Partager la publication "Identité professionnelle : Qui suis-je quand je fais ce que je fais ?"
Pas plus tard qu’il y a quelques jours, je participais à un groupe de pairs entre confrères et consœurs coachs. En l’occurrence, cette fois-ci il s’agissait plutôt de consœurs, car j’étais le seul homme du groupe. Le sujet principal mis en lumière lors de cette session fut l’identité professionnelle. Le thème ayant résonné assez intensément en moi, je me suis dit que l’approfondir un peu et le partager avec vous pourrait vous faire écho. Vous pourrez me le dire dans les commentaires, si c’est le cas.
Identité professionnelle… mais pas que
Imaginez que vous participiez à une soirée chez des amis, au cours de laquelle vous rencontrez de nouvelles personnes. Comment allez-vous vous présenter à elles ? Par quoi allez-vous commencer ? Habituellement et de manière un peu automatique, il est probable que vous commenciez par décliner votre identité en citant votre prénom. C’est en effet par cet “identifiant” que vos parents ont choisi de vous caractériser à votre naissance. C’est déjà grâce à lui que vous vous démarquez dans la dénomination vis-à-vis des autres membres de votre famille.
Plus tard dans la même soirée, en continuant sur le registre de la découverte de QUI vous êtes, vous allez peut-être annoncer votre âge, éventuellement votre statut (je SUIS marié, je SUIS célibataire, je SUIS en couple avec…), votre parentalité (je SUIS mère ou père de…) et votre lien avec l’hôte de la soirée (je SUIS un ami de…).
Souvent aussi, la discussion autour de la découverte de l’autre s’intéresse à la profession exercée. Là encore, il est courant d’entendre une personne s’identifier à sa profession (je SUIS infirmière, je SUIS avocat, je SUIS dentiste, je SUIS cuisinier, je SUIS informaticien, etc.)
Vous commencez à voir où je veux en venir, n’est-ce pas ?
Rien que sur ces courtes présentations, vous avez déjà exprimé plusieurs identités en fonction des environnements dans lesquels vous évoluez ou des relations que vous entretenez. C’est ainsi que nous passons quotidiennement et sans forcément nous en apercevoir d’une identité à une autre : personnelle, sociale, amicale, professionnelle, familiale. Toutes ces identités correspondent à quelques parties de nous mis en mouvement en fonction de tel ou tel contexte. Rien de schizophrénique là-dedans; juste qu’en fonction des contextes et des relations dans lesquelles nous sommes impliquées, nous mobilisons l’une ou l’autre de ces parties qui, finalement, font de nous qui nous sommes.
Essayez ce petit exercice au cours de votre prochain repas familial où vous savez que vous allez être nombreux. Prenez un petit temps pour voir ce qui se passe en vous en portant votre attention sur vos différentes identités de père ou mère de…, fils ou fille de…, frère ou sœur de…, mari ou femme de…, etc. Le résultat peut être intéressant en terme de perception et de ressenti.
Revenons à nos moutons
Pour revenir sur le sujet de l’identité professionnelle plus spécifiquement, certaines difficultés peuvent survenir quand, au sein de la sphère professionnelle, existent deux (voire plus) activités à priori parallèles, c’est-à-dire sans lien identifié de prime abord.
Les exemples sont légion, mais je vais vous en proposer un que je connais particulièrement bien… puisqu’il s’agit du mien 🙂
Depuis neuf ans maintenant, j’évolue en effet dans deux champs d’activité en parallèle : les soins infirmiers d’un côté et le coaching professionnel de l’autre. Longtemps, je mettais un point d’honneur à cloisonner ces deux activités. Du coup, je préférais occulter carrément l’une d’elles pour tenter vainement de laisser toute la place à l’autre. La stratégie ne fut pas la plus pertinente ni la plus efficace. En effet, régulièrement je sentais comme un tiraillement, un conflit interne. Le soin faisant aussi partie de mon ADN professionnel, plus je l’occultais, plus il se manifestait. L’avantage de cette situation (car il y en a toujours un), c’est que cette énergie que je mobilisais pour contenir mon identité de soignant, m’a servi dans le même temps à construire mon identité de coach, à grand renfort de supervisions, de réflexions, de pratiques, d’explorations, de groupes de pairs, de formations continues, etc.
En terme d’identité professionnelle, il m’a fallu un certain temps, voire un temps certain avant de pouvoir en tirer le dénominateur commun. Cela fait maintenant quelque temps que je suis arrivé à me définir comme
quelqu’un qui accompagne ceux qui veulent obtenir quelque chose qui leur tient à coeur.
Le truc fonctionne en effet dans tous mes champs d’activités professionnelles :
- Le coaching : accompagner mes clients vers leurs objectifs de vie
- Les soins infirmiers : accompagner les patients vers un meilleur état de santé
- Les publications : accompagner les lecteurs dans leur recherche d’information sur un sujet
Et ce qui est intéressant dans le fait d’avoir défini cette identité professionnelle commune, c’est de constater combien toutes les activités qui la composent se nourrissent les unes des autres; en terme de posture professionnelle, d’écoute empathique, de recadrage de sens ou de contextes, de communication assertive, d’accueil inconditionnel, de partage émotionnel, bref de tout ce qui fait que je me reconnais dans mon identité professionnelle unique au travers de mes exercices professionnels différents.
Identité professionnelle n’est pas exercice professionnel
De mon point de vue, l’identité professionnelle n’est pas du même ordre que l’exercice professionnel.
La première (l’identité professionnelle), comme son nom l’indique fait plutôt référence à la définition de QUI nous sommes lorsque nous exerçons notre activité. Elle relève plutôt de l’Être. Cette définition pourrait prendre forme en répondant aux questions suivantes :
- Comment je me définis quand je suis en activité ?
- Qui suis-je quand je pratique mon exercice professionnel ?
- Quelle est ma représentation des personnes qui exercent dans le même domaine que le mien ?
- La représentation que j’ai de moi est-elle différente ou similaire ?
- Si elle est différente, comment me sentir appartenir à ce groupe ?
- Si elle est similaire, comment exprimer ma différence ?
Le second (l’exercice professionnel) relève plutôt des activités en elles-mêmes, ce que nous faisons concrètement quand nous les pratiquons. Elles se trouvent dans le champ du Faire.
- Qu’est-ce que je fais concrètement quand j’exerce mon activité ?
- Comment se passe une journée type ?
- Quels sont les environnements, les contextes, les personnes ?
- Quelles sont les compétences que je mobilise alors ?
- Quels comportements j’adopte ?
Un niveau intermédiaire entre l’identité et l’exercice se situerait dans les valeurs et les convictions qui nous animent lorsque l’on fait ce que l’on fait.
- Qu’est-ce qui est important pour moi dans cet exercice ?
- Pourquoi (en un mot) je fais ce que je suis en train de faire ?
- Qu’est-ce j’apprécie particulièrement dans cette activité ?
Et si le truc se situait à un autre niveau ?
En guise de conclusion, je vous invite à explorer une autre piste.
Si la définition de l’identité professionnelle tend à nous orienter sur QUI nous sommes dans notre sphère professionnelle, nous ne sommes pas à l’abri d’obtenir des identités multiples si précisément les activités sont, elles aussi, multiples.
Une autre voie serait alors d’explorer ce qui pourrait inclure et réunifier ces identités morcelées.
Cette voie nous ferait cheminer, non plus vers un but personnel (la définition de notre identité professionnelle), mais vers quelque chose de plutôt collectif, contributif, collaboratif. Ce serait, en quelque sorte, UN SENS commun qui viendrait donner DU SENS aux éventuelles identités séparées.
Vous pouvez obtenir une ébauche de réponse en répondant à ces quelques questions :
- Pour quoi (en deux mots) faites-vous ce que vous vous faites ?
- Par l’exercice de votre ou de vos activités, à quoi participez-vous de “plus grand” ?
- Quand vous vous levez le matin avec la banane avant d’exercer votre ou vos activités professionnelles, à quoi est-ce dû ?
- Quand vous vous couchez le soir en éprouvant un sentiment de satisfaction ( et avez la même banane que le matin), de quoi avez-vous été satisfait ?
C’est un peu « space » comme concept, je le reconnais, mais le fait de pouvoir se connecter à “ça”, à ce sens ultime, est source d’un alignement intéressant entre l’Être et le Faire.
Si tout ceci a résonné en vous, je serais heureux de lire vos partages dans l’espace commentaires ci-dessous.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Je suis en adéquation dans le Qui suis-je? La véritable exploration de l’individu, de l’Être qui permet d’en définir l’ADN. Le Qui suis-je qui permet de comprendre son Soi, sa Vision, le pour quoi, le pour qui.
L’identité est le Centre, ou le Haut, selon que l’on visualise la Pyramide dans un sens d’élévation – l’alignement, ou le Cercle dans le sens du centrage, le « je suis centré ». Et à mon avis, lorsque nous comprenons le Qui je suis, notre Vision, nous ne subissons plus l’environnement, et vivons les évènements – les,comportements, les actes, les compétences avec discernement et justesse.Nous sommes libres et créatifs.
Merci pour ton commentaire Nathalie 🙂
thaaaaaaanks is niiiiice
Merci Christophe,
Je te lis toujours avec autant de plaisir.
J’hésite à m’attribuer une étiquette professionnelle : massothérapeute sans grande conviction et pourtant vibrante de passion dans l’exploration du corps humain (je me gargarise, j’exulte au cours donnés par des ostéopathes de haut vol) consciente de mes limites et de mes connaissances que je juge insuffisantes, conférencière en devenir, auteur – pour juste quelques pages écrites – s’agit-il alors d’identités usurpées?
Je ne vois que les diplômes que je n’ai pas et les notions qui m’échappent, les encyclopédies que je ne lirai pas, les philosophes que je ne connais que de nom etc.
Identité perdue ou jamais assumée pleinement à ce jour.
Vraiment, je ne suis pas à l’aise sur ce terrain.
Hâte de démêler tout cela avec toi.
Merci de ton retour Luciana et de ton partage.
J’aime beaucoup un koan zen qui dit que « ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as ». Je me demande même si nous ne l’avions pas déjà évoqué ensemble ?
Au plaisir de t’accompagner sur le sujet 🙂
Très pertinent cet article. Après, le travail ne nous définit pas en réalité.
Passer par le travail pour se présenter n’est qu’un détour pudique et social pour ne pas parler de ses convictions, son caractère, ses passions, … aux premiers venus, non ?
Merci pour votre retour Emilie
Et je suis bien d’accord avec vous. Nous ne SOMMES pas notre travail.
C’est ce que j’expliquais dans la première partie de l’article.
A bientôt
Bonjour Christophe et merci pour ton article. J’écris un mémoire en art-thérapie sur l’identité professionnelle. Le métier d’art-thérapeute est reconnu par les patients et certaines institutions mais pas par l’Etat. Il n’existe pas encore de diplôme d’état en art-thérapie comme cela est le cas pour les psychologues et les psychomotriciens. De là, naissent de nombreux organismes de formations aux contenus et objectifs variés délivrant des certificats ou diplômes en art-thérapie. . Ton article me donne quelques pistes de réflexion. Je t’en remercie
Merci Anna pour ton commentaire
Avec plaisir si j’ai pu contribuer d’une manière ou d’une autre à l’élaboration de ton mémoire
Je te souhaite tout le succès possible dans cette réalisation
je me présente Akoua têtu de formation je suis caissière actuellement et réconvertion professionnelle dans le domaine du sanitaire sociale précisément Assistante de vie au famille