Partager la publication "8 causes de résistances au changement (Partie 1/2)"
Je vous en avais un peu parlé dans le billet sur le troisième pilier pour sortir d’une dépression , le vaste sujet du changement est central dans les thérapies ou le coaching. Je l’avais déjà abordé sous différents angles dans les pages de ce blog : « Croyances et changements« , « Souris verte et changements » et « Faire du neuf avec du vieux«
Parmi les nombreux sujets liés au changement, il y en a un qui m’interpelle à plus d’un titre; les résistances au changement. Que ce soit au niveau individuel ou collectif, les exemples foisonnent et viennent titiller ma curiosité sur ce phénomène. Voici donc 8 causes possibles de résistances au changement.
A noter que toutes les causes de résistances au changement que vous lirez dans ce billet sont liées entre elles de près ou de loin. L’idée est donc d’éviter le piège du cloisonnement et tomber dans les travers des recettes magiques et autres solutions miracles pour palier aux résistances au changement.
Résistances au changement #1 – L’absence d’intention
C’est un peu la base de la base. Tout changement implique nécessairement au départ une intention de changer. Attention, je ne parle même pas de volonté, mais juste d’intention. La différence est que la volonté peut parfois être une formidable poudre aux yeux pour nous bercer d’illusions. Combien de fois avez-vous VOULU changer quelque chose… qui est resté à l’identique (habitudes, comportements, relations, situations, etc.) ?
Je ne nie pas l’importance de la volonté dans un processus de changement; elle est même indispensable pour tenir le changement dans la durée. Mais à mon sens, l’intention précède la volonté; c’est un peu comme, dans une voiture, tourner la clé pour mettre le moteur en marche. C’est aussi dans ce sens que se comprend la formule de Jacques Salomé
Le changement est comme une porte qui ne s’ouvre que de l’intérieur
Si vous n’avez pas l’INTENTION d’ouvrir la porte, toute votre bonne VOLONTÉ pour accueillir le changement chez vous ne servira à rien.
Résistances au changement #2 – Les croyances limitantes
J’aurais même dû placer en premier cette cause de résistances au changement tant elle me semble être la pierre angulaire de tout changement, qu’il soit individuel ou collectif. Les croyances limitantes sont toutes ces certitudes, ces affirmations que vous avez sur vous-même, les autres ou le monde qui vous entoure. Sorte de présupposés bien ancrés au fond de votre cerveau, les origines des croyances limitantes se perdent dans l’immense méli-mélo d’expériences (douloureuses) passées, de messages (contraignants) de vos figures d’autorité et d’autres pensées dogmatiques immuables issues des différents environnements par lesquels vous êtes passé.
Tout ceci se résume par une formule de Frederic Vester, reprise par Paul Watzlawick dans son ouvrage “Les Cheveux du baron de Münchhausen” : “C’est moins l’absence de moyens intellectuels et techniques qui fait obstacle à la transformation de notre manière de penser et d’agir que l’énorme poids des traditions et des tabous, des idées acquises et des dogmes intouchables. Sans aucun fondement génétique, ils ont été transmis comme des vérités inaltérables de génération en génération”.*
* Du désir au plaisir de changer – Françoise Kourilsky – Editions Dunod 2008
Résistances au changement #3 – La force de l’habitude (les ancrages)
Les habitudes, dont nous avons parfois du mal à nous débarrasser, sont des ancrages issus de la répétition d’un stimulus et d’une réponse émotionnelle et comportementale associées.
Vous voulez des exemples ?
- Le café/clope des fumeurs invétérés
- Le petit carreau de chocolat le soir devant la boite à décérébrer.
- Le chemin que vous prenez pour aller travailler
- Le sens dans lequel vous faites vos courses
- Les produits que vous achetez
- Le sucre que vous mettez dans le café
- Le petit apéro pour se détendre après la journée de travail
- etc.
Changer une habitude que l’on sait pourtant être nocive (pour notre santé, nos relations, notre équilibre psychique ou simplement notre bien-être) demande une sorte de réapprentissage (plus ou moins long) pour associer d’autres comportements à des contextes similaires.
Par exemple, si vous voulez obtenir la détente après la journée de travail tout en évitant l’apéro, cela va demander un certain temps avant qu’un nouveau comportement soit associé à ladite détente. Autre exemple, si vous avez toujours pris votre café / clope à un endroit bien précis (balcon ou autre), l’idée si vous voulez arrêter la cigarette, serait de commencer par vous rendre dans un autre lieu pour boire votre café.
Certains avancent le principe universel des 21 jours pour changer une habitude. Perso, je n’y crois pas (vous connaissez mon aversion pour les vérités établies et les formules magiques). Il y a tellement de paramètres qui entrent en jeu, que ce fameux délai de 21 jours me semble pousser ma grand-mère dans les orties (une pensée pour toi, Mémé)
Je vous invite d’ailleurs à regarder une vidéo très sympa qui illustre parfaitement cette notion d’apprentissage et de désapprentissage : comment apprendre à désapprendre ?
Résistances au changement #4 – Le bénéfice secondaire
Bien connu des psy et autres professionnels du changement, le bénéfice secondaire est une sorte de conséquence inattendue et pourtant positive d’un comportement ou d’une situation qui, à première vue, semble problématique pour une personne.
C’est un sujet que j’explore systématiquement avec mes clients lors des toutes premières séances de coaching. En général, la question que je leur pose est la suivante :
Quel(s) seraient les inconvénients à changer ce que vous souhaitez changer aujourd’hui ?
ou sa cousine germaine
Quels seraient les avantages à conserver votre situation actuelle ?
Et en général, voici le type de réactions que j’obtiens :
Tout ça pour dire que les bénéfices secondaires ne sautent pas aux yeux de celui ou celle qui souhaite obtenir un changement dans sa vie. Ils sont la plupart du temps bien enfouis sous des couches d’excuses, de bonne volonté (cf point 1) et autres illusions auto-infligées.
Exemple de bénéfices secondaires chez quelqu’un qui souhaite changer de job pour X et Y “bonnes raisons”… et qui se plaint d’être toujours à la même place depuis des années :
- La sécurité de l’emploi qu’il occupe
- Le salaire confortable qu’il touche
- Le lieu correspondant à un minimum de trajet
- La reconnaissance qu’il obtient de ses équipes
- Les divers avantages en nature
- etc.
Autre exemple avec des bénéfices secondaires plus subtils chez quelqu’un qui se plaint d’échouer dans tout ce qu’il entreprend :
- Le soutien d’un certain entourage réconfortant
- Le maintien dans la fameuse zone de confort
- L’évitement du risque de réussir
- Le respect d’une injonction culpabilisante vis-à-vis de la notion de “réussite”
- La validation de la preuve qu’il est victime d’un système plus fort que lui
- etc.
Vous aurez compris que pour minimiser les résistances au changement, il est nécessaire, voire indispensable, de prendre en compte les bénéfices secondaires; ces avantages implicites ou explicites à conserver la situation ou le comportement problématique en l’état actuel.
Bon, je vous avais prévenu; le sujet m’intéresse beaucoup 🙂 . Du coup, je me rends compte là que ça va être plus long que prévu et vous invite à patienter jusqu’à la prochaine fois pour la suite de ce billet sur les résistances au changement.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux.
Plutôt early adopter, je ne me sens pas concerné par de telles résistance, j’en fais même un atout personnel :
« The early bird gets the worm ». Pour ceux qui hésitent : « SVP laissez-moi passer ! »
Bien cordialement – Guy
Bonjour,
Je reformulerai la résistance N°1 de l’absence d’intention par l’absence de décision !
Nous pourrions aussi chercher la réponse en posant cette question :
Est-ce le bon moment pour ce changement ?
Ou encore : Est-ce que je suis prêt réellement à aborder ce changement ?
Cordialement
Eric de Pommereau
En effet Eric.
Le temps du changement est très aléatoire selon les individus. Et parfois, il y a même un conflit interne entre le temps que le client CROIT être le bon et le temps dans lequel il est effectivement prêt à changer.
Au plaisir de te lire prochainement 🙂
L’inhibition a des causes profondes et reste sans forme ni fond : pas de croyance, ni de bénéfice ou tout autre rejeton. Elle n’est pas une résistance au changement mais une résistance en quelque sorte au désir de vivre l’actuel comme le nouveau.