Partager la publication "Fais plaisir et Sois parfait – (Partie 1/2) [DOSSIER « Trop tirer sur la corde »]"
Continuons le dossier commencé en fin d’année dernière sur cette fâcheuse habitude de “Trop tirer sur la corde”. Nous avons déjà vu deux hypothèses concernant deux causes possibles de ce phénomène; la première portait sur les méconnaissances et la deuxième sur le fait de ne pas oser dire non. Je vous propose cette semaine d’explorer la piste des drivers, ces messages contraignants issus du passé, agissant en permanence en tâche de fond dans votre esprit et vous conduisant à adopter des comportements pas toujours adaptés à l’encontre des autres ou de vous-mêmes. En d’autres termes, ils agissent un peu comme des pilotes automatiques (d’où le nom de drivers) vous faisant emprunter des voies souvent houleuses, parfois douloureuses pour satisfaire une injonction qui ne vous appartient pas.
Le club des cinq
Pour la culture, je vais évoquer ici le nom des cinq drivers que propose l’analyse transactionnelle (car c’est de cette approche que sont issus les drivers). Pour autant, je ne m’étendrais que sur deux d’entre eux (les deux derniers que je vais vous citer) en lien étroit avec le sujet qui nous intéresse dans ce dossier sur “Trop tirer sur la corde”. D’ailleurs, si vous êtes intéressés par le sujet des drivers , dites-le moi en commentaire ou en message privé pour m’inciter à écrire un article dédié 😉
Quels sont donc ces cinq drivers ?
Driver “Sois fort” où comment porter une armure au quotidien venant polluer vos relations aux autres et à vous-mêmes et notamment au niveau émotionnel. Croyance limitante fondamentale : “La vie est un combat. il faut être fort pour s’en sortir”
Driver “Fais des efforts” où comment être aveugle à tout ce qui est simple dans la vie en ne vous concentrant que sur les choses complexes et en rendant complexes des choses simples. Croyance limitante fondamentale : “Pour obtenir ce que je veux, je dois souffrir”
Driver “Dépêche toi” où comment passer votre vie à courir après le temps, faire les choses dans la précipitation et le stress permanent. Croyance limitante fondamentale : “Je n’ai pas le temps” (oui, de mon point de vue, c’est une croyance)
Driver “Fais plaisir” où comment mettre vos propres besoins au second voire au troisième plan. Il est l’un des piliers fondateurs de la deuxième hypothèse de ce dossier : “Ne pas savoir dire non”. Croyance limitante fondamentale : “Si je suis gentil avec tout le monde, alors tout le monde m’aimera”.
Drivers “Sois parfait” où comment vivre constamment en état d’insatisfaction permanente car le niveau d’exigence vis-à-vis de vous-même et des autres est beaucoup trop grand. Croyance limitante fondamentale : “Si je ne suis pas parfait (ou le meilleur ou le number 1), alors je ne suis rien”
Potentiellement, chacun de ces drivers peut vous conduire à trop tirer sur cette corde dont je parle depuis le début. Pour autant, les deux derniers (Fais plaisir et Sois parfait) sont un peu les ingrédients de base de ce cocktail Molotov de l’épanouissement personnel.
Petite précision pour éviter de jeter bébé avec l’eau du bain (ça y est, j’ai réussi à replacer cette expression que j’adore 😀 ); être piloté par l’un ou l’autre des drivers n’est pas forcément un handicap, du moment qu’il ne vous conduit pas à des comportements inadaptés ou mal vécus. En effet, chacun d’entre eux peut aussi être une ressource dans certaines circonstances.
Par exemple, si le côté obscur du driver “Fais plaisir” vous conduit à faire passer les besoins des autres avant les vôtres, son côté lumineux fera de vous quelqu’un à l’écoute des autres, empathique et souple. Tout dépend donc du chemin que ce driver vous indique de suivre.
Faisons maintenant un petit zoom sur les drivers “Fais plaisir” et “Sois parfait”
Allez, “Fais plaisir” à Maman
Les personnes pilotées par le driver “Fais plaisir” ont cette tendance à faire passer les besoins des autres avant les leurs. Du coup, elles se sentent très souvent obligées de répondre par un petit “oui” quand leur entourage les sollicite, alors qu’au fond d’elles c’est plutôt un grand “NON” qui apparaît. Nous retrouvons ici la problématique vue précédemment dans ce dossier : ne pas oser dire non.
Comme je l’ai évoqué au début, les drivers sont issus de messages contraignants et récurrents que vous entendez dans l’enfance. Bien entendu, il ne suffit pas de dire “Fais plaisir à Maman” afin de motiver votre progéniture à finir sa soupe, pour ancrer ce message à long terme et le qualifier de contraignant.
En fait, c’est plutôt le message implicite à la suite du premier qui peut vraiment changer la donne; implicite signifie que rien n’est dit ouvertement, mais que le ton de voix, l’attitude, les mimiques ou les réflexions associées donnent le côté “contraignant” au message “Fais plaisir”.
Voici quelques exemples de messages implicites, venant juste après le très explicite « Fais plaisir » :
- … sinon c’est que tu n’es pas quelqu’un de bien.
- … sinon je serai très déçu par toi.
- … sinon je ne pourrai pas t’aimer.
- … sinon tu seras responsable de ma frustration.
- … sinon tu ne mérites pas d’être reconnu par moi.
- … etc.
Du coup, la seule réponse possible pour l’enfant qui reçoit implicitement ce type de message et qui ne veut se sentir ni responsable, ni décevoir, ni perdre de l’amour, est de “Faire plaisir” à celui ou celle qui le lui a demander (quitte à oublier son propre besoin qui, au départ et rappelons-le, aurait été satisfait en refusant l’objet de la demande). A long terme, ce type de réponse comportementale sera imprimé en lui et engendrera les conséquences négatives que nous avons vues plus haut.
Comment alors couper le pilotage automatique du driver “Fais plaisir” ?
Question à laquelle il n’est pas si simple de répondre compte tenu de la diversité d’histoires personnelles à l’origine de ce driver et du caractère automatique du processus.
Voici cependant trois pistes à explorer pour reprendre un peu les commandes en main et redevenir le pilote dans l’avion :
#1 – Piste des besoins
Avant de répondre à une demande, interrogez-vous sur vos besoins. Quels sont-ils au moment où l’on vous sollicite ? Seront-ils satisfaits ou pas à la suite de votre réponse ?
#2 – Piste de la notion d’aide
Posez-vous les 4 questions suivantes avant d’aider quelqu’un ?
- Avez-vous envie d’aider cette personne ?
- Vous l’a-t-elle demander clairement ?
- Avez-vous les compétences suffisantes pour le faire ?
- Allez-vous effectuer moins de 50% de la tâche à accomplir ?
Si vous avez répondu au moins un “non”, alors vous vous exposez à un risque de prise en charge (au sens littéral du terme) plus qu’à une véritable aide. Vous aurez plus de détails sur le sujet dans cet article : “Comment aider véritablement quelqu’un ?”
#3 – Piste de l’estime de soi
Votre valeur personnelle n’a rien à voir avec le fait de faire plaisir… ou pas à Maman, Papa, votre conjoint, votre patron, votre collègue ou notre chère tata Fifine. En d’autres termes,
votre valeur ne dépend pas de ce que vous acceptez de faire ou ne pas faire pour les autres, mais de ce que vous acceptez d’être ou ne pas être pour vous-même.
J’irais même encore plus loin : vous serez perçu par vos interlocuteurs comme quelqu’un qui a une bonne estime de soi en fonction de votre capacité à vous positionner face à leur demande.
Voilà pour le driver “Fais plaisir”. Encore une fois, je m’emballe, je m’emballe et la longueur de cet article va dépasser le confort de lecture sur vos écrans. Du coup, je vous donne rendez-vous dans le prochain billet pour explorer l’autre driver impliqué dans ce dossier sur “trop tirer sur la corde”.
J’appelle à la barre le driver “Sois Parfait”…
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Bonjour et Merci !
Je vous lis toujours avec un grand intérêt, vous nous aidez à COMPRENDRE…
Donc encore une fois un grand MERCI!
Takini
Bonjour Takini
C’est un plaisir d’avoir des retours comme les vôtres. Ce que vous dites répond parfaitement à l’un des objectifs de ce blog.
Merci à vous.
Merci pour ce début d’article déjà très complet !
Je me retrouve beaucoup dans certains « drivers » comme vous les appelez.
j’ai pris conscience que le plus important consistait à les identifier afin de mieux s’en détacher.
J’attends la partie 2 maintenant.
Au plaisir.
Morgan.
Bonjour Morgan
Nous avons en effet 1 ou 2 drivers qui pilotent certaines de nos réactions automatiques. Petite confidence perso, les miens sont (étaient ?) ceux que j’évoque un peu plus longuement dans ce billet : Fais plaisir et Sois parfait.
En prendre conscience était en effet un premier pas mais les automatismes se sont estompés grâce à un sérieux travail de développement personnelet supervision.
Je n’en doute pas pour tes drivers perso 🙂
Je suis d’accord que le développement personnel reste indispensable pour vaincre ses vieux « démons » 🙂
Personnellement, je garde toujours en tête une citation célèbre de Sénèque :
“As long as you live, keep learning how to live. »
Elle résonne beaucoup en moi 🙂
Au plaisir d’échanger ensemble.
Morgan.
Bonjour Christophe,
Très intéressant ce billet. Nous ne nous rendons pas compte de tout ce que nous disons de manière implicite et des conséquences que cela peut avoir dans nos relations humaines. Nous sommes doublement concernés tantôt émetteur de messages implicites et tantôt victimes des ces drivers incrustés dans nos modes de fonctionnement. Merci pour les pistes de réflexion et je vote pour un article dédié aux drivers !!
Bonne journée,
Isabelle.
Bonjour Isabelle
Merci pour ton retour 🙂
Et oui, nous pouvons tout aussi bien être source que sujet des drivers. A nous de mettre de la conscience sur nos actions et agissements du quotidien avec nos proches.
Bonsoir,
Très intéressant ce billet, je vais lire la 2ème partie sans tarder mais avant cela, une question !
En lisant chaque driver, je me reconnais, mais à quel point (intensité) je n’en sais rien car je ne sais pas m’écouter, auriez-vous une piste, une méthode ?
Merci.
Laurent
Merci pour votre retour Laurent.
Les drivers sont une grille de lecture pour nous aider à identifier certains de nos schémas de fonctionnement limitants. S’il existe une intensité dans ces drivers, c’est peut-être dans l’ampleur des limites que nous ressentons dans les contextes les activant.