“Coach, comment je sais quand c’est le bon moment?” En voila une question digne d’une riche séance en perspective! Connaître le signe annonciateur, l’élément déclencheur qui tombera à point nommé pour nous faire passer de l’état OFF à l’état ON (ou de l’état 0 à l’état 1 pour les binaires) est un peu le Graal de quiconque se trouve dans une démarche de changement et de développement de soi.
Agir au bon moment. Kung-Fu Fighting
Pas plus tard que Dimanche soir dernier, je suis tombé sur une rediffusion d’un évènement de sports de combat nommé Ultimate Fighting Championship (UFC, pour les aficionados). Lors de la période où je pratiquais le Kenpô, j’étais un fan de la première heure de ce type de compétition dans les règles du MMA (rien à voir avec une mutuelle 🙂 ). Le MMA (Mix Martial Arts) est une discipline combinant plusieurs domaines des arts martiaux et sports de combat à savoir les percussions (boxes de toutes sortes), les projections (toutes les formes de lutte) et la lutte au sol (jiu-jitsu brésilien , grappling, lutta livre)
Je ne vais pas rentrer ici dans la polémique du bien fondé ou pas de cette discipline, ce n’est pas l’objet de cet article, ni de mon blog d’ailleurs.
En revanche, le thème d’agir au bon moment se retrouve clairement dans les arts martiaux. C’est d’ailleurs, quelque part, la finalité d’un combat; agir au bon moment pour placer la projection, la technique ou la frappe qui sera décisive quant à l’issu du combat. Il existe une notion voisine en japonais qui s’intitule le Sen-No-Sen ou l’art d’anticiper et d’agir sur la perception de l’intention de l’adversaire. Le terme de perception est ici à souligner, nous verrons pourquoi plus bas.
Une autre métaphore pourrait être celle du surfeur qui guette la bonne vague et le bon moment pour commencer à la surfer et se mettre debout sur sa planche. S’il s’y prend trop tôt, il risque de prendre un bain et s’il s’y prend trop tard, la vague lui passe sous le nez… enfin sous la planche, mais vous m’aurez compris.
Si nous transposons ces éléments au sein de notre environnement quotidien, il y a quantité de situations où nous aimerions bien agir au bon moment (et agir “bien” par la même occasion…) ou, dit autrement, savoir quel est le moment le plus opportun pour réaliser une action, quelle qu’elle soit.
- Demander une augmentation à son patron
- Changer de job (au cas où la demande précédente n’est pas acceptée 🙂 )
- Monter, vendre, reprendre une société
- Se lancer à son compte
- Faire sa demande en mariage
- Demander à un ado de ranger sa chambre (ne sous estimons pas cette quête du Graal )
- Lancer un nouveau projet
- etc…
Qu’ils soient importants ou plus anodins, ces exemples vous rappellent peut-être des situations vécues où la question qui tournait en arrière plan était: “Comment vais-je savoir si le moment pour faire ceci ou réaliser cela sera le bon?”
Juste fais-le
Sans vouloir casser l’ambiance, il est raisonnable d’envisager qu’il n’y a pas vraiment de signe super évident qui vous dise comment agir au bon moment, un peu comme un feu tricolore qui passe soudainement au vert.
En revanche, il peut exister un ensemble de caractéristiques favorisant l’état de passage à l’acte. Cet état peut se rapprocher de ce que certains sportifs appellent “être dans la zone”. J’ai écrit il y a quelques mois un billet sur l’intérêt de se centrer pour exceller. Il y a des parallèles évidents avec le sujet d’aujourd’hui.
Voyons quelques-unes des composantes favorisant l’action d’agir au bon moment. Elles sont loin d’être exhaustives, mais elles sont une bonne base de réflexion.
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Être connecté pour agir au bon moment
Au web? En wifi? A Facebook? Non pas vraiment. Il s’agit ici d’être en lien avec notre environnement qu’il soit physique (lieux), relationnel (Soi, l’Autre), situationnel (le contexte) voire spirituel. Comment être en lien me direz-vous? Peut-être en commençant simplement par porter notre attention de façon homogène à tout ce qui nous entoure, aux personnes que nous côtoyons, à nos propres besoins et ressentis, aux différents contextes où nous évoluons au quotidien et souvent au sens que nous donnons à tout cela.
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Connaître ses émotions
Vous constaterez que je n’emploie pas les termes souvent utilisés comme “gérer”, “contrôler”, “maitriser” ou “vaincre”. Ces termes présentent une connotation de “combat” et sont susceptibles de pomper toute notre énergie à vouloir lutter contre quelque chose qui, finalement, fait partie de la vie et à fortiori de nous. De plus, comme dans tout combat il y a la possibilité de se faire botter le c… et là, ça peut piquer. Un autre risque étant de mobiliser toute notre attention sur nous-mêmes et ainsi rendre caduque le point précédent, “être connecté”.
Connaître ses émotions, c’est savoir comment éviter les excès de précipitations et favoriser la prise de recul. Utile quand on se demande si c’est le bon moment pour tout envoyer péter et partir vivre à Papouasie-Nouvelle-Guinée 🙂
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Évaluer chaque situation dans sa globalité
Nous vivons dans un monde systémique. C’est à dire que tout les éléments constituants notre environnement sont inter-reliés et forment une entité à part entière qui évolue, se renouvelle, se métamorphose en permanence bien au-delà de notre propre fonctionnement personnel.
Évaluer une situation dans sa globalité revient à la placer dans un ensemble plus grand de façon à avoir une vision plus large des caractéristiques et enjeux liés à cette même situation.
C’est un peu ce que l’on entend dans le domaine de la santé préventive.
Exemple: le surpoids. Fléau qui augmente considérablement le nombre de complications pour la santé humaine. Deux options sont envisageables.
- La personne en surpoids peut agir uniquement sur son apparence physique en dépensant des sommes astronomiques en chirurgie et médecine esthétique.
- Ou bien elle envisage sa situation dans sa globalité et se tourne vers tout ce qui peut être lié au surpoids (causes, conséquences, solutions, préventions): activité physique, équilibre nutritionnel, rapport à l’alimentation, estime de soi, facteurs génétiques, facteurs environnementaux, comportements alimentaires, etc.
Appréhender une situation dans sa globalité donne un vision panoramique de là où il est bon d’agir … et le fameux bon moment pour agir se déterminera de lui-même.
Philosophia
Pour conclure et rendre à César ce qui lui appartient (enfin plutôt à Aristote dans le cas présent), il est à noter que cette notion d’agir au bon moment a été initiée par les Grecs des temps Antiques. Elle avait pour nom le Kairos (temps opportun, moment propice, occasion favorable).
Étant donné que nous approchons là de la philosophie, je ne m’engagerai pas sur ce terrain certes passionnant, mais dont je suis loin d’être expert. Aussi, pour les curieux (et courageux 😉 ) je vous invite à visionner cette vidéo toujours sur le même thème (à éviter cependant le soir après une grosse journée ou après un copieux repas à midi 🙂 )
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Bonjour,Christophe,
En vérité,tu ne nous as pas laissé de quoi faire un commentaire tellement tu as tout expliqué.
Agir au bon moment-lequel?-demande beaucoup d’attention et de préparation-ici,tout dépend des cas-Si je prends l’exemple de la course automobile,les pilotes,avant de s’engager dans la compétition,inspectent les lieux,font des essais pour « palper le terrain »…Imaginez quelqu’un qui viendrait de façon inopinée,-à la dernière minute-et qui s’engage sur la piste qui contient beaucoup de pièges.Quel sera son sort et celui de sa voiture?…Dans un autre contexte,il s’agit de ne pas agir trop tôt ou trop tard.C’est-à-dire viser le moment propice.Dans ce cas,la personne doit réfléchir mûrement…
Je crois,Christophe,que je dois arrêter maintenant au risque de parler de la poule et de l’oeuf (rire)
A bientôt!
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P.S
Je n’ai pas encore visionné la vidéo ni lu le document,par manque de temps.
Bonsoir Tahar,
Oui, la préparation est une composante essentielle pour qui souhaite agir au bon moment. Pour reprendre l’exemple des combattants de l’UFC, ils sont soumis à une préparation physique hors norme afin d’être au top le jour de leur combat. Et il en demeure de même pour tous les sports de haut niveau.
Merci de ton commentaire
bonsoir
merci pour vos textes non seulement intéressants mais souvent pleins d’humour et pas moralisateurs
quel est l’auteur de ce texte sur le kairos ?
cordialement
Bonsoir Anik,
Merci pour vos encouragements.
Vous avez bien fait de me demander la source du texte que j’ai proposé en lien. C’est un oubli malheureux de ma part.
Il s’agit de Florence Grumillier qui est agrégée de philosophie, dont voici le site que je vous recommande chaudement: http://www.philoflo.fr/index.html
A bientôt.
Bonjour Christophe !
Ah… Trouver… Sentir le bon moment… Pas simple. Ce que je trouve important également dans ce OFF / ON, c’est qu’il doit intégrer notre façon unique et notre temps unique pour le mettre en oeuvre. Petit détour par mon expérience personnelle : j’ai longtemps (pendant les 30 premières années de ma vie !) pensé que toute décision devait être prise vite, et radicalement… Je vous laisse imaginer les dégâts. Parfois, cependant, la décision rapide et radicale est nécessaire (éteindre un début d’incendie de cuisine, conduire ma fille au urgence car sa cheville enfle à vue d’oeil, j’en passe…). Pour un tas d’autres situation, respecter SON temps, SON processus décisionnel est une manière de se « centrer », « être connecté », comme tu le dis dans ton article, Christophe. D’où l’importance d’une certaine introspection, et d’une connaissance toujours plus fine de nos états intérieurs.
Quel boulot d’être humain… Mais quelle merveilleuse aventure !
Sandrine,
Merci d’apporter cet enrichissement par l’expérience sur cet article. J’aime ta façon de voir l’aventure intérieur qui nous amène à être les mêmes… mais différents.
Bonjour,Christophe,
Je reviens juste pour dire cette citation: »Il faut battre le fer quand il est chaud. »
Bonne journée!