Personne ne choisit sa famille, à la naissance. Nos amis, nos collègues, nos connaissances, nous les choisissons, dans une certaine mesure. Et nous les aimons souvent davantage parce que nous les côtoyons dans un environnement précis, ou à des moments choisis. Ils deviennent parfois notre famille de cœur, notre bouffée d’oxygène. Même lorsque nous créons notre propre famille, nous restons intimement liés à nos parents et à nos ancêtres. Cet ancrage, qui peut être considéré comme pesant, peut aussi s’avérer source de réconfort, d’amour et d’entraide. Mais pour en arriver là, il peut être utile de puiser des ressources dans nos autres relations. Nous allons tenter de comprendre ici comme le développement de nos rapports humains peut exercer une influence profondément positive sur nos relations familiales.

L’estime de soi et la confiance en soi, des piliers pour des relations sereines

Commençons par éclaircir un peu le lexique. Estime de soi, confiance en soi, est-ce que l’on parle de la même chose ? Il y a bien un lien, mais ces deux termes impliquent un rapport différent à ce que l’on est. Avoir confiance en soi, c’est se sentir capable de réaliser quelque chose. Par exemple, vous pouvez avoir confiance en votre capacité à :

  • accomplir votre travail ;
  • élever vos enfants ;
  • ranger votre maison ;
  • payer vos factures ;
  • exceller dans un domaine sportif ou artistique ;
  • organiser des évènements avec vos proches.

Mais ce sentiment ne suffit pas à vous sentir accompli s’il ne s’accompagne pas d’estime de soi. Se sentir estimé dépend certes de l’amour que l’on se porte, mais aussi de la reconnaissance des autres – je me sens validé par mes proches, je sais qu’ils m’aiment, qu’ils me considèrent comme une personne à part entière.

À travers les relations que l’on construit avec les humains, avec nos collègues, nos voisins, nos interlocuteurs divers, l’on développe à la fois son estime et sa confiance. Et celle-ci s’exprime tout naturellement dans nos interactions familiales. Ce processus se remarque à partir du moment où le jeune enfant évolue dans un autre milieu que son seul cercle familial : l’école, la crèche, la nounou, l’aire de jeux… Tous les échanges qu’il a avec d’autres personnes contribuent à forger son identité.

S’il côtoie des personnes malveillantes, il se montrera de plus en plus agité et désagréable à la maison. Si au contraire ses rencontres lui apportent de l’ouverture d’esprit, de la tolérance, de l’amour envers l’autre, il les répercutera sur ses rapports avec ses parents ou ses frères et sœurs.

Pour construire sa confiance en soi, il faut des compétences et l’approbation des autres. Pour construire son estime de soi, il faut de l’amour et de la bienveillance, qui viennent aussi bien de nous que de notre entourage.

En quoi confiance et estime vont nous aider dans nos relations familiales ? Lorsque l’on se sent valable et capable, on exprime plus facilement ses opinions, ses sentiments. Cela évite de nourrir des rancœurs, de taire des désaccords, ou tout simplement de se sentir étranger à sa propre famille.

En diversifiant nos sources de soutien social, nous réduisons également la pression émotionnelle qui s’applique à nos proches. Se confier à un ami sur un conflit avec son compagnon, solliciter un collègue pour un avis sur une situation avec son enfant peuvent réellement nous aider à conserver des interactions saines avec notre famille.

Les compétences relationnelles se travaillent en-dehors de la famille

Il peut être très difficile de sortir d’un schéma familial. Par exemple, si vous avez l’habitude depuis toujours de contredire votre mère ou de tourner en dérision votre frère, il vous sera compliqué de changer cette attitude par la seule volonté.

Le cadre extérieur, nos liens avec d’autres personnes nous aident à vivre les mêmes situations différemment. Vous ne supportez pas que vos enfants vous contredisent ? Vous réagirez peut-être d’une façon toute autre avec l’enfant d’un ami. Vous vous disputez régulièrement avec votre conjoint ? Vous prendrez du recul sur vos relations lorsque vous devrez gérer des conflits avec des clients ou des collègues. Toutes les compétences acquises dans les cercles extérieurs à la famille viennent nourrir nos liens les plus intimes.

L’univers professionnel s’avère souvent très formateur en ce qui concerne la capacité à communiquer efficacement. Pour travailler en équipe, vous apprenez progressivement à :

  • trouver un terrain d’entente ;
  • négocier ;
  • défendre votre point de vue sans agressivité ;
  • préparer un argumentaire logique dans un moment de calme ;
  • accepter les compromis ;
  • faire des remarques constructives et en accepter.

Autant d’atouts à exploiter dans vos relations familiales !

L’ouverture d’esprit et la tolérance s’acquièrent avec la diversité

Mise en situation : parent d’une jeune adolescente, vous venez d’apprendre qu’elle souhaite se convertir à une autre religion, changer de sexe ou déménager à l’autre bout de la planète. Des décisions aussi radicales ébranlent bien souvent la structure familiale. Si vous ne vous êtes jamais intéressé au monde extérieur, vous vous sentirez complètement désemparé et isolé.

Au contraire, côtoyer des personnes de milieux variés constitue une véritable chance pour mieux comprendre et accompagner nos proches dans leurs changements. L’on s’aperçoit que de grandes décisions cachent parfois des insécurités ou qu’elles ne sont pas si absolues que cela. Connaitre une personne qui a déjà vécu ce que vous vivez, c’est bénéficier d’un regard plus éclairé et d’une ouverture d’esprit qui améliore la relation à votre proche. Vous vous trouvez mieux armé pour le soutenir, le guider, le conseiller.

Les autres nous font grandir

Le pédopsychiatre Bernard Bolse identifie plusieurs définitions du mot « grandir » :

  • se différencier des autres ;
  • devenir plus autonome ;
  • être capable de raconter son histoire, de faire le récit de sa propre vie ;
  • se socialiser.

L’on ressent fortement l’impact de l’entourage dans le processus de croissance. Comment grandir si personne n’est là pour vous montrer les directions possibles ? Comment grandir si vous restez indéfiniment dépendant de vos parents ? Comment grandir sans affronter le monde extérieur ?

Tous les parents craignent et savourent à la fois le fait de voir leur enfant grandir. En lui laissant la possibilité de faire ses propres expériences hors du nid familial, ils renforcent son estime et sa confiance. « Oui, tu es capable de faire tes choix en connaissance de cause, même si j’ai peur de te perdre. » Finalement, les enfants les plus couvés étouffent et font tout leur possible pour prendre de la distance avec le cocon familial. Ceux qui ont pu s’épanouir auprès d’autres personnes connaissent l’importance de leurs racines, et font leur possible pour les préserver. 

Comment améliorer la communication en famille ?

Que vous ayez expérimenté ou non de bonnes expériences de communication avec votre entourage, vous pouvez toujours améliorer les pratiques qui existent dans votre famille.

Maintenez le lien avec les personnes âgées

Nos grands-parents, parents âgés, voire arrière-grands-parents sont riches de leur vécu. Ils constituent la base de la famille, le socle inébranlable, malgré les conflits et désaccords qui existent parfois. En maintenant le lien avec eux, nous rendons hommage à leur amour, à leur expérience, à l’énergie qu’ils nous ont consacrée.

Vous vivez loin de vos grands-parents ? Vous ne voyez que rarement vos parents ? Investissez dans une solution numérique pour garder le contact. Et si vous n’aimez pas trop écrire, vous pouvez simplement partager vos meilleurs clichés et vos plus belles vidéos via l’album photo partagé MemoFamille, spécialement conçu pour être accessible à tout âge.

 

 

Instaurez des rituels

L’on ne saurait trop insister sur l’importance des rituels chez les enfants. Un repas préparé et partagé ensemble, une activité qui revient tous les week-ends, une soirée dédiée aux jeux de société, un moment de convivialité dans la semaine s’avèrent salvateurs pour renforcer les liens familiaux.

Et n’hésitez pas à inclure vos proches dans ces rituels : le dimanche midi chez mamie, le mercredi après-midi en visio avec le tonton d’Amérique, le premier samedi du mois à la piscine avec les cousins, etc.

Pratiquez l’écoute active

Quel exercice difficile que celui de l’écoute active ! Ne pas interrompre, ne pas juger, simplement écouter. Une telle qualité de présence suffit souvent à renforcer les liens entre deux personnes. Alors, si vous sentez que votre femme, votre fils ou votre grand-mère a le cœur gros, proposez-lui un moment d’écoute. Voici quelques astuces pour y parvenir :

  • concentrez-vous pleinement sur la personne qui vous parle ;
  • coupez votre téléphone ;
  • montrez-vous empathique, même si vous ne comprenez pas tout ;
  • posez des questions plutôt que de donner de conseils ;
  • accueillez les émotions ou les sentiments tels qu’ils sont exprimés ;
  • gardez un peu de distance émotionnelle, car des mots sortis du cœur peuvent parfois heurter sur le moment.

Les avantages d’une relation apaisée avec sa famille

Nous en conviendrons aisément, garder des liens forts avec sa famille nécessite beaucoup de temps et d’énergie. Il est beaucoup plus facile d’offrir une console de jeux vidéo à son enfant que de prendre 30 minutes par jour pour l’écouter raconter sa journée. Beaucoup plus rapide d’envoyer un SMS à son papa pour lui souhaiter bonne fête que de passer des heures en magasin à dénicher le cadeau qui lui ferait plaisir.

Pourtant, les liens que nous tissons avec nos frères et sœurs, cousins, oncles et tantes, parents, enfants, grands-parents s’avèrent source de bienfaits pour nous. Tout ce temps, cet argent, cette énergie investis finissent par nous revenir sous différentes formes.

Le saviez-vous ? Une étude a montré que les adultes qui ont des relations sociales pauvres ont deux fois plus de risques de mourir que ceux qui bénéficient de liens sociaux forts. C’est tout un pan de la santé qui est impacté. Les personnes isolées souffrent davantage de maladies cardiovasculaires, d’hypertension, de cancers, de blessures longues à guérir. La famille, en prodiguant des liens réguliers et intenses, agit donc dans le sens d’une meilleure santé.

D’un point de vue de la santé mentale, là aussi, l’importance des liens sociaux se fait sentir. D’après cette étude menée sur 7 ans, la dépression est étroitement liée à la prévalence des relations, dans un sens comme dans l’autre. Les personnes qui bénéficient d’un entourage présent ont moins de risques de souffrir de dépression, mais celles qui souffrent de dépression ont également plus de risques de s’éloigner de leurs proches.

Parmi les autres bénéfices de se sentir proche de sa famille, l’on peut identifier :

  • le sentiment de sécurité affective ;
  • le sentiment de sécurité financière ;
  • le sentiment d’appartenance à un groupe ;
  • l’impact positif sur le développement des enfants ;
  • l’amélioration de la capacité de résilience suite à un traumatisme ;
  • l’accès à des conseils ou à du matériel ;
  • l’aide aux transitions de la vie (naissance, déménagement, etc.).

Tout au long de notre vie, nos rapports humains nous aident à créer et entretenir un réseau familial équilibré. Cela ne signifie pas éviter les conflits, mais être capable de les transcender et de les résoudre sans répercussion majeure. Nous finirons ce sujet par une citation de la romancière Janine Boissard qui semble tout à fait à propos :

« Avoir l’esprit de famille, c’est aimer se retrouver parmi les siens, non pour s’y enfermer, mais pour y prendre des forces afin de mieux s’ouvrir aux autres. »