Un billet consacré aujourd’hui à l’expérience de supervision professionnelle de groupe que j’ai vécue la semaine dernière. Cette pratique, que je considère nécessaire voire obligatoire dans les métiers de l’accompagnement où l’Être humain, les relations humaines et les rapports humains sont au centre de toutes les attentions, est une fabuleuse occasion de se poser, de poser voire de déposer doutes, interrogations et autres zones d’ombre relatives à notre métier de coach professionnel.
5 raisons de se faire superviser
Lorsque j’ai commencé à accompagner des clients en coaching, j’ai rapidement ressenti le besoin de partager avec des pairs ce que je vivais dans mes séances. Je me suis aperçu qu’un certain questionnement interne apparaissait une fois la séance finie et dont je n’avais pas forcément les réponses. C’est un grand classique de recherche de solutions inefficaces et purement subjectives lorsqu’elle est menée dans le même cadre que la problématique vécue ou perçue.
Les coachs ne sont pas vaccinés contre le virus de “la tête dans le guidon” 🙂
J’ai la chance de travailler avec deux associées avec lesquelles nous partageons ainsi nos interrogations et réflexions liées à notre pratique. Ce fut un excellent début, mais cette pratique s’apparente plus à de la co-vision et non à de la supervision professionnelle où le regard extérieur et expérimenté d’un pair peut justement nous amener à nous questionner autrement sur les situations rencontrées dans notre métier de coachs.
Voici donc, vu de ma fenêtre, cinq (bonnes) raisons d’entamer un processus de supervision professionnelle.
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La supervision professionnelle pour prendre un temps
Prendre un temps pour m’interroger sur ma pratique professionnelle et sur les enjeux de mes accompagnements, autant pour mon client que pour moi-même. Ce temps possède cette particularité d’avoir été choisi et pris. C’est à dire que les partages, feed-backs, écoutes et éclairages que j’y trouve ne se font pas au hasard d’une rencontre ou d’un coup de téléphone. Tous ces éléments ont ici un sens particulier qui est celui de faire précisément partie du processus de supervision professionnelle.
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La supervision professionnelle pour prendre du recul
Prendre du recul sur des questions pouvant parasiter mon discernement et mon écoute dans les séances de coaching avec mes clients. C’est basiquement le même mode de fonctionnement qu’un client connaît lorsqu’il fait appel à un coach. Comme je le disais tout à l’heure, il n’y a rien de mieux pour foirer un coaching que tenter de trouver une sortie quand nous sommes dans un labyrinthe plongé dans le noir. Si nous pressons le pas dans ce contexte, la rencontre du mur et du nez est plus que probable et potentiellement douloureuse.
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La supervision professionnelle pour changer de vêtements
Et pour cela, passer par la phase “à poil” … Non, il n’ a rien de glauque là-dedans 🙂 , c’est juste une métaphore qui illustre le fait d’exposer son fonctionnement, ses doutes et ses zones d’ombre aux autres membres du groupe de supervision professionnelle… et au superviseur qui est là pour ça. Cela demande une bonne dose de confiance en l’Autre et en son accueil inconditionnel. Changer de vêtements, c’est donc enlever ceux portés depuis un certain temps, se prendre une bonne douche et en remettre des tout propre pour se sentir bien dedans.
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La supervision professionnelle pour se sentir visé (pour une fois…)
Lorsqu’un autre membre expose sa situation et avance de façon explicite dans son cheminement grâce au questionnement et apport du superviseur, tous les éléments qui entrent alors dans cet échange ont souvent un écho avec notre propre fonctionnement. De fait, je peux aussi faire mon cheminement en étant en position d’observateur. Des liens se forment entre mon propre contexte, celui du membre du groupe et l’éclairage du superviseur. Des idées nouvelles peuvent alors émerger dans ma boite à neurones.
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La supervision professionnelle pour ajuster son costume
Le costume représente la posture du coach. En prenant conscience des différentes postures adoptées par les autres participants, et en ayant un feedback de la part du superviseur et des autres sur ma propre posture, je réalise de façon plus objective où je me situe lorsque je suis avec un client. La qualité de la relation qui s’instaure entre un client et son coach dépend en grande partie de cet ajustement de posture dont le coach est responsable. Plus la posture sera ajustée, plus la relation sera source de développement pour le client.
Chaque coach supervisé verra bien entendu d’autres raisons et bénéfices à se faire superviser. D’ailleurs, si vous êtes vous-mêmes coachs supervisés ou superviseurs et lisez ces quelques lignes, je vous invite à partager vos différents vécus dans les commentaires. Cela contribuera à souligner l’importance de la démarche de supervision professionnelle auprès de ceux qui hésitent ou qui n’en voient pas l’intérêt.
En même temps, je ne suis pas sûr que ces derniers soient arrivés jusqu’à cette conclusion 😉
A la semaine prochaine.
Christophe, je ne peux que parrainer ta vision!
Se faire superviser, c’est accepter de ne pas être « Dieu » ou bien le phare qui éblouit au milieu de la nuit (:))!
C’est oser reconnaitre qui je suis. C’est porter un œil bienveillant sur mon fonctionnement, l’accepter et faire avec. La supervision me permet à me recentrer dans ma posture de coach si nécessaire. Elle me permet d’avancer sur le chemin de mon développement personnel.
Merci Christophe pour ton article clair et pertinent!
Bonjour Florence
Je ne sais pas pour toi, mais je constate qu’il y a peu de professionnels de l’accompagnement et du coaching qui partage cette vision.
De là à dire que nous évoluons dans un système polythéiste où la lumière est si intense qu’elle aveugle les réfractaires à la supervision … 🙂
Zut, j’ai posté trop vite! …Et merci pour ton commentaire
J’aime beaucoup ce billet. Un petit groupe de co-vision ou de support-à-l’intervention est un chose dont je vois la nécessité dans le métier que nous exerçons.
Je précise que je ne fais pas de coaching mais du conseil de carrière auprès des personnes. Par contre, j’interviens surtout dans un contexte de « repositionnement de carrière » auprès de personnes qui subissent ou ont subi une détresse psychologique associée à l’univers du travail. Il ne s’agit donc pas simplement de les aider à trouver ou retrouver un emploi … offrant (sic) les mêmes conditions que ce qui les conduits à une certaine forme d’invalidité … mais d’encourager le changement de paradigme dans la conception du lien de travail.
Cela dit, ce que je comprends de ton sujet c’est qu’il s’agit de MÉTA-REGARDER ce qu’on fait et sa manière de le faire … en compagnie ou accompagné(e) … ou quelque chose comme cela.
Depuis un petit moment, je pense à proposer une formule un peu plus formelle de soutien en MÉTA-REGARD à quelques-uns de mes pairs. Je te remercie de ce billet. Je vais m’en servir pour présenter l’idée.
Bonjour Suzanne,
Merci pour ton partage.
Oui, tu as bien saisi l’esprit de la supervision. J’ai d’ailleurs ma troisième session demain et j’en suis très enthousiaste.
Je suis content de savoir que ce billet pourra t’aider à initier un groupe avec tes pairs.
Je me permettrai d’ajouter cette parole de sagesse taoiste :: RESPONSABILITÉ. Un père sans père a du mal à trouver l’équilibre. Un maître sans maître est dangereux.
Bonjour Christophe,
J’ai lu jusqu’au bout et ne peux qu’approuver…et partager. La supervision (individuelle ou collective) permet de questionner le coach dans son dispositif de coaching.
Un des dangers pour un coach, dans sa pratique, est de « savoir » mieux que l’autre et à la place de l’autre. La tentation du pouvoir est alors grande… La supervision contribue et permet au coach de revenir à une posture d’apprenant, une attitude saine de simplicité et d’ouverture qui rend généralement service aux deux parties (coach et coaché),même si cela est parfois inconfortable pour notre ego…
Merci pour cet article.
Norbert
J’attaque la saison 2 de ma supervision collective le 22/10/2012. Je te dis pas comme j’ai hâte 🙂
La supervision est un espace temps réservé pour repenser la relation à soi et à l’autre dans le processus d’accompagnement.
Qu’elle soit collective (très modélisant par rapport à sa relation au groupe) ou individuelle (plus pys-intimiste) elle permet d’avancer et de recadrer sa posture.
Elle n’exclue pas pour autant de poursuivre un travail de thérapie personnel en parallèle (trop souvent ignoré).
Mon superviseur se plait souvent à dire que nous avons « le métier de nos symptômes », la supervision ne doit pas demeurer un travail de surface et doit nous amener à explorer nos profondeurs avec courage et sincérité pour mieux accompagner l’autre en toute humilité.
Merci pour ce très pertinent retour Isabelle, auquel je souscris sans condition.
Personnellement, je suis plus attiré par la supervision de groupe pour les raisons que tu évoques et celle des échos que les autres génèrent en moi.