Partager la publication "Le bonheur est dans la chair de poule (partie 1/2)"
Si je vous demande “Êtes-vous heureux, là, maintenant, tout de suite ? » Vous auriez probablement un peu de mal à me répondre d’emblée et sans doute cela vous demanderait un peu de temps pour scanner vos propres critères de bonheur avant de me répondre. Être heureux est en effet un point de vue très subjectif pour chacun d’entre nous. D’ailleurs, la psychologie positive dénomme le bonheur en tant que bien-être subjectif. Moins sexy, je vous l’accorde. Pour autant, s’il y a bien un ensemble d’éléments sur lesquels s’appuyer pour nous renseigner sur ce que nous vivons au moment où nous le vivons, ce sont nos ressentis. Je vous propose cette semaine d’aller faire un tour du côté des frissons, papillons dans le ventre et autres picotements dans les joues.
Émotions / Sentiments / Ressentis. Mais enfin, de quoi parle-t-on ?
Tout d’abord, un petit éclairage s’impose pour distinguer trois éléments faisant partie du même champ, mais avec des caractéristiques différentes.
- Les émotions sont des processus dynamiques ayant un début et une fin, une durée relativement brève et causés par des événements précis et inattendus (Psychologie des émotions – Olivier Luminet & al. – ed. de boeck 2013). Elles sont comme un signal nous avertissant que nous sommes, à un instant T, en train de vivre quelque chose en lien avec notre environnement. Ce signal peut être un signal d’alarme si ce que nous vivons va à l’encontre de nos besoins fondamentaux ou un signal d’apaisement si nos besoins sont satisfaits. Différentes écoles ont répertorié plusieurs émotions de base. Celles sur lesquelles tout le monde s’accorde à peu près sont la Peur, la Colère, la Tristesse, la Joie, la Surprise et le Dégoût.
- Les sentiments tels que l’amour, la haine, l’angoisse (entre autres) se distinguent des émotions par leurs causes plus complexes, leur durée plus longue et leur intensité plus basse. Les sentiments sont souvent dirigés vers un « objet » précis (humain, animal, objet, situation, etc..), persistent dans le temps et sont vécus même en l’absence de ces objets. Ils sont un peu l’aboutissement d’un processus de réflexion après une expérience émotionnelle.
- Les ressentis, quant à eux, sont les expressions physiques d’une émotion. C’est le sujet qui nous intéresse aujourd’hui. Un ressenti est donc directement lié à un vécu émotionnel et se manifeste dans le corps de différentes manières. Tout comme les émotions, un ressenti peut être agréable ou désagréable ( et pas positif ou négatif)
Voici quelques ressentis “classiques” que nous avons tous expérimentés à un moment ou un autre en fonction des émotions que nous vivons :
- papillons dans le ventre
- chaleur dans le visage et/ou le corps
- oppression dans la poitrine
- frissons
- jambes molles
- noeud dans la gorge
- picotements dans les mains, les bras, les joues, etc.
- bouche sèche
- …
Quand les ressentis ne sont pas… ressentis
Comme je le disais en introduction, ce qu’il y a de bien avec les ressentis c’est qu’ils sont assez fiables pour nous renseigner sur ce qui se passe à un instant donné entre nous et notre environnement.
Pour autant, fiabilité ne signifie pas simplicité.
Être à l’écoute de son corps pour écouter ses ressentis ne va pas de soi pour tout le monde. Chez certaines personnes, ressentir des “choses” est tout simplement terrifiant ou à minima insupportable. Que ces “choses” soient agréables ou pas, pour elles ce n’est pas “normal” que leur corps se manifeste d’une manière ou d’une autre. Du coup, elles ont acquis un système de protection les coupant, en quelque sorte, de leurs ressentis. Ce n’est pas qu’elles ne ressentent rien (de toute façon, ces signes apparaissent de manière spontanée), mais c’est qu’elles déploient des barrières psychologiques ultra-performantes pour rester à distance de leurs ressentis.
Vous allez me dire que c’est super, au contraire, de rester à distance des ressentis…
Je vous dirais qu’en effet, ça peut être tentant. Qui a envie de sentir son ventre se retourner à l’approche d’un rendez-vous important ou d’un examen déterminant ?
Le hic, c’est que le processus mis en place ne fait pas dans la demi-mesure ou la perméabilité.
En effet, si une personne parvient à se couper de ses ressentis, c’est qu’elle le fait avec TOUS, les désagréables comme les agréables. Et vous êtes d’accord avec moi qu’il y a quand même dans la vie des ressentis agréables… Du coup, elles ne laissent pas la place à tous les ressentis liés à l’émotion de Joie et aux sentiments tels que le plaisir et assimilés.
Dans le même temps, ces mêmes personnes peuvent connaître des difficultés à échanger avec les autres sur un plan émotionnel. Leur registre reste très mental, factuel. Elles peuvent paraître pour certains, froides et distantes. Cette étanchéité qu’elles ont mise en place depuis des années les empêche non seulement d’être conscientes de leurs ressentis liés à leur environnement (sens de l’extérieur vers l’intérieur), mais dans le même temps elles sont aussi étanches à l’expression de leurs ressentis (et à fortiori de leurs émotions) vers leur environnement (sens de l’intérieur vers l’extérieur).
Entendons-nous bien, il n’y a là rien de dramatique. Le seul inconvénient, vu de ma fenêtre, est que se couper d’une partie de soi revient à se couper d’une partie du monde. Si c’est précisément l’objectif, alors c’est OK. Si en revanche vous avez l’impression de passer à côté de certains domaines de votre vie où l’écoute de vos ressentis pourraient vous être utiles (relationnel, comportemental, connaissance de soi, etc.), alors explorer cette terre inconnue peut vous ouvrir de bien belles perspectives.
Dans la suite de billet, je vous dirai pourquoi et comment être (un peu plus) à l’écoute de ses ressentis.
D’ici là, prenez soin de vous…
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Bonjour!
Cet article est très intéressant!
En effet, dans la démarche de développement personnel, souvent, on commence par apprendre à prendre du recul vis à vis de nos émotions et de nos ressentis de façon à pouvoir mieux gérer les évènements et atteindre un état de bien être (du le plus souvent à la sérénité).
Du coup, cet article fait la balance et rétablit l’équilibre! Du recul oui, un mur infranchissable, non!
Merci beaucoup pour ce partage.
A bientôt de lire la suite!
Virginie
Bonjour Virginie
Oui, il me semble important d’apprendre à accueillir ses émotions et les ressentis qui y sont associés. La régulation (je préfère ce terme à gestion) ne pourra se faire que dans le temps d’après.
Bonjour Christophe,
Pour moi les ressentis sont des messagers, ils me renseignent sur ce qu’il se passe autour de moi et en moi. Mais il est vrai que ce n’est pas toujours facile d’être à l’écoute et je pense que consciemment ou inconsciemment on peut se couper de ces ressentis. Finalement ils ont je trouve la même fonction d’alerte que les maladies ou les symptômes que nous pouvons ressentir (tiens donc) et qui nous signalement que quelque chose ne va pas, que l’harmonie est absente. J’attends la suite avec intérêt !
A bientôt,
Isabelle.
Bonjour Isabelle
Très juste. Votre parallèle avec certains symptômes est parlant.
L’idée est en effet d’être à l’écoute de ce qui se passe concrètement en soi pour agir de manière plus harmonieuse avec ce qui se passe autour de soi.
A bientôt
Bonjour Christophe,
Merci pour cet article qui explique précisément ce mécanisme que beaucoup de personnes ne connaissent pas et qui bien souvent se retrouvent face à des « ressentis » ou « des émotions » qu’elles en maîtrisent pas ce qui les mets en de mauvaises postures. Nous avons pourtant tout à gagner à maîtriser nos émotions afin de vivre en paix avec soi-même quelle que soit la situation rencontrée. Pour ma part, je pratique la méditation et pour cela j’utilise la méthode de Joe Dispenza, qui a écrit beaucoup de choses sur le cerveau et son fonctionnement et qui reprend les mêmes principes pour la méditation intérieure et le lâchez prise en autres sujets. Merci encore pour cet article et au plaisir de lire la suite. Bonne journée. Freddy
Bonjour Freddy
Si par « maîtriser » vous entendez « réguler », alors je pense en effet que développer cette compétence émotionnelle peut nous permettre d’être plus en phase avec les aléas de la vie.
Si la maîtrise s’apparente à du contrôle alors je ne suis pas certain de l’issue à long terme de cette stratégie soit de tout repos… Ce serait un peu comme vouloir nager à contre-courant dans des rapides. On finit par s’épuiser et se noyer. Parfois, il est aussi bon de se laisser porter par le courant et réguler ses mouvements pour atteindre une rive ou un point d’appui…
Bonjour Christophe,
En effet, j’entends « réguler » ou encore » apprendre à reconnaître » de manière à pouvoir agir en conséquence avec les bons outils. Merci pour le retour.
Freddy
Bonjour Christophe,
C’est vrai que notre corps est un outil hyper faible car il ne nous ment jamais. Encore faut-il savoir l’écouter vraiment. Et ce n’est pas chose aisée pour tout le monde. Il est parfois tentant de se couper de ses ressentis pour échapper à une sensation désagréable. Sauf que notre corps nous ramène toujours à l’ordre quand on le met de côté trop longtemps.
Bonne journée 😉
Les ressentis sont la beauté de tout être vivant. Les ressentis nous parlent, nous appellent, nous révèlent.
Je suis d’accord avec toi, une personne qui se couperait de ses ressentis se coupe d’elle-même, de tous, du tout, de la Vie.
Peut on avoir des sentiments amoureux envers une personne et un ressenti nous orientant vers un blocage? Si cela est récurant, est ce un ressenti en soi, une peur ?
Bonjour Beaud
Merci pour votre commentaire
Tout est possible en matière de sentiments et de psychologie humaine.
Il existe un biais cognitif qui s’appelle le « raisonnement émotionnel » qui consiste à valider une hypothèse de départ sur le seul argument d’un ressenti. Exemple : « si je ressens un blocage avec cette personne, c’est bien qu’il y a un truc qui ne va pas chez elle ». Cette conclusion pourrait être valide, mais elle demande à être un peu plus érgumenté que sur la simple base de ce fameux « ressenti ». C’est là où les faits et un raisonnement plutôt orienté sur la rationnalité peuvent nous aider à trier le bon grain de l’ivraie.
Merci de votre réponse. J’aimerai trouver ces mots pour une Belle personne qui est en proie avec un ressenti.
Comment autoriser les ressentis à venir « à la surface » i.e. à la conscience quand on les a refoulé pendant longtemps ?
Bonjour Claude,
C’est en effet pas forcément évident de « lire » ses états émotionnels quand ils sont mis sous cloche depuis longtemps. Il n’y a pas de recettes miracles, mais peut-être une première voie à explorer serait celle de l’observation de ce qui se passe en vous dans des situations d’abord agréables (dîner entre amis, appel surprise d’un proche, moments privilégiés avec vous-même, etc.). Juste observez ce qui se passe en vous, en vous donnant le temps de le faire. Sans tenter d’analyser ou de juger.
Ce n’est qu’après avoir expérimenté ce genre d’observations, que vous pourrez tentez de faire la même chose avec les émotions désagréables. Toujours sans juger, ni analyser. Juste observer ce qui se passe.
C’est un tout petit pas vers ce formidable univers qu’est celui des émotions.
Bonne exploration à vous.
Christophe