Le 20 Mars dernier était la journée dédiée au bonheur. L’occasion idéale pour commettre un billet sur le sujet. En même temps, le domaine est tellement vaste que prétendre le traiter en quelques centaines de mots serait un peu présomptueux. Aussi, j’aborderai ici une toute petite partie de cette vaste question du bonheur en me focalisant sur ses trois composantes essentielles et mises à jour grâce aux études menées par les chercheurs en psychologie positive, Martin Seligman en tête : le Plaisir, l’Engagement et le Sens.
Bonheur temps 1 : Une vie plaisante
La première des composantes du bonheur est le plaisir et l’expérience des émotions positives.
Mais qu’est-ce donc qu’une vie plaisante ?
Le plaisir fait partie de ces sentiments que nous éprouvons lorsque nous sommes en contact avec “quelque chose” qui nous procure des émotions positives. Il s’agit souvent de stimuli externes comme déguster un excellent repas, voir un film captivant au ciné, passer une bonne soirée avec ses amis, ou faire une belle promenade en forêt. Bref, tout ce qui peut nous faire plaisir.
Les émotions positives ressenties lors de ces activités nous conduisent naturellement à vouloir les renouveler régulièrement. Rien de plus évident que ça.
Pour autant, les études en psychologie positive ont montré que la quantité de plaisir (et donc d’émotions positives) ressentie au quotidien par les personnes était faiblement liée à la satisfaction globale de leur vie et donc contribuait peu à leur bonheur. En clair, ce n’est pas parce que certains font la fête tous les soirs qu’ils sont plus heureux que la moyenne.
Deux raisons à cela :
- Le phénomène d’adaptation hédonique
J’avais abordé ce point dans le billet “envisager un bonheur durable”. Pour mémo, l’adaptation hédonique est ce qui fait qu’un individu ayant connu un pic d’émotions positives à un instant t, reviendra, après un certain temps, à son niveau de ressenti de bien-être avant ce moment. L’étude la plus connue est celle réalisée avec des gagnants du Loto qui retrouvaient au bout de quelques mois un degré de bien-être identique à celui qu’ils éprouvaient avant d’avoir gagné (Brickman & coll., 1978).
- Le plaisir sans engagement ni sens, qui revient à courir après une illusion : celle d’un bonheur continu, perpétuel et dépourvu de son essence principale.
Ça tombe bien, l’engagement et le sens sont les deux prochains paragraphes 🙂
Bonheur temps 2 : Une vie engagée
La deuxième composante du bonheur est l’engagement.
Mais qu’est-ce donc qu’une vie engagée ?
* D’après les nombreux travaux réalisés notamment par le chercheur Mihály Csíkszentmihályi, toute action qui permet de s’améliorer augmente le niveau de bien-être. Plus un individu s’engage dans l’action, plus il pourra s’améliorer dans la réalisation de cette action, ce qui aura pour effet d’augmenter son plaisir et la satisfaction qu’il en retire. Comme tout renforcement positif, le plaisir éprouvé dans l’activité et la satisfaction tirée de cette expérience augmenteront l’engagement dans cette même activité, et dans d’autres de même type.
Ainsi, même des personnes atteintes d’une maladie grave peuvent être satisfaites de leur vie, car elles y trouvent un moyen de développer d’autres qualités et de redécouvrir leurs proches sous un autre jour. À l’inverse, l’inertie et les activités passives, telles que regarder la télévision, les vitrines ou jouer aux jeux vidéos peuvent apporter du plaisir à court terme et avoir un effet de détente, mais contribuent peu au bonheur durable si d’autres formes d’activités ne sont pas présentes.
Se sentir pleinement engagé dans une action nous permet de nous rapprocher d’un état décrit par Csíkszentmihályi comme étant le Flow ou autrement appelé, expérience optimale.
Lorsque nous sommes pleinement engagés dans une action, notre concentration est optimale; nous oublions le temps, l’espace et notre propre perception de soi. Rien ne peut nous distraire tant nous sommes complètement focalisé sur la tâche que nous accomplissons, jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle.
Une vie engagée est donc composée de toutes ces actions dans lesquelles nous sommes en pleine possession de nos compétences, et que nous utilisons à leur plein potentiel. L’état de flow est atteint justement quand la difficulté de l’action à réaliser est légèrement supérieure aux compétences dont nous disposons pour l’accomplir.
Quelques exemples d’actions favorisants une vie engagée :
- Dessiner, peindre, jouer de la musique, écrire;
- Pratiquer une activité sportive régulière;
- Contribuer à une action associative;
- Travailler sur un dossier passionnant;
- …
Bref, toutes sortes de situations où vous vous sentez fortement impliqués, en accord complet avec vos valeurs et dans lesquelles vous trouvez la troisième composante du bonheur que nous allons voir maintenant : le sens.
Bonheur temps 3 : Une vie pleine de sens
La troisième composante du bonheur est une vie pleine de sens.
Mais qu’est-ce donc qu’une vie pleine de sens ?
L’année dernière, j’avais commis un billet sur ce sujet : “trouver un sens à sa vie”. Je vais tenter de compléter ici ce sujet hyper vaste, à la limite de la philosophie, du spirituel et de la psychologie. D’ailleurs, l’une des figures de proue du coaching en France, François Délivré, a écrit un petit texte sur cette croisée des chemins concernant le sens. Cliquez ici pour lire l’article.
Le mot “sens” contient à lui seul de nombreuses définitions. Oserais-je dire que le mot “sens” possède de nombreux… sens ? 🙂 Parmi eux, il y a le sens en tant que but et le sens en tant que direction.
Concernant notre sujet sur le bonheur, je dirais que ce qui donne du sens à la vie tient dans les buts et objectifs que nous nous fixons à court, moyen et long terme et en même temps dans la direction, le cap, l’orientation que nous donnons à notre vie pour parvenir à ces buts.
Pour être un peu plus concret (car je commençais à partir en live avec mes élucubrations), la majorité des personnes trouvent du sens essentiellement au travers de 3 dimensions :
- la dimension affective et relationnelle, en particulier l’amour, l’amitié et la parentalité ;
- la dimension cognitive, qui comprend les croyances, la philosophie de vie, les valeurs ;
- la dimension comportementale, c’est-à-dire l’engagement dans une activité (professionnelle ou non) en lien avec ses valeurs. C’est cette dimension que nous avons vue précédemment, avec la vie engagée.
Si, pour des raisons diverses et variées, il nous est impossible de donner du (ou un) sens à notre vie, nous ne tarderons pas à voir apparaître des troubles anxieux, voire dépressifs, et une certaine irritabilité vis-à-vis des autres.
Ayant travaillé pendant quelques années en psychiatrie, j’ai pu en effet constater que l’un des points communs des patients hospitalisés dans mon service était la perte de sens dans leur vie.
Bien sûr, nous pouvons nous poser la question de « l’œuf ou la poule »; autrement dit, est-ce parce qu’ils étaient dépressifs qu’ils avaient perdu le sens de leur vie ou est-ce la perte de sens dans leur vie qui les a conduits à sombrer dans la dépression ?
Le débat est ouvert.
Pour finir
Je voudrais vous raconter une petite histoire vécue lors de mon expérience d’infirmier à domicile auprès des personnes âgées.
Un monsieur âgé de 96 ans me racontait que toute sa vie il privilégiait les moments de joie avec ses proches, les occasions de partage avec ses amis et d’épanouissement personnel quand il se promenait en montagne. De plus, lorsqu’il me parlait de son ancienne activité professionnelle (il était tailleur), ses yeux commençaient à briller et je pouvais déceler au ton de sa voix que la passion et l’engagement étaient encore là. Pour lui, tailler un costume n’était pas simplement une affaire de tissu, une question de couleur ou une histoire de machine à coudre; pour lui, tailler un costume avait un sens particulier : celui de « rendre beau l’homme qui le portait ».
Est-ce que ce vieil homme a connu le bonheur ? Je ne lui ai jamais demandé et malheureusement il me sera impossible de le faire désormais.
Toujours est-il que sa joie de vivre, son dynamisme, et plus généralement sa force de vie m’ont suffisamment marqué pour que je vous en parle aujourd’hui dans ce blog.
Si vous avez une hypothèse, je vous invite à la partager dans les commentaires.
À très bientôt.
* La psychologie positive. Rébecca Shankland. Éd. DUNOD
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