Partager la publication "Relation de coaching : distance ou proximité ? (Partie 2/2)"
La semaine passée, je débutais un article concernant la distance dans les relations humaines. Qu’elle soit physique avec les notions de sphères intimes, personnelles, sociales et publiques ou thérapeutique comme nous la retrouvons souvent dans les milieux soignants, la distance peut prendre de multiples formes. Cette semaine, je vais creuser un peu le sujet de la distance dans la relation de coaching. Après tout, c’était la question de départ que m’avait posée une lectrice; il était temps que j’y réponde 🙂
La distance client / coach : un ajustement de chaque instant
Je dirais que si une distance existe dans la relation de coaching, elle doit avant tout servir à mon client. La subtilité de la démarche réside dans le fait de favoriser ce qu’il faut de proximité relationnelle tout en gardant une certaine distance émotionnelle et déontologique.
Je m’explique.
La proximité relationnelle
Le principe du coaching (et des autres métiers de l’accompagnement) est de créer une alliance suffisamment forte et authentique avec le client pour lui permettre d’explorer des voies qu’il n’avait pas envisager jusque-là (pour x et y raisons). Cette coopération place le coach et le client dans un système relationnel ou toutes sortes de dynamiques peuvent se mettre en route. Les plus connues étant celles du transfert et du contre-transfert.
Au fur et à mesure de l’accompagnement, c’est précisément grâce à la qualité de cette relation qui s’est établie entre le client et son coach que le premier sera en mesure d’évoluer et le second ajusté dans sa posture.
En me référant toujours à Carl Rogers, l’un des facteurs favorisants une relation de qualité est “que les attitudes et les sentiments du thérapeute importent bien plus que son orientation théorique. Ses processus et ses techniques sont moins importants que ses attitudes. Il faut noter également que c’est la façon dont ses attitudes et ses processus sont perçus qui compte pour le client, et que cette perception est cruciale.”
Alors OK, il s’agit d’un contexte psychothérapeutique, mais même si le processus est différent, le contexte relationnel est similaire à celui du coaching.
La distance émotionnelle
Il s’agit là de faire la différence entre les émotions qu’éprouve le client et les émotions que nous éprouvons au même instant. Faire la différence signifie que le coach puisse identifier toutes les émotions qui s’invitent dans l’espace/temps du coaching.
Si, en tant que coach, je confond les émotions du client avec mes propres émotions (et vice-versa), je ne suis pas en mesure de le mettre lui, à distance de ses émotions pour pouvoir les considérer et les vivre différemment.
J’avais abordé ce sujet dans un billet concernant l’empathie. Je vous propose d’y jeter un oeil pour en savoir un peu plus : « Qu’est ce que l’empathie ?«
La distance déontologique
Quant à la distance déontologique, il s’agit d’être vigilant à ce que cette fameuse relation reste dans un cadre professionnel, dénuée de tout conflit d’intérêt ou de rapprochement d’ordre intimiste.
Bon nombre de coachs suivent un code de déontologie lié aux fédérations professionnelles de coaching. Sont stipulés dans ce code les comportements et attitudes déontologiquement adaptés et non adaptés. Reste aux coachs qui ont signé ces codes de les suivre lors de leurs accompagnements.
Voici quelques exemples de conduites professionnelles d’après le code de déontologie d’ICF (International Coach Féderation)
- 3. Le coach respectera les diverses approches de coaching. Il traitera avec respect les travaux et les contributions de tiers et ne les présentera pas comme siens.
- 10. Le coach se tiendra responsable de déterminer les limites claires, pertinentes et culturellement adaptées qui gouvernent quelque contact physique qu’il puisse avoir avec ses clients.
- 11. Le coach n’engagera de relation intime ou personnelle avec aucun de ses clients.
- 22. Le coach respectera la confidentialité des propos de son client, sauf autorisation express de sa part ou exigence contraire de la loi.
- 25. Le coach veillera à éviter tout conflit entre ses intérêts et ceux de ses clients.
La distance déontologique est donc une distance instaurée par le respect d’un code de déontologie stipulant un ensemble de conduites professionnelles liées au client, à la confidentialité et aux conflits d’intérêts.
C’est la même chanson
Pour être en mesure de garder la distance la plus ajustée et favoriser une proximité relationnelle la plus adaptée à l’accompagnement , il n’y a rien de plus indiqué que le travail du coach sur lui-même, que ce soit en supervision ou en thérapie. Je radote un peu sur le sujet dans les pages de ce blog, mais ces espaces de réflexion sur ma pratique professionnelle et ma posture me permette de pratiquer mon coaching en conscience de tout ce qui peut se jouer précisément dans le cadre d’une relation client/coach.
Pour finir, je reprends une nouvelle fois une réflexion de Carl Rogers :
“Je soupçonne fortement que la relation personnelle d’aide optimale est celle qui est créée par une personne d’une grande maturité psychologique. En d’autres termes, ma capacité à créer des relations qui facilitent la croissance de l’autre comme une personne indépendante est à la mesure du développement que j’ai atteint moi-même. »
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Au-delà de la question de la distance, il me semble important de se poser la question des limites sous 2 aspects :
– confiance
– neutralité
Voilà à mon sens encore deux points clés du coaching, conditions de succès et d’efficacité !
Eric de Pommereau
Coach et superviseur
La notion d’ ancien ou de vieux sage n’ est donc pas obsolète.
Merci à vous deux pour vos retours 😉