Un des processus humain dans la construction de notre vision du monde et dans son maintien dans une certaine forme de stabilité est la sélection. Ce processus comme deux autres que nous allons explorer , la distorsion et la généralisation, sont inconscients, universels et peuvent s’avérer être de formidables alliés… comme de sévères facteurs limitants dans la communication.
Sélection naturelle
Le premier de ces processus est la sélection. Le cerveau humain, malgré son formidable potentiel, ne peut stocker de façon consciente tous les stimuli auxquels il est soumis du matin dès que nous ouvrons les yeux, jusqu’au soir où nous les fermons.
Ces stimuli sont toutes les informations que nos sens perçoivent à longueur de temps. Informations visuelles, auditives, kinesthésiques, olfactives et gustatives. Pour éviter la surchauffe de notre disque dur, nous sélectionnons donc les infos qui sont utiles pour notre fonctionnement quotidien. Ce processus est inconscient, il n’y a donc aucun effort conscient pour réaliser cet exploit.
J’ai vu un film dont je ne me souviens plus du titre, où le personnage principal, suite à une injection d’un produit stimulant le cerveau, avait développé la capacité d’emmagasiner toutes les informations qu’il percevait. Si au début c’était grisant, il s’est vite rendu compte que ce flot d’informations continues allait lui griller le cerveau à court terme.
Je fais ici un petit parallèle avec le réseau twitter dont je suis fan depuis quelques mois. Avec le temps, le nombre de sources d’informations liées à mes centres d’intérêt grandit considérablement. Au bout d’un certain temps j’ai été amené à créer un système de listes qui me permet de sélectionner plus précisément les informations qui me sont utiles. Sans cela, je risquais de passer des heures à emmagasiner des infos et pour le coup de griller mes journées. Bonjour l’activité chronophage!! En quelques sortes j’ai reproduit ce que mon cerveau fait de manière inconsciente au quotidien.
Au niveau de la communication, la sélection peut être un facteur d’incompréhension majeur. Étant donné que l’objectif principal de ce processus est de “sélectionner” les informations, il arrive parfois que ces mêmes infos passées à la moulinette et mises au rebut de notre inconscient, soient manquantes pour une compréhension la plus objective possible du message qui nous est délivré.
En gros, c’est quand nous entendons “Mais noooon!! Tu n’as pas compris ce que j’ai voulu te dire...” Et bien ce n’est pas forcément que nous n’avons pas compris, c’est surtout qu’il nous a manqué des données utiles reflétant au plus près ce que notre interlocuteur a souhaité partager.
A la recherche de l’info perdue
Il existe heureusement un moyen pour diminuer au mieux la perte d’information ou plutôt devrais-je dire pour en retrouver certaines qui sont passées à la trappe. C’est un peu comme ces logiciels de récupérations de données qui sont bien utiles quand vous avez effacé par mégarde les superbes photos de vos vacances à Bora-Bora et que votre moitié vous sollicite pour les revoir pour la millième fois 🙂
Dans le champs de la PNL, ce processus s’appelle le questionnement du méta-modèle et comme son nom l’indique il s’agit de poser des questions spécifiques afin d’obtenir des informations manquantes ou de les faire préciser. Je vous propose quelques exemples, c’est encore ce qu’il y a de plus clair comme explication.
Quelqu’un vous dit: “Je suis en colère”. Bon, c’est bien, mais il manque un peu de biscuit là.
Vous demandez alors: “A propos de quoi? Après qui? Dans quelles circonstances?”
Vous obtenez ainsi plus d’informations sur les raisins de sa colère, pardon les raisons 🙂
Quelqu’un vous dit: ”De toutes façons, c’est mieux comme ça, point barre!!”. Oulà! Il semble bien catégorique le monsieur…
Vous demandez alors: “Et c’est mieux que quoi?” ou encore “Qu’est ce qui est mieux?”
Bon, vous risquez peut-être de voir votre vis-à-vis blêmir et passer par toutes les couleurs en partant du blanc jusqu’au vert et en passant par le rouge pivoine, mais il se peut que vous récoltiez des données plus solides sur le côté affirmatif de la décision.
Quelqu’un vous dit: “Ça ne m’intéresse pas du tout votre truc”. Ici, vous pourriez être tenter de capituler car à priori le truc en question ne convient pas. Pourtant vous pourriez récolter des informations pertinentes avec le questionnement.
Vous demandez alors: “Qu’est ce qui ne vous intéresse pas?”
Les informations recueillis pourront alors vous être utiles pour comprendre les réticences de votre interlocuteur. C’est un des grands classiques de la vente.
Quelqu’un vous dit: “Il faut faire des changements” C’est dans ce type de phrases que nos politiques excellent. C’est ce qui est communément appelé la langue de bois. Et c’est avec un questionnement bien ciblé que certains journalistes parviennent à contrer cette pratique.
Vous demandez alors: “Qui veut changer quoi et quand?”
Bon, si vous êtes face à un expert de la langue de bois, la partie n’est pas gagnée pour autant. En revanche, dans une conversation classique, c’est efficace.
Et là, vous me répondez: “C’est quoi classique?”… Bien!!! vous commencez à saisir 😉
Je reconnais que toutes ces questions semblent être « banales » et que ce type de réponse est presque naturel. Pourtant, il n’est pas rare de tomber dans le piège des sélections et d’entrer dans l’interprétation des propos de notre interlocuteur. Le meilleur moyen pour que la communication parte en cacahuètes.
Nous verrons la semaine prochaine un autre processus de construction de notre modèle du monde, la distorsion. D’ici là, prenez soin de vous.
A la semaine prochaine.
Rétroliens/Pings