Après une pause estivale, voilà que continue l’aventure de la place de l’humain dans le coaching. Vous avez pu remarquer, chers lecteurs, que les sujets des premiers billets de cette série peuvent laisser penser qu’on ne rigole pas tous les jours en coaching. Après la vulnérabilité, la peur et la crise, nous avons pensé qu’il était grand temps de se détendre un peu le string (c’est de saison), et de regarder du côté d’une des composantes essentielles dans la relation de coaching : la joie.

 Qu’est-ce que la joie ?

Vous l’avez bien compris depuis le début de cette aventure à quatre mains (ou du moins à deux cerveaux), le sens accordé aux mots est primordial . C’est pourquoi nous aimons généralement commencer un nouvel article par une définition du mot/concept afin d’accorder nos violons.

La joie se distingue des quatre autres émotions primaires, que sont la peur, la colère, le dégoût et la tristesse, par le fait que ce soit la seule à connotation positive. Comme toutes les émotions, elle ne peut être qu’éphémère. Contrairement au rire ou au plaisir, elle n’a pas besoin de cause pour être ressentie, ce qui en fait une émotion mystérieuse …magique.

Magique, car elle agit physiologiquement sur ceux qui la ressentent. En effet, elle contribue à diminuer le taux de cortisol (l’hormone du stress) et stimule différentes hormones labélisées “hormones du bonheur” comme la dopamine, la sérotonine, l’adrénaline, l’ocytocine. Bref une vraie pharmacopée à elle toute seule!!

 Elle est une composante essentielle du bonheur, mais se distingue clairement du plaisir qui est plutôt une satisfaction liée au corps et aux sens apportant alors une excitation voire une agitation.

 Ainsi la joie serait davantage spirituelle, liée à quelque chose de “plus profond”.

En apportant une sérénité, une paix intérieure, elle donne à celui ou celle qui la cultive, une certaine forme de clairvoyance et de lucidité. Elle affecte alors la totalité de la conscience. C’est, durant un temps éphémère, une victoire sur ses peurs et ses angoisses . C’est un moment de grâce où ces dernières ne s’expriment plus et où l’on peut se sentir fort face à elles.

Par conséquent, l’émotion de joie est utile, voire essentielle, dans la création d’un (ou des) état(s) ressource(s). Ici, on se rapproche alors de la conception de la joie selon SPINOZA qui, pour lui, est “un accroissement de notre puissance pour persévérer dans l’existence

 Enfin, nous pouvons considérer aussi la joie comme une ressource mentale importante pour le coach, au service de la relation. La joie se révèle alors comme un facteur de lien.

En quoi la joie peut-elle être une actrice essentielle pour libérer le coach de ses peurs ?

La joie apporte de la légèreté et favorise l’ouverture au sens large du terme. Ouverture aux autres, ouverture aux champs du possible, ouverture à la créativité, ouverture à l’incertitude, ouverture à ce qui est aujourd’hui, à ce qui a été hier et ce qui sera demain (amen 🙂 ).

Bref, c’est journée portes ouvertes dans la tête du coach.

 La peur, elle, peut être la cause d’un choix limité d’options. Elle provoque plutôt une fermeture à tous les éléments cités ci-dessus. Nous l’avions évoqué précédemment dans un article de la série “La place de l’humain dans le coaching

Ainsi, grâce à la joie, nous favorisons un état où le nombre d’options et ainsi le nombre de choix augmente. Grâce à la légèreté, et donc à la joie, nous sommes capables de relativiser certaines de nos peurs. Elle transcende les frustrations et a donc un pouvoir créateur et libérateur. Elle a aussi la vertu de dénouer les “noeuds” relationnels.

 En tant que moment de victoire sur les peurs, la joie annihile les effets dévastateurs de celles -ci et permet ainsi une ouverture puissante vers le champ des possibles. Elle est alors source de créativité pour se réaliser et… oser le faire .

 En coaching, elle apporte un équilibre dans les moments difficiles que le client comme le coach peuvent traverser dans l’accompagnement (oui, oui, ça arrive aussi…)

 Être en joie c’est par conséquent être dans l’accueil de ce qui se passe dans la relation avec le client, ici et maintenant, et permettre la création du lien authentique.

Et ça, c’est un peu la base les amis.

 Mais quelle est la place de la joie dans le coaching ?

Ressentir le plus souvent possible la joie est un objectif fort, une sorte de but du but, de quête du Graal. On veut se libérer de ses peurs pour oser, parce qu’oser apporte cette satisfaction de l’accomplissement de la vie humaine chère à Bergson qui, elle-même, est source de joie : but ultime, sésame du bonheur.

La joie est aussi un facteur de lien important. Comme toute émotion, elle se transmet. Elle possède une énergie qui peut fugacement passer entre le coach et le client quand un nœud se dénoue, que l’objectif à atteindre soit proche ou avéré.

Mais la joie peut aussi intervenir dès le début de la relation. Le client ressent la joie d’avoir franchi le pas et d’être proactif pour atteindre l’objectif défini et le coach de démarrer cette nouvelle aventure humaine, sublime… forcément sublime.

La joie en tant qu’émotion magique est ainsi une ancre solide que peut utiliser le coach et plus tard le client. Comme nous le disions au début de ce billet, c’est une ressource mentale forte qui apporte sérénité et harmonie.

 Dans le coaching, la joie est donc à la fois un objectif, une ressource et une composante essentielle de la relation entre coach et coaché.

 Si elle est ressentie de part et d’autre, elle devient un traceur de la qualité de la relation et de son authenticité. Là aussi, elle agit en tant que censeure des effets des peurs en favorisant l’accueil de l’autre, la bienveillance et l’ouverture libératrice.

 Et parce que les grands auteurs ont l’art de mettre les mots dans le bon ordre, faisons-le pour terminer avec Balzac :

La joie ne peut éclater que parmi des gens qui se sentent égaux