Nous avions vu la semaine dernière qu’un des éléments essentiel au bon déroulement d’un coaching est l’existence même de la demande de coaching. Cette demande possède certaines caractéristiques qui rendent sa réalisation plus ou moins simple. Voyons aujourd’hui comment nous pouvons faire la distinction entre la demande et le besoin d’accompagnement.
Demande de coaching ou besoin de coaching ?
C’est là que les choses deviennent intéressantes. (Enfin, j’espère que c’était déjà intéressant la semaine dernière…)
Je fais effectivement une différence fondamentale entre la demande et le besoin. Plusieurs cas de figures entrent en jeu:
- Une personne peut demander à être accompagnée sans en avoir vraiment besoin. Nous sommes alors dans l’essence même du coaching à savoir améliorer ce qui va déjà bien afin d’accéder un meilleur niveau de réalisation de soi. Entre nous, à ce jour, je n’ai reçu aucune demande de cet ordre.
- Une autre peut demander à être accompagnée car elle souhaite répondre à un besoin non satisfait comme par exemple le besoin de prendre du recul, de faire un point sur sa situation, de trouver une voie d’engagement, d’équilibrer ses relations, d’apprendre à mobiliser ses ressources, etc. Bref, toutes les indications que nous pouvons trouver dans les plaquettes commerciales des coachs.
- Un troisième individu pourra quant à lui avoir un “vrai” besoin d’accompagnement, qu’il peut ou pas ressentir, et surtout qui a des répercussions négatives sur lui-même ou son environnement. En revanche, il ne voit pas l’intérêt de demander à être accompagné pour tout un tas de raisons qui lui sont propres (perte de temps, croyances sur le métier, égo surdimensionné, déni du besoin et des conséquences, etc.)
- Enfin un dernier peut se trouver dans le même “vrai” besoin que le précédent, comprendre les bénéfices de la demande d’accompagnement mais ne toujours pas passer à l’acte pour d’autres raisons qui, elles aussi, lui sont propres (manque de confiance en soi, manque de connaissance sur l’accès aux professionnels, croyances sur l’investissement, crainte du regard de l’entourage, crainte de “mal tomber”, etc.)
Un le matin, un le midi, deux le soir
Pour illustrer cette idée de demande et de besoin, je prends l’exemple du coaching prescrit. En entreprise, il est de coutume de fonctionner sur ce mode d’accompagnement. Généralement, c’est un responsable des ressources humaines ou un dirigeant qui prescrit le coaching pour un des collaborateurs au sein de l’entreprise. Parfois, ce dernier n’a absolument rien demandé et ne ressent même pas le besoin de se faire accompagner.
Que ce soit réel ou pas, peu importe!
Ici, nous sommes face à une des problématiques complexes des coachs en entreprise, à savoir faire coïncider une demande d’un employeur avec un besoin perçu par lui vis à vis d’une tierce personne dont elle-même ne ressent ni le besoin ni la demande. Ou pire, que cette dernière ressente que le besoin se situe précisément là où est faite la demande, c’est à dire sur l’employeur.
En gros c’est “Je pense à ta place ce qui est bon pour toi”. Bonjour l’infantilisation!!
Ce type de situation est un terrain super glissant pour le coach qui se devra d’être très au clair avec sa posture et sa déontologie pour s’engager ou pas dans ce type de mission.
Heureusement, dans la majorité des cas, nous pouvons trouver une cohérence entre la demande de l’employeur, son besoin et celui de la personne accompagnée. Dans ce cas, les choses se déroulent sans problème majeur.
Pour finir, je voudrais partager une pensée issue de la philosophie zen que l’on appelle un Kôan:
“Pour savoir si l’eau d’un bol est chaude ou froide, il faut y mettre le doigt… Il ne sert à rien de discuter”.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Bonsoir Christophe,
Cette deuxième partie de ton article me fait penser à la création de l’alliance entre le coach et le coaché(e) ou le coach, l’entreprise et le coaché. Dans les deux cas il est important de mesurer le besoin et le niveau de responsabilité du coaché: est-il visiteur ou demandeur ou acheteur? (pour reprendre les termes de l’approche orientée vers les solutions)
Le visiteur est poussé par un autre, il n’a pas de problème et n’est pas responsable. Le demandeur a tendance a se plaindre d’un autre, il a un problème et n’est pas responsable. L’acheteur, lui, vient pour lui-même, il a un problème et il est responsable.
Selon le cas, l’approche pour créer l’alliance et trouver la motivation chez le coaché ne sera pas la même.
Cela pourrait être une suite à ton article!?! 🙂
Merci Christophe pour tes articles.
Florence
Bonjour Florence
C’est effectivement un parallèle évident avec l’approche orientée solution. J’en avais pris connaissance il y a quelques temps, mais n’étant pas spécialiste de cette méthode, je ne m’y suis pas aventuré pour rédiger cet article.
Une nouvelle fois, je te remercie pour l’enrichissement que tu apportes à ce blog, par tes commentaires très pertinents.
Merci Christophe pour ce billet. Une suggestion est de valider à trois l’objectif de la demande et du besoin, après avoir eu les sons de cloche de chacun ….ce qui permet de cadrer précisément le cadre de notre intervention, et du coup de pouvoir plus facilement identifier ce que seront les critères de résultat pour chacune des parties et de les faire valider par tous, ou de les redéfinir jusqu’à adhésion de tous. Pas toujours simple, car cela peut prendre du temps et ce temps là est rarement rémunéré ! Mais indispensable pour poser le cadre.
Très pertinente suggestion. Et la pose du cadre est un élément primordial pour un accompagnement le plus serein possible.
Merci de ton enrichissement 🙂