive
L’intention positive est un concept bien connu des aficionados de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique). Souvent, elle est confondue avec le bénéfice secondaire que nous avions vu la dernière fois. Il faut dire que la différence est mince et que les deux sont à explorer dans tout processus de changement. Pour autant, établir une distinction entre les deux vous permettra d’aller dans les profondeurs d’un changement que vous souhaitez mettre en place dans votre vie. Vous éviterez ainsi les résistances qui y sont rattachées (autant que faire se peut…)
Dans le cas d’une situation ou d’un comportement problématique persistant, si le bénéfice secondaire est… secondaire (c’est à dire qu’il pourrait être substitué sans trop de souci), vous pouvez considérer l’intention positive comme le bénéfice principal. C’est lui qui maintient le problème dans sa forme actuelle. Cette intention positive est associée à l’une de vos valeurs qui, en dépit du bon sens, est quand même satisfaite par l’existence du problème. Du coup, vouloir changer un comportement ou une situation problématique sans prendre en compte l’intention positive qui la soutient, revient à retirer les piliers soutenant un édifice; c’est l’écroulement assuré.
Passons par un exemple, car pour l’instant, c’est du charabia 🙂
- Joël vient en coaching avec la demande de se mettre en action pour reprendre sa vie en main après plusieurs écueils (professionnelle, familiale, santé). Après quelques séances où lui comme moi observons que les actions mises en oeuvre sont laborieuses voire inexistantes, nous explorons les avantages qu’il obtient à maintenir le statu-quo de sa situation. En est ressortie une belle illustration de son bénéfice secondaire et de son intention positive.
Son bénéfice secondaire (plutôt facile à identifier) était de conserver sa routine sans contrainte particulière, où les petits plaisirs éphémères remplissent sa journée. Et en creusant un peu plus, il prit conscience que ce qui était aussi important pour lui en conservant cette inhibition à agir, était de se laisser bercer par une douce nostalgie des moments passés avec sa famille, et du sentiment d’appartenance qu’il ressentait dans son milieu professionnel. Là était son intention positive.
Avec cet exemple, il est clair que pour changer d’attitude, Joël sera invité à prendre en compte l’intention positive liée à ses valeurs « Famille » et « Appartenance ». Bien que sa situation actuelle au point mort ne lui convienne plus, c’est aussi grâce à l’intention positive derrière son immobilisme, qu’il “tient le coup”. Bien sûr, le deuil du passé est à travailler; mais pour se mettre en mouvement, Joël devra aussi expérimenter des actions venant satisfaire ses deux valeurs. Par exemple en reprenant contact avec d’autres membres de sa famille qu’il n’avait plus vu depuis longtemps (valeur Famille) ou en s’engageant avec de nouvelles personnes dans des activités ayant un but fédérateur (valeur Appartenance).
Résistances au changement #6 – Être obnubiler par l’atteinte de l’objectif
Une autre cause de résistance au changement est l’obsession du but. C’est carrément l’opposée de la pensée de Robert Louis Stevenson
L’important, ce n’est pas la destination; c’est le voyage
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je suis pour l’élaboration d’objectifs dans la vie; c’est aussi ce qui nous sert de palan pour nous sortir du lit le matin. Et je dis “élaboration” et non “fixation”, car pour moi un objectif a besoin d’être suffisamment souple et ouvert pour conserver une certaine motivation à l’atteindre. Quand j’entends “fixer” un objectif, il y a l’enfant rebelle en moi qui rechigne car il n’aime pas tout ce qui s’apparente à la rigidité, au manque de nuances ou au côté définitif des choses.
Du coup, dans des situations de changement, si vous êtes obnubilé par les résultats, vous courrez le risque, à certains moments, de vous les représenter comme inatteignables. Ce sont tous ces moments où vous avez une baisse de forme, passez une mauvaise nuit, subissez une contrariété quelconque, bref être le sujet de tous les aléas tout à fait normaux de l’existence. Et c’est pile à ce moment là que viennent s’installer les doutes, les peurs, l’auto-sabotage et les remises en question existentielles. Vous rentrez alors, sans même vous en rendre compte, dans le fameux processus de résistances au changement. Le sommet de la montagne vous apparaît alors comme beaucoup trop loin et compliqué à atteindre; résultat, vous baissez les bras. Le changement, ce sera pour demain…
En revanche, le fait de porter votre attention sur le chemin que vous arpentez, plutôt que sur la destination que vous visez, vous permettra d’être plus conscient des petites avancées du quotidien. Ces petits pas qui vous rapprochent chaque jour du changement que vous souhaitez obtenir dans votre vie. Et il est toujours plus facile et moins coûteux en énergie d’avancer à petits pas plutôt que de vouloir atteindre le sommet d’une montagne en un seul bond (en plus d’être irréalisable).
Résistances au changement #7 – La recherche de plaisirs
Autre cause de résistances au changement, la recherche quasi perpétuelle de plaisirs. Notre société est passée au grade expert pour nous faire confondre besoins, désirs et plaisirs. Ces trois réalités, pourtant bel et bien différentes, ont de plus en plus tendance à s’entremêler pour finalement s’emmêler et nous emmêler. Il n’y a qu’à observer les campagnes de pubs pour s’en apercevoir.
Petit rappel de circonstance :
- Un besoin est ce qui s’apparente le plus à une nécessité d’ordre vital, fonctionnel, pragmatique. Il appartient au domaine du physiologique et du psychologique et possède un caractère naturel. Souvent inconscient, le besoin se manifeste sous différentes formes:
– Les sensations : la sensation de faim annonce le besoin de manger, la sensation de soif celui de boire, la sensation de sommeil celui de dormir, la sensation d’avoir froid celui de se couvrir, etc.
– Les comportements : Par exemple un comportement de repli sur soi peut satisfaire un besoin de se sentir en sécurité ou dans un autre registre un besoin de se retrouver soi-même. De la même manière quelqu’un qui coupe la parole très souvent à son interlocuteur peut satisfaire soit le besoin d’être entendu, soit celui d’exister en société… ou les deux.
- Un désir quant à lui est une représentation consciente d’une volonté nous conduisant à combler un besoin non satisfait. Il est plutôt d’ordre émotionnel, sentimental ou affectif. A noter aussi qu’un même besoin peut générer plusieurs types de désirs. Pour reprendre l’exemple du besoin de boire, commun à tout le monde, certains peuvent avoir le désir de prendre un verre d’eau pendant que d’autres pencheront pour un verre de soda.
- Et enfin, le plaisir est un sentiment que l’on éprouve à la suite (ou à l’idée) de la satisfaction d’un désir. Il peut prendre un aspect physique (le plaisir sexuel), psychologique (le plaisir de sentir aimé) et intellectuel (le plaisir de comprendre une théorie ou un concept).
Tout processus de changement passe inévitablement par une période d’instabilité et de remous émotionnels générant au mieux de l’inconfort, au pire de l’angoisse. Et étant donné que nous sommes biberonnés à toutes sortes de plaisirs éphémères depuis notre plus tendre enfance, l’intolérance à l’inconfort arrive à grand coup de stress, d’anxiété et de résistances quand sonne l’heure d’un changement. Pas étonnant donc que sortir de la fameuse zone de confort soit si… inconfortable.
Résistances au changement #8 – L’intolérance à la patience (l’exigence de l’immédiateté)
Un peu dans la même veine que le point ci-dessus, il y a un autre travers que j’observe de plus en plus aujourd’hui; l’intolérance à la patience. Et je me mets aussi dans le lot avec certaines situations.
Nous vivons au rythme des “livraisons à J+1”, des “fast-pass”, des “messageries instantanées”, des “réponses sous 24 heures”, et autres “urgent !! A faire pour hier”. Du coup, tout ceci créé dans notre esprit une représentation complètement tronquée du délai pour obtenir n’importe quel résultat. Rappelez-vous de cette petite pression qui émerge en vous quand vous envoyez un message à quelqu’un via messenger, what’s app et consors, que vous voyez qu’il l’a lu… ET QU’IL NE RÉPOND PAS INSTANTANÉMENT !!!
Du coup, en situation de changement (qui est un résultat à part entière), la plupart des gens s’attendent à un changement rapide. Il n’y a qu’à voir les promesses de n’importe quelle publicité pour obtenir le corps de vos rêves, devenir un roi du pétrole sur le web ou développer une confiance en vous extraordinaire pour le constater.
Le truc, c’est que ça ne fonctionne pas comme ça.
Déjà, nous avons tous un rythme différent, propre à chacun. Si changement il y a, il ne peut se faire qu’en fonction de ce rythme. Vouloir accélérer les choses car “c’est comme ça que ça fonctionne aujourd’hui ” est le meilleur moyen de ne rien changer du tout.
Ensuite, il y a un tout un processus en plusieurs étapes pour initier un changement. C’est le modèle en cinq étapes selon les psychologues James Prochaska et Carlo DiClemente : la pré-contemplation (ou l’inaction), la contemplation (ou la prise de conscience), la préparation, l’action et le maintien. Mais de ça, j’en parlerai dans un prochain billet car là, j’en ai assez dit sur le sujet.
Je vais aller prendre un Doliprane 🙂
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