Voici une lettre que je souhaitais t’écrire en écho à notre atelier de ce matin. Nous avons exploré avec le groupe tout ce qui tourne autour des besoins fondamentaux. Et quand nous avons exploré les tiens, tu as souhaité exprimer ton besoin irrépressible d’être aimé et donc, en miroir de ce besoin, la peur de ne pas être aimée. Et ce fut intéressant d’observer la résonance de ton témoignage chez les autres participantes. Du coup, chacune s’est aussi retrouvée dans cette peur de ne pas être aimée. C’est pourquoi, il m’a semblé opportun de partager ces quelques lignes avec toi, en espérant qu’elles puissent aussi faire écho à celles et ceux qui les liront.
Celle que tu appelles donc « Peur-de-ne-pas-être-aimée » s’est invitée dans ta vie il y a belle lurette. Tu as relativement bien identifié cette période de ta vie où l’environnement dans lequel tu as grandi était loin d’être sécurisant pour la petite fille que tu étais. L’instabilité émotionnelle et psychique que vivait ta mère ainsi que les différents comportements qui y étaient associés, ont probablement ouvert la porte à « Peur-de-ne-pas-être-aimée« . D’ailleurs, il est aussi possible que ta mère ait eu une longue histoire avec « Instabilité » et avec laquelle elle se débattait depuis tant d’années.
Ainsi, après avoir saisi l’occasion de s’inviter chez toi, « Peur-de-ne-pas-être-aimée » a donc commencé à te dicter sa loi. Et voici quelques messages qu’elle distille en toi depuis toutes ces années :
« Si tu dis non alors personne ne t’aimera »
« Répondre à tes besoins avant de répondre à ceux des autres fera de toi une égoïste »
« Si tu ne fais pas plaisir, alors tu ne mérites pas la reconnaissance des autres »
« Dire oui à chaque fois qu’on te demande quelque chose prouve que tu es quelqu’un de bien »
« Accepte toutes les situations, même celles qui vont à l’encontre du respect de toi »
« T’occuper des autres avant de t’occuper de toi montre que tu as de la valeur »
Comme tu le vois, « Peur-de-ne-pas-être-aimée » emploie des stratégies fourbes pour te faire douter de qui tu es et de ce qui est important pour toi. Sous sa voix mielleuse, elle te susurre à l’oreille toutes ces conditions pour qu’ELLE puisse continuer d’exister… à tes dépens bien sûr.
Autre preuve de sa perfidie, c’est quand elle utilise un besoin fondamental chez tout être humain et qu’elle en fait une arme de dévalorisation massive; il s’agit du besoin de reconnaissance. Car oui, chacun de nous, d’une manière ou d’une autre, demande à satisfaire ce besoin. Certains le font par des activités où ils obtiennent une reconnaissance d’un large public (artistes, comédiens, politiques, sportifs, écrivains, etc.) alors que d’autres se satisfont de signes de reconnaissance de quelques personnes importantes pour eux.
Mais quand « Peur-de-ne-pas-être-aimée » utilise ce besoin à mauvais escient, elle te conduit à vouloir obtenir des signes de reconnaissance de tout le monde, partout et tout le temps. Du coup, ça devient vite un enfer car c’est comme vouloir vider l’eau de la mer, il n’y a jamais de fin possible.
Au bout du compte, ce besoin de reconnaissance, tel qu’il est manipulé par « Peur-de-ne-pas-être-aimée« , ne sera jamais satisfait. D’où ce sentiment de frustration et de mal-être quasi-permanent que tu ressens.
Voyons maintenant les conséquences de « Peur-de-ne-pas-être-aimée » dans ta vie. Tu les connais bien mieux que moi, mais je te les retranscris ici pour que tu puisses en avoir une vision globale.
Déjà, elle t’incite à vouloir sauver la veuve et l’orphelin.
Tu le dis toi-même, ton côté « sauveuse » t’a conduit à maintes reprises à t’enliser dans des relations destructrices ou celui que tu percevais comme « victime », s’est révélé être un « persécuteur » et t’a fait basculer à ton tour en posture de « victime ». Plus globalement, « Peur-de-ne-pas-être-aimée » te faisait endosser ce rôle de sauveuse à chaque fois que tu rencontrais quelqu’un qui avait (de ton point de vue) besoin d’être sauvé.
Ensuite, je ne sais pas si « Peur-de-ne-pas-être-aimée » est timide, mais quand elle veut s’exprimer, il lui arrive souvent de mettre en avant l’une de ses sœurs, « Peur-de-dire-non« .
Du coup, les conséquences sont multiples et se retrouvent dans tes différents domaines de vie.
Par exemple, dans ton environnement professionnel, tu étais celle à qui on refilait les dossiers complexes, les tâches ingrates ou à qui le N+1 demandait toujours de « rester un peu plus« .
Au niveau de ta vie sentimentale, cela t’a aussi conduit à accepter des choses de tes partenaires que tu n’aurais jamais acceptées si « Peur-de-ne-pas-être-aimée » et sa sœur « Peur-de-dire-non« n’étaient pas là, à parler et agir à ta place.
Enfin, au niveau de tes relations sociales, un peu dans la même veine que précédemment, « Peur-de-ne-pas-être-aimée » prend un malin plaisir à te mettre des bâtons dans les roues quand il devient nécessaire de te positionner dans une relation qui manifestement va à l’encontre de ce qui est important pour toi.
Bref, les conséquences de « Peur-de-ne-pas-être-aimée » dans ta vie sont légion et il est effectivement grand temps que tu te (re)positionnes face à elle 😉
Comment ? tu me diras.
Voici une piste que je te propose d’explorer.
L’histoire que « Peur-de-ne-pas-être-aimée » a écrit pour toi n’est qu’un récit d’une partie de ta vie. Un peu comme si elle t’avait fait prendre un chemin parmi d’autres parce que ton contexte à l’époque l’a rendu plus visible et que, connaissant ce chemin par cœur, c’est elle qui guidait tes pas.
Pour autant, dans ton récit de vie, tu m’as aussi montré que parfois tu vivais des expériences qui se situaient sur d’autres chemins; là où précisément « Peur-de-ne-pas-être-aimée » n’existe pas, où elle n’a pas sa place et n’a aucune influence sur toi.
Ce sont ces expériences de vie où tu as fait appel à l’une de tes ressources, celle qui d’ailleurs est la plus grande ennemie de « Peur-de-ne-pas-être-aimée »; il s’agit bien sûr de « Affirmation de soi ».
Comme cette fois-là où tu avais été jusqu’au bout ton envie de suivre cette formation qui te tenait à cœur; et ceci malgré les tentatives de dissuasion de ton entourage. Voilà comment tu t’es créé une nouvelle route sur laquelle tu te réalises désormais.
Ou cette autre fois où ce fut la brimade de trop et que tu as su dire non à la façon dont ton conjoint te traitait. Et bien que d’autres formes de peur se soient invitées dans la situation, elles n’étaient pas du tout de la même famille que « Peur-de-ne-pas-être-aimée ». Au contraire, dans cette situation, elles étaient très appropriées car ne souhaitant qu’une seule chose pour toi : que tu puisses te mettre en sécurité et te sentir protégée. Et bien sûr, « Affirmation de soi » était aussi là pour te donner la force de passer à l’action.
En creusant un peu, tu as pu constater que grâce à « Affirmation de soi » tu as pu résister à « Peur-de-ne-pas-être-aimée » et rester sur les décisions que tu avais prises. Et ce qui était important pour toi là-dedans, c’est que ces situations t’ont montré que tu es aussi quelqu’un qui sait prendre des décisions et les assumer jusqu’au bout. Tu as même eu cette image de toi comme une « femme d’affaires » qui dirige son entreprise. Cette image t’a beaucoup fait rire, mais derrière la légèreté du moment, tu as aussi ressenti une certaine force s’installer en toi.
Parce qu’au-delà d’une femme d’affaires qui dirige son entreprise, tu as aussi vu que tu pouvais être une femme qui dirige sa vie en étant libérée de cette peur de ne pas être aimée.
Bonne route à toi.
Christophe
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