Qu’il s’agisse d’un rôle professionnel, familial, amical ou simplement social, nous entrons plusieurs fois par jour, sans forcément nous en rendre compte, dans la peau d’un personnage que nous connaissons plus ou moins bien. Certains jouent à tour de rôle (sans jeu de mot 🙂 ) des personnages totalement différents d’un contexte à un autre, pendant que d’autres gardent une certaine cohérence et congruence dans leurs caractères (au sens caractéristiques).

Quand je parle de rôle, il y a aussi la notion de masque social qui me vient à l’esprit.
Aligner ce que je suis, ce que je pense que je suis, ce que je montre que je suis et ce que je fais est un bon début de cohérence. Personnellement, je fais un distinguo entre les rôles et les masques.

Un rôle? Non, des rôles

Les rôles que je remplis au quotidien sont tous très différents par leurs contenus, et je fais en sorte que le contenant, c’est à dire moi, soit le plus congruent possible au travers des différents contextes.

Vu de ma fenêtre, un rôle est une sorte d’enveloppe dans laquelle je me glisse en fonction du contexte dans lequel j’évolue. Ainsi, je ne considère pas « jouer » UN rôle mais « remplir » MON rôle en fonction du contexte dans lequel je me trouve. Il y a mon rôle professionnel, mais aussi familial (fils, époux, père qui sont aussi des rôles à part entière), social, amical et un qui a tendance à être oublié parfois:
le rôle personnel, soi vis à vis de soi.

J’ai la chance d’exercer un métier dont le principal outil est moi-même. Je suis donc sensé comprendre comment fonctionne l’outil si je prétend comprendre comment fonctionnent mes clients et comment leur permettre de se développer. Si je ne sais pas comment utiliser l’outil, je ne saurai pas comment travailler.
D’où la nécessité pour tout professionnel de l’accompagnement de faire un travail sur lui-même et d’être supervisé dans sa pratique. Cela revient à se construire et se structurer soi-même dans son métier pour mieux accompagner et développer autrui dans le sien ( voilà un bon teaser pour les superviseurs 😉 ).

En gros c’est polir le contenant pour mieux accueillir le contenu.

Un rôle se construit avec le temps, l’expérience et les acquis que nous pouvons engranger sur une période donnée. Je vous donne un exemple.

Il arrive parfois qu’une personne succède à une autre dans un poste X ou Y pour cause de départ en retraite, mutation, démission, etc.
Malgré le départ physique du prédécesseur, le rôle est toujours là et il est empreint du contenu qui a été développé durant son laps de temps à ce poste ( les habitudes de fonctionnement, la forme de communication, le style relationnel, etc.)  La difficulté pour le nouvel arrivant est de remplir la même fonction, donc le même rôle, mais avec ce qu’il est intrinsèquement; et aux yeux des collaborateurs, ce n’est pas toujours facile à accepter.

Le nouveau venu peut alors entendre des remarques du genre:

  • « Oui, mais ton prédécesseur faisait ceci (ou cela) comme ceci (ou comme cela)« .
  • « Avec ton prédécesseur il y avait toujours une pause café en plus dans la journée » 🙂
  • « Il (ou elle) était plus blablabla, ou moins bliblibli« 

Et là, je fais dans le soft

Tout le travail d’intégration pour le successeur est alors de construire un contenu qui lui est propre et dont il est le seul dépositaire. La principale problématique rencontrée chez ces personnes est leur tentative de récupérer le contenu du prédécesseur pour en faire le leur (avec en tâche de fond une prédisposition à vouloir plaire et « bien s’intégrer »). Cette initiative est non seulement impossible compte tenu de l’étroite relation entre le contenu d’un rôle et son propriétaire, mais aussi source de stress et de mal-être au travail.

Et c’est là que peut se créer le masque.

Bas les masques

Car qu’est ce qu’un masque si ce n’est un artifice ayant pour but de nous faire passer pour quelqu’un d’autre? Que fait-on avec un masque? Basiquement nous nous cachons derrière en espérant que les personnes rencontrées ne nous reconnaissent pas.

Avec le masque social c’est quasiment pareil à ceci près que le visage reste identique et que le masque prend la forme des différents comportements, attitudes ou discours énoncés dans les différents contextes que la personne rencontre.

Le principal risque est que le port permanent d’un masque le rend de plus en plus difficile à enlever. C’est un peu la métaphore qui est illustrée dans le film « The Mask » avec Jim Carrey où  le personnage se sentant très bien avec son masque et accomplissant des choses extraordinaires, ne souhaitait plus le retirer.

Mais attention au retour de bâton!

Après un certain laps de temps avec ce masque, nous risquons de perdre de vue notre propre identité. Celle qui fait de nous des êtres uniques et riches de ce que nous avons vécu tout au long de notre vie. Le masque se substitue alors à notre être intérieur.
Oú est le problème allez-vous me dire?

« Si j’ai adopté un masque, c’est bien parce qu’il me convient et que je n’aime pas celui qui est derrière, non?« 

Peut-être, mais laissez-moi vous donner quelques propriétés d’un masque:

  • Il a une date limite de consommation: tôt ou tard le masque tombe, c’est garanti sur facture!
  • Il fait le vide autour de vous: conséquence du point précédent. Plus longtemps vous côtoyez des personnes, moins efficace sera l’effet du masque. La seule solution qui s’offre alors est de rester dans des relations superficielles, sans engagement ni affect Le masque est égoïste et jaloux, il n’aime que vous.
  • Il est plus fragile que ce vous pensez: il suffit d’un petit grain de sable dans la machine pour que le masque se fissure et se brise.
  • Il n’a pas de reflet dans le miroir: oui, celui que vous voyez dans le miroir quand vous le regardez quelques minutes et seul, c’est bien vous, sans fard, avec vos forces et vos failles, vos valeurs et vos zones d’ombre.
  • Il est grand consommateur d’énergie: porter un masque au quotidien n’est pas de tout repos. Maintenir stable le conflit des forces en présences, à savoir votre masque et votre véritable identité est épuisant psychiquement.
  • Il exerce sur vous l’exact contraire de ce qu’il montre aux autres: Le masque montre aux autres que vous êtes heureux ? En coulisse, il vous rend malheureux.
    Le masque montre que vous êtes sûr de vous et confiant? Il vous déstabilise et vous fait douter.
    Le masque montre que vous êtes très entouré? il ne fait que vous isoler.
    Le masque montre que vous êtes un battant? il vous affaiblit d’autant plus.

Haut les cœurs!

La bonne nouvelle, c’est que chaque propriétaire de masque a les capacités de l’enlever. Cette démarche n’est pas des plus simples ni des plus rapides, je le reconnais bien volontiers, mais elle vaut le coup d’être tenté; ne serait-ce que pour se sentir libre de nos actes, de nos pensées, de nos relations et de nos choix.

Une petite pensée de Claude Aveline pour finir:

Un jour par an, le Mardi Gras par exemple, les hommes devraient retirer leur masque des autres jours


Si vous-même voulez vous débarrasser des masques qui vous empêchent d’être vous-même et reprendre votre vie en main, contactez-moi ici. Nous pouvons travailler ensemble.


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