Partager la publication "[Article invité ] L’empathie cognitive peut-elle améliorer les rapports humains ?"
Je reçois aujourd’hui Virginie, responsable éditoriale chez Esprit Healthy, une plateforme indépendante sur la santé de l’esprit, le bien être mental et le développement personnel. Virginie nous propose un point de vue complémentaire à l’article sur l’empathie que j’avais eu le plaisir d’écrire il y a quelques années maintenant. Elle va notamment aborder un distingo que je n’avais pas fait à l’époque, à savoir la différence entre l’empathie cognitive et l’empathie émotionnelle. Je lui laisse le soin de vous expliquer tout ça.
Qu’appelle-t-on exactement l’empathie ? En psychologie et dans les sciences sociales, on désigne par là la capacité à reconnaître les motivations, les sentiments et les émotions d’autrui, un peu comme si on se mettait à sa place. Cette capacité permet de développer une véritable compréhension des mécanismes à l’œuvre chez la personne qui nous fait face.
Vous aimeriez en savoir plus sur l’empathie ? N’hésitez pas à consulter les pages du site Esprit Healthy.com. En particulier, vous pouvez explorer tout ce que l’empathie cognitive peut apporter en entreprise, comment elle peut améliorer les relations entre les collègues ou les relations hiérarchiques.
Qu’est-ce que l’empathie ?
En ce sens, l’empathie correspond bien à l’étymologie du mot : le préfixe grec ‘en/em’ signifie à l’intérieur, tandis que ‘pathos’, que l’on retrouve dans sympathie ou encore pathologie, évoque la souffrance ou la passion. L’empathie peut alors être comprise comme la capacité à entrer en résonance avec le ressenti d’un autre.
Deux approches en découlent : d’une part celle qui reste au niveau de la compréhension des motivations, d’autre part celle qui s’implique émotionnellement, jusqu’à ressentir ou partager la souffrance. En psychologie, on distingue ainsi l’empathie cognitive de l’empathie émotionnelle, la première étant plus détachée que la seconde. Mais comme nous le verrons, cette distinction est surtout formelle.
Comment développe-t-on l’empathie, qu’elle soit émotionnelle ou cognitive ? Et peut-on dire que ces formes d’empathie permettent d’améliorer les rapports humains ?
De quelle empathie parle-t-on ?
Le plus souvent, lorsqu’on parle d’empathie, c’est sa forme émotionnelle qu’on évoque. Dans la thérapie de couple, par exemple, on cherche à développer plus de compréhension, mais aussi la capacité à percevoir ce que ressent l’autre personne. Un comportement compatissant et empathique est censé conduire à une relation plus aimante, à renforcer les liens entre les partenaires, à les souder autour d’une source de joie partagée.
Mais ce type d’empathie émotionnelle peut avoir son revers. Ainsi, dans le cas d’un couple, si l’un des partenaires est en proie à une crise profonde, qu’elle soit physique ou émotionnelle, le poids des émotions et des souffrances partagées peut être trop lourd à porter pour le conjoint.
De plus, ce type d’empathie émotionnelle, où l’on accepte de ressentir de manière authentique la douleur d’autrui, suppose que l’on entre aussi en contact avec ses propres émotions. Cette expérience peut se révéler pénible, douloureuse, ou même parfois effrayante, dès lors qu’on n’est pas maître de ses propres émotions.
L’empathie cognitive et l’empathie émotionnelle ne peuvent réellement développer leur plein potentiel que chez une personne qui a atteint une réelle maturité intérieure.
On considère souvent l’empathie comme un modèle ou un idéal de conduite. Pourtant, les études en sciences sociales et en psychologie ont pu montrer que lorsque nous nous laissons submerger par la détresse des autres, nous avons tendance à absorber des sentiments négatifs ou stressants, comme le désespoir, la souffrance, la tristesse. Le flot des émotions bloque notre capacité à analyser et à agir, dès lors qu’il y a contagion émotionnelle.
C’est dans ce contexte que le second versant de l’empathie, à savoir l’empathie cognitive, se révèle précieux. Alors que les émotions se propagent entre les personnes affectivement proches de manière automatique et inconsciente, un peu comme se propagerait un virus, l’empathie cognitive développe une approche plus élaborée : on voit les faits par les yeux de l’autre, on est capable d’adopter son point de vue, mais sans être émotionnellement dépassé. Cette deuxième forme d’empathie suppose donc une capacité au recul réflexif.
Source : https://comarketing-news.fr/arretez-de-creer-du-contenu-et-generez-plutot-de-lempathie/
L’école de l’empathie
L’empathie n’est pas forcément une faculté innée. Mais elle se développe, sous les deux formes d’empathie cognitive et d’empathie émotionnelle.
Agir avec empathie ne signifie pas seulement comprendre ce que l’autre personne pense ou ressent. C’est aussi être capable d’éprouver de la compassion et si possible de soutenir la personne en difficulté. En ce sens, l’empathie cognitive est irremplaçable, puisqu’elle permet de se projeter dans l’intériorité de l’autre, mais tout en conservant sa capacité à l’action et à la réflexion personnelle.
L’empathie acquiert dans ce contexte une importance particulière, et cela dans de nombreux domaines de la vie quotidienne. Elle est indispensable dans les interactions sociales, mais aussi dans la construction de relations stables. L’empathie aide à la résolution des conflits et est facteur de réussite professionnelle. En d’autres termes, il s’agit d’une compétence essentielle, que les enfants se doivent d’acquérir.
La bonne nouvelle est que nous avons tous les capacités pour développer une empathie cognitive et émotionnelle. Les prédispositions sont naturellement présentes chez l’être humain, puisqu’il dispose de neurones miroirs qui se développent entre la troisième et la quatrième année de la vie. Ce sont ces neurones qui nous permettent de comprendre les actions et les sentiments des autres.
Pour développer ces connexions neuronales, l’exemple des parents est essentiel. L’enfant doit bénéficier de l’empathie de son père et de sa mère, mais le couple devrait lui aussi refléter la compréhension réciproque et la compréhension. C’est par l’exemple que l’on apprend le mieux et que l’on devient capable de reconnaître des émotions et des sentiments.
La capacité à l’empathie cognitive est plus difficile à acquérir à l’âge adulte, mais rien n’est perdu, et on peut encore la développer, grâce entre autres aux techniques du développement personnel. L’empathie, qu’elle soit cognitive ou émotionnelle, doit être mise en pratique régulièrement. En d’autres termes, c’est en faisant preuve de compréhension et de compassion à l’égard des autres, dans la vie privée et professionnelle, qu’on devient compétent.
Nous avons vu que l’empathie émotionnelle est plus difficile à maîtriser que l’empathie cognitive. Mais elle ouvre aussi sur des expériences plus riches. Faut-il les opposer, comme le font certains psychologues ? Sans doute pas, dans la mesure où toutes deux permettent d’améliorer les rapports humains.
Comme partout, tout est dans la mesure. Il vous faut un bon dosage. Les deux formes d’empathie sont importantes et se complètent. En fonction de la situation, l’une peut être plus appropriée.
Ainsi, les partenaires dans un couple peuvent apprendre à être plus empathiques, pour résonner à l’unisson, tandis que les personnes très sensibles, qui ont tendance à se laisser submerger par leurs émotions, peuvent s’entraîner à mieux doser leur empathie pour préserver leur capacité de réflexion et d’action.
PB :
« Pour développer ces connexions neuronales, l’exemple des parents est essentiel. L’enfant doit bénéficier de l’empathie de son père et de sa mère, mais le couple devrait lui aussi refléter la compréhension réciproque et la compréhension.
Le dernier mot de la phrase ne devrait-il pas être « compassion » ?